-
Naruto - Two-Shot - La Malédiction de la Mort Partie 2/2
Disclaimer : Masashi Kishimoto possède Naruto et ses personnages
Rating : T
Genre : Romance, Hurt/Comfort
Univers : Semi-UA
Pairing : Shikamaru x Naruto
IMPORTANT : il ne s'agit pas d'une Deathfic malgré le titre ! Donc ne partez pas sans avoir lu, sous prétexte que les personnages meurent, car ce n'est pas le cas ! )
Bon… Comment vous l'avouer ? Vous avez la première partie longue ? Et bien la deuxième l'est encore plus ! Oui j'étais à fond dedans une fois de plus XD J'ai mis un peu de temps à écrire et il faut dire que cette partie est beaucoup moins cool et joyeuse que la première. Mais tout se finira bien, ne vous en faites pas ! x) Sinon que dire de plus ? J'y ai passé du temps donc évidemment j'espère que ce sera à votre goût, mais sinon dans un tout autre registre, on plusieurs ellipses et l'histoire se déroule également dans le temps sur plusieurs mois, mais pas de flashbacks, sinon je sais que je vous perds lol
Il faut aussi que vous soyez prévenu de quelques mises aux points :
1°) Déjà les rappels pour ceux qui ont des mémoires de poissons rouges, Naruto a 18 ans, Shikamaru 15 ans et pour le reste, les âges ne changent pas. Sai n'est pas un espion de la racine et il a juste du mal à exprimer ses émotions et l'ancienne équipe de Genin de Naruto se composait d'Hana, Shisui et lui-même.
2°) Le Mode Kyuubi de Naruto sera différent car il a appris seul avec Asuma, Shisui et Itachi et ce n'est pas Kurama qui prend possession de lui. Donc j'ai changé, vous me direz si ça vous plait x)
3°) Le Kazekage et père de Gaara n'a pas été remplacé par Orochimaru avant l'Examen Chunin et Suna n'est pas allié à Oto. Cependant Orochimaru a bien tenté de tuer Rasa. Toujours pour parler de l'Examen Chunin, Hiruzen ne mourra pas à cause d'une embuscade d'Orochimaru )
Voilà c'est tout ! Le reste vous allez devoir le découvrir tout seul…
Bonne lecture !
Dédicace spécial à Alecta car elle a lu tout le long et parce qu'elle voulait ce couple en particulier xD
°0o0°
La Malédiction de la Mort – Partie 2
Naruto soupira une nouvelle fois en voyant Ino et Sakura se disputer de plus en plus violement. Cela faisait maintenant deux heures qu'il était là, à essayer de les calmer et de les faire travailler ensemble. Enfin… Si elles n'étaient que les deux seules à se chamailler et à ne pas écouter, tout irait bien. Mais ce n'était pas le cas, loin de là : Sasuke n'écoutait rien de ce qu'il disait et il n'en faisait qu'à sa tête, Shikamaru râlait et ne mettait aucun entrain, et Choji imitait son camarade en grignotant dans son coin. Au final, seul Sai l'écoutait attentivement, comme d'habitude, mais tout seul l'exercice était inutile.
L'idée de départ était de former aléatoirement des groupes de deux pour combattre ou pour réaliser des exercices où la coopération était nécessaire. Cela avait pour but de s'entrainer à s'adapter à son partenaire : il était en effet important de maîtriser cette aptitude car il n'était pas rare que les coéquipiers de missions soient des inconnus. Cependant Sasuke avait joué la carte du ninja solo et il lui avait remonté les bretelles pour qu'il s'en tienne aux instructions, mais Sakura s'était interposée pour qu'il « arrête d'embêter Sasuke-kun qui est meilleur que toi de toute façon ». L'équipe d'Asuma avait semblée surprise de la prise de parole du bonbon rose et les mots dégradants qu'elle avait utilisé en parlant à un aîné. Ino s'en était alors mêlée en la traitant de « stupide grand front » et cela avait dérivé, il ne savait pas trop comment, en dispute pour savoir qui deviendrait « Madame Uchiwa ».
Voyant que les trois Genins ne semblaient pas prêts à reprendre l'exercice, il s'était tourné vers Sai, Shikamaru et Choji pour leur proposer de continuer ce qu'ils avaient commencé, et il se mettrait avec l'un d'entre eux. C'est ce qu'ils avaient fait et Naruto c'était essayé à un entrainement avec chacun des trois garçons, qui s'étonnèrent tous de la facilité du travail d'équipe avec le blond puis de la difficulté à faire la même chose avec quelqu'un d'autre… Mais au bout d'une petite demi-heure, Shikamaru commença à considérablement perdre son entrain et l'activité perdit tout son intérêt.
Naruto était maintenant dépassé… Il n'aurait jamais dû accepter de s'occuper de l'équipe 10 quand Asuma était venu le voir en prétextant une urgence, qui portait d'ailleurs le doux nom de Kurenai. Il s'était rendu sur le terrain numéro sept où l'attendait l'équipe de Kakashi, pour prévenir ce dernier qu'il serait occupé pour la journée. Mais quand le ninja copieur était en retard, il ne le faisait pas à moitié… Il s'était alors retrouvé avec les deux équipes sur les bras, soit cinq adolescents rebelles chacun à leur manière. Tout ça parce qu'il avait dit à Asuma hier, lors du déjeuner avec l'équipe 10, qu'il pourrait compter sur lui s'il avait besoin d'aide. Et son ancien professeur l'avait interprété pour qu'il le dépanne lorsqu'il voulait aller voir sa dulcinée, le salaud !
De toute façon, il n'était vraiment pas d'humeur à se battre avec ses adolescents contrariants et contrariés : il avait été mandaté à la tour Hokage hier soir très tard, pour une mission de renfort comme ANBU. Des ninjas étaient poursuivis, leurs vies étaient en danger et ils avaient avec eux des informations primordiales. Or il était le seul à être assez rapide pour leur porter secours au plus vite. Cette mission lui avait pris toute la nuit et une grande majorité de son chakra. Quand Asuma l'avait interpelé ce matin, il venait tout juste de prendre une douche et il se rendait chez Kakashi pour lui signaler son absence. Il n'avait pas eu le temps de dire non à son ancien professeur, pourtant il s'était dit que les trois Genins ne seraient pas trop difficile à gérer, mais finalement il se retrouvait à s'occuper des deux équipes. Et puisque personne ne l'écoutait et travaillait vraiment, à l'exception de Sai qui était toujours motivé, il baissa les bras pour aujourd'hui.
« J'en peux plus. » Déclara-t-il dans un souffle.
Sai, Shikamaru et Choji le regardèrent curieusement, ils s'attendaient à voir le blond péter une durite, faire taire les deux filles et faire travailler Sasuke. Mais contre toute attente, le blond alla s'installer contre un arbre pour immédiatement sombrer dans les rêves. Particulièrement surpris, Sai s'approcha et remarqua les cernes sous les yeux de son professeur préféré. Il souhaitait à ce moment-là être plus fort afin de faire plier le porteur du Sharingan et pour faire cesser les chamailleries des deux kunoichis. Mais on ne devenait pas plus fort en un clin d'œil, alors il se contenta de s'installer sur les jambes étendues de l'ancien ANBU pour l'accompagner dans sa sieste. Il sourit et s'installa plus confortablement contre son professeur préféré quand il sentit une main caresser doucement sa tête. Il avait l'impression d'avoir un grand frère et cela lui plaisait plutôt bien.
Shikamaru les regarda avec envie puis haussa les épaules et alla s'installer aux côtés de leur professeur du jour pour dormir quelques heures : personne ne lui en voudrait puisque même Naruto s'était assoupis pour un autre monde plus calme et reposant. Inconsciemment, il se rapprocha du Jonin jusqu'à ce que leurs épaules se touchent et sa tête chuta contre le blond, dans son sommeil bienfaiteur.
Quand Kakashi arriva enfin trois heures plus tard, Sasuke s'ennuyait dans son coin en lançant des shurikens sur un arbre avec lassitude. Sakura et Ino avait fini de hurler, mais elles se boudaient mutuellement telles des enfants de cinq ans. Choji mangeait tranquillement dans un coin. Et Naruto somnolait allègrement accompagné de Sai et Shikamaru. Le premier réflexe du ninja copieur fut de prendre les trois endormis en photo, avant de demander à Choji – il valait mieux qu'il ne pose pas la question à Ino ou Sakura – ce qu'ils faisaient ici :
« Asuma-sensei avait une obligation et il a demandé à Naruto de s'occuper de nous. On avait commencé un exercice de travail d'équipe mais il y a eu des problèmes de cohésion. »
« Alors il est allé dormir ? » Répliqua le Jonin en haussant un sourcil : il connaissait Naruto plus combatif et endurant que ça.
« Il semblait très fatigué. » Récita sagement l'Akimichi en se rappelant des paroles du manipulateur d'ombres.
« … Ce n'est pas étonnant. » Marmonna Kakashi : il se souvenait qu'Izumo lui avait dit tout à l'heure que Naruto était bien revenu, ce qui sous-entendait qu'il était parti dans la nuit, sûrement pour une mission, et les deux demoiselles avaient tout simplement dû l'achever. « Bon, on va le laisser faire sa nuit. Mais réveille Sai et Shikamaru, la journée n'est pas finie pour vous. »
Choji alla secouer le Nara – autant commencer par le plus dur – et celui-ci râla, pour changer, du traitement qu'il subissait. Cependant au lieu d'ouvrir les yeux, il cacha son visage dans le cou hâlé à côté de lui, pour signifier son refus de coopérer. Un peu plus loin, Kakashi venait de terminer les explications sur l'exercice qu'ils allaient faire tous ensemble, il s'était inspiré de l'idée de Naruto en y ajoutant une difficulté supplémentaire : les deux coéquipiers seraient reliés par une corde et ils n'avaient pas le droit de s'en défaire. Ils attendaient maintenant l'arrivée des deux retardataires et la patience de Sasuke menaçait de se briser « alors qu'ils avaient enfin un vrai exercice » selon ses propres pensées. L'Uchiwa sortit discrètement un kunai et il laissa de telle sorte à ce qu'il effleure la joue de Sai pour le faire réagir. Il eut un sourire en coin en voyant la trajectoire parfaite de son projectile, mais il disparut rapidement quand une main attrapa l'arme avant qu'elle n'atteigne sa cible et qu'elle soit même retournée à l'envoyeur : tout se passa si vite qu'il se retrouva cloué à l'un des poteaux du terrain, le kunai fiché dans son t-shirt au niveau de l'épaule, sans avoir pu esquisser le moindre geste.
Il fixait avec ahurissement la main de Naruto qui retomba mollement par terre, le ninja toujours profondément endormi. Pendant un instant, le Genin au Sharingan se demanda si son épaule intacte était un simple coup de chance… Mais le sourire amusé de Kakashi qu'il percevait sous le masque de celui-ci, le convainquit que tout avait été parfaitement calculé. Et pourtant le blond n'était pas conscient ou en alerte… Pour la première fois depuis qu'il le connaissait, Sasuke ressentit une sorte d'admiration pour celui qui avait été l'ami de son frère et de son cousin : il l'avait toujours pris pour un crétin quand il était enfant et pour un inapte depuis qu'il était devenu l'assistant de Kakashi – il ne leur avait jamais montré une seule véritable technique ninja après tout – mais peut-être devrait-il mettre de côté sa jalousie et revoir son jugement… ?
oOo
Shikamaru avait les yeux rivés sur le plateau de shogi. Il avait commencé à pratiquer ce sport cérébral depuis moins de deux ans, mais son adversaire avait nettement plus d'expérience que lui. Il avait un mal fou à trouver une faille dans la stratégie de l'autre, et cela l'énervait d'autant plus que son opposant était à peine concentré sur la partie ! En effet, Naruto, l'opposant en question, travaillait en même temps sur un programme d'entrainement pour Sakura, Sasuke et Sai. Pourtant il dominait le jeu depuis une petite centaine de coups et Shikamaru en était très agacé, redoublant d'efforts pour le défaire. Mais d'un coup, sans prévenir, son Roi fut pris et ce fut terminé. Il s'était emporté et il perdu sa concentration, Naruto avait pu alors se faufiler à travers sa négligence…
« Encore une victoire pour moi. Tu veux arrêter de perdre pour ce soir ? » Demanda moqueusement le blond.
« Galère… Seule l'expérience compte en fait. »
« Bien sûr que non. » Rigola Naruto. « Sinon nous n'arriverions pas à battre Asuma-sensei. Bientôt ce sera moi à ta place : tu es plus intelligent que je ne le suis, alors tu finiras par m'écraser à tous les coups. Mais pour cela il faut que tu apprennes les différentes stratégies, les bons comportements, les astuces, que tu saches te contrôler et regarder le jeu dans un ensemble encore plus global et surtout que tu arrives à anticiper les mouvements de ton adversaire. Pour cette partie-là par contre, il faut de l'expérience… Et quelque chose dans le crâne ! Cela aide bien à tout retenir. »
Le Nara soupira et se laissa tomber en arrière contre le canapé tout neuf – Naruto l'avait acheté il y a quelques jours et il l'avait mis entre le bureau et la table pour ses repas – installé derrière lui. Son regard se mit à courir sur l'appartement du pseudo-professeur, il était simple, petit et optimisé au maximum. La première fois qu'il était venu ici, il avait cru à une blague : un Jonin gagnait assez pour vivre dans quelque chose de plus grand et de mieux entretenu… L'état de délabrement de l'immeuble l'avait indubitablement marqué et sans surprise les parties communes étaient dans une condition similaire. Néanmoins Naruto prenait soin de son petit appartement car les murs ne portaient aucune trace de moisissures. Un exploit au vu du reste du bâtiment.
Comment en était-il arrivé à venir jouer au shogi chez l'ancien élève de son professeur déjà ? Ah oui… Asuma perdait de plus en plus régulièrement, malgré une mince avance sur le carnet des scores. Toutefois Shikamaru en avait assez de jouer toujours contre le même adversaire : les coups de son professeur devenaient de plus en plus évidents pour lui et il pouvait presque visualiser la place des pièces après une dizaine de coups. Il aurait bien voulu affronter son père, mais celui-ci rentrait tard ces temps-ci et ils n'avaient pas de journées de repos en communs. Il était donc difficile de jouer juste une partie avec lui. Il avait parlé à Asuma de son ennui à toujours le battre et ce dernier lui avait conseillé d'aller demander à Naruto. Effectivement, le Jonin avait appris l'art du shogi au blond, lorsque ce dernier était encore à l'Académie ninja. Et s'il ne s'était pas montré très brillant la première année, un petit défi après et il avait considérablement augmenté ses capacités pour ce jeu de plateau stratégique. Il continuait même de progresser encore alors qu'il devenait de plus en plus réfléchi, tant et si bien qu'il ne gagnait plus que très rarement contre lui.
L'ainé du trio InoShikaCho avait hésité un moment : il ne pensait pas connaitre Naruto assez bien pour lui demander de jouer avec lui au shogi. Pour lui, ce jeu c'était comme se révéler à son adversaire quelque part, les pions et les mouvements reflétaient ce qu'il était au fond de lui. Bien sûr, l'assistant de Kakashi mangeait régulièrement avec leur équipe, mais il avait plus tendance à parler avec Asuma, même s'il répondait toujours aux questions que les trois Genins pouvaient poser. Et puis il y avait cette fois, à leur première rencontre, où il lui avait proposé de l'entrainer pour qu'il ne s'ennuie pas trop à force de refaire les mêmes exercices. Mais… Naruto était comme une sorte de mystère pour lui. Et si l'envie de résoudre cette énigme le tiraillait, il avait l'impression que ce qu'il verrait ne lui plairait pas forcément, que cela le détournerait de sa propre route… Hors à ses yeux, ce rapprochement à travers le shogi risquait de lui dévoiler les prémices du puzzle et il ne saura pas s'arrêter. Voilà pourquoi il avait hésité.
Finalement ce fut Naruto lui-même, poussé par Asuma, qui était venu le trouver pour jouer. Il n'avait pas eu l'envie de lui dire non, ni la force à vrai dire. Alors il avait soupiré et l'avait suivi. Lors de leur première partie, il s'était plaint de nombreuses choses, sans vraiment les penser, comme l'absence de canapé pour s'installer ou de coussins au sol pour les parties, de la nourriture qui n'était pas très équilibré aussi et de l'impossibilité d'ouvrir la fenêtre du salon qui était coincé. Lors de sa deuxième visite à l'appartement du ninja, il avait trouvé un canapé dans le salon, des coussins dans le placard à côté du plateau de jeu, une salade dans le réfrigérateur et la fenêtre avait coulissée en silence et sans forcer. Il s'était alors sentit idiot d'avoir fait toutes ses remarques et il s'était dit qu'il aurait mieux fait de se taire : Naruto ne vivait pas dans le grand luxe et cela devait sûrement être pour une raison, mais il avait quand même pris le temps de réparer la lucarne, de préparer le repas et d'acheter de nouveaux meubles. Il ne s'était jamais sentit aussi puéril de toute sa vie.
Il n'avait plus dit grand-chose après ça sur l'appartement de son hôte et au fil des visites et des parties de shogi, il s'y était même sentit peu à peu chez lui, prenant ses marques et ses habitudes dans ces quelques mètres carrés. La plupart du temps, avant d'aller chez Naruto, ils faisaient les courses ensemble et Shikamaru préparait un rapide repas facile à manger entre deux coups. Puis Naruto raccompagnait son cadet jusqu'à chez lui, insistant toujours même si le chemin n'était ni long ni dangereux. Enfin depuis quelques temps il n'était plus vraiment sûr que ce soit sans danger : il avait senti plusieurs personnes les suivre après une autre soirée de shogi. Il avait voulu se retourner pour voir au moins de qui il s'agissait, mais le blond l'en avait empêché et poussé vers l'avant pour qu'il ne s'arrête pas. Depuis, il ressentait constamment leur présence lorsqu'il rentrait chez lui après être passé chez Naruto. Cela l'effrayait un peu, il devait l'avouer, car il ne savait pas du tout ce qu'ils voulaient… Mais jusqu'à maintenant ils n'avaient fait que le filer et ils ne l'avaient jamais abordé.
D'ailleurs Naruto lui proposa de prendre une douche avant qu'il ne le raccompagne. Le Nara hocha juste de la tête et se dirigea vers la salle de bain très fonctionnelle – pour ne pas dire étriquée – d'un pas automatique. En attendant, l'ancien ANBU rangea le plateau de shogi, il n'allait sûrement pas le dire à Shikamaru, mais il avait bien cru que ce serait une défaite pour lui ce soir. Heureusement il avait su se ressaisir et dresser une muraille de fer pour le faire flancher. Son jeune opposant devenait meilleur à chaque nouvelle partie, son potentiel ne semblait pas avoir de limites et en ce moment ils multipliaient les soirées autour du plateau de jeu. En même temps, Naruto n'arrivait jamais à les lui refuser : il acceptait toujours même s'il avait un boulot monstre ou des rapports à rédiger ou vérifier. Il n'y avait pas que pour le shogi qu'il ne pouvait pas lui dire non… En effet, si Shikamaru lui demandait la lune, il irait sans doute la lui décrocher. C'était stupide et horriblement niais mais c'était comme ça, et pour une fois ce n'était pas à cause de sa trop grande gentillesse – celle-ci ne lui permettait que très rarement de ne pas accéder à une demande. Il avait honte de l'avouer, d'ailleurs personne n'était au courant de ce qu'il se tramait dans son petit cœur, mais il avait des sentiments déplacés pour Shikamaru : il l'aimait.
Lors de leur première rencontre, il l'a tout de suite trouvé beau et amusant, deux qualités qui ne le laissait pas indifférent. Puis ils avaient discuté un peu autour des repas et il avait compris qu'il cachait une grande détermination derrière sa nonchalance, une intelligence hors norme et un impitoyable esprit de déduction. Le dernier point l'avait cependant poussé à se renfermer un peu par peur de se faire analyser et d'être mis à découvert, lui, sa malédiction et ses sentiments. Arrivé à ce point-là, il était encore capable de faire primer sa raison sur son cœur, mais il y eut un incident qui avait envoyé sa conscience très loin de lui… Shikamaru sortit justement de la salle de bain, toujours avec les mêmes vêtements, mais une serviette sur les épaules et ses cheveux attachés en demi-queue de cheval par un élastique. Les mèches qui n'étaient pas retenues tombaient dans son dos et d'autres rebelles sur son visage, lui donnant un air mauvais garçon et sexy à souhait. C'était justement à cause de ça, de cette image trop désirable, que son cœur dictait tous ses gestes et qu'il ne pouvait lui dire non pour quoi que ce soit.
Cependant il s'agissait de sentiments qui n'avaient pas lieu d'être ! Shikamaru était son cadet et en tant que Jonin Professeur il était responsable de lui, même s'il n'était pas de son équipe. Venait en plus s'ajouter à cela, Kurama qui veillait sur lui et sur qui il veillait, le transformant en démon par association, et sa noire réputation de monstre n'apportant qu'avec lui le malheur. Il ne souhaitait à personne une vie à ses côtés car cela reviendrait à attirer quelqu'un d'autre avec lui en enfer. Ses émotions ne dépassaient donc jamais la barrière de ses pensées, qu'elles soient pour Shikamaru ou pour un ami. Il faisait cela pour les protéger. C'était d'ailleurs également pour les mêmes raisons qu'il ramenait chaque soir le Nara devant la porte de sa maison : il n'avait pas loupé les villageois qui les suivaient à chaque fois, attendant sans doute un moment d'inattention de sa part, pour faire du mal au Genin ou pour l'éloigner de lui. Et égoïstement, la deuxième solution ne lui plaisait pas plus que la première. Alors il se postait à ses côtés, dissuadant de s'approcher car ils préféraient s'en prendre à lui sans témoins autour. En règle générale, sur le chemin du retour, c'était lui qui se faisait alpaguer finalement pour ressortir de la ruelle quelques minutes plus tard, couverts de bleus que Kyubi ne tardait pas à soigner. Mais cela ne lui faisait plus rien, aussi physiquement que mentalement : il ne ressentait plus la douleur des coups à force et il ne ressentait plus aucune aversion ou colère contre ses agresseurs. C'était devenu quelque chose de normal pour lui…
« C'est bon, on peut y aller. » L'informa Shikamaru qui l'attendait près de la porte.
Ce soir allait être comme les autres : Naruto allait raccompagner le Genin, ils se souhaiteraient une bonne nuit, le blond repartirait en direction de son appartement, mais en chemin il se ferait attraper et battre par les types qui l'auraient suivi. Puis il rentrerait enfin chez lui et se coucherait jusqu'au matin suivant. Rien n'allait changer et c'était très bien comme ça.
oOo
Le soleil n'avait pas encore laissé sa place à la lune, mais ils avaient décidé de s'arrêter là pour aujourd'hui. S'ils poursuivaient jusqu'à la tombée de la nuit, ils seraient alors à découvert et ce n'était pas le meilleur choix lors d'une mission : n'importe qui pouvait vous tomber dessus. Alors il valait mieux mettre un peu plus de temps à arriver jusqu'au lieu de la mission, que de ne pas arriver du tout. Pour une fois, l'équipe 7 et 10 réalisaient cette mission ensemble : il s'agissait de rejoindre la capitale du pays pour escorter la petite-nièce du Daimyo jusqu'au domaine où elle passerait ses vacances. Normalement une seule équipe aurait largement suffit, mais de récentes menaces avaient poussé l'Hokage à doubler l'escorte pour plus de sécurité.
En ce moment, ils étaient sur le chemin du domaine secondaire de la demoiselle et une partie de l'équipe aidait à monter le camp. Ino et Sakura discutaient tranquillement avec la jeune fille qu'ils escortaient, tandis que Kakashi et Asuma aidaient les gardes du corps à ériger la grande tente où dormirait celle dont ils devaient garantir la sécurité. Sasuke et Sai étaient partis chassés avec Choji. Naruto avait demandé à s'absenter pour aller se laver : il avait été en éclaireur toute la journée et il avait justement défait une embuscade, ne laissant que des cadavres derrière lui comme seul preuve, ainsi que sa peau couverte du sang de ses victimes. Leur cliente n'était au courant de rien, tout comme ses gardes car Naruto, en tant qu'ancien ANBU, était un spécialiste en assassinat silencieux et discret. Quant à Shikamaru il avait disparu dans la forêt peu après leur arrêt pour aller chercher du bois pour le feu de camp.
Il déambulait paresseusement entre les arbres, se penchant de temps à autre pour ramasser une branche ou quelques brindilles, les rangeant dans un sac qu'il avait fait apparaitre d'un parchemin. Les bruits de la forêt l'apaisaient et si cela n'avait tenu qu'à lui, il se serait posé quelque part, contre une pierre recouverte de mousse, une souche niche de champignons ou un arbre mort en train de tombé un morceau, pour une petite sieste ou un moment de calme complet. Mais bon, il devait retourner au camp et reprendre des forces pour le voyage de demain. Il allait justement faire demi-tour, ayant assez de bois pour toute la nuit, cependant le bruit d'un cours d'eau attira son attention. Il soupesa le pour et le contre et finalement il décida d'aller voir s'il ne pouvait pas attraper quelques poissons : ils n'avaient jamais assez de nourriture. L'eau limpide ne fut la seule à l'accueillir : baignant dedans, le liquide transparent cajolant le bas de ses hanches dépouillées de vêtements, il découvrit Naruto dans toute sa nudité…
Shikamaru resta figé face au tableau auquel il avait le droit. Ses yeux ne quittaient pas la silhouette musclée et fine qui lui tournait le dos. Il parcourait le dos offert à son regard affamé. La peau caramel, presque doré à cause du soleil qui déclinait petit à petit, le faisait saliver. La cambrure de ses reins provoqua un accroc dans sa respiration. Les fesses fermes et musclées, seulement à moitié par la rivière, poussa sa langue à venir humidifier ses lèvres sèches. Il ne voyait pas le meilleur en pourtant il sentait déjà une étincelle provoquer un feu dans son ventre. Toujours caché entre les buissons et derrières les arbres complices, il se gorgeait de la vision face à lui, notant avec précision tous les détails qu'il voyait depuis sa cachette. Mais son cœur ne fut au bout de ses peines quand Naruto se rapprocha du bord de la rivière pour aller chercher ses vêtements, dévoilant son profil au jeune épieur.
Son regard accrocha d'abord une lisière de poils blonds qui provoquèrent une grosse bouffée de chaleur qui se répercuta immédiatement dans son entrejambe. Ses genoux tremblaient tandis qu'il s'efforçait de remonter sur ses abdominaux parfaitement dessinés, s'arrêtant un instant sur un étrange tatouage noir en spiral, ses doigts le démangèrent un moment, avide d'en retracer les contours. Ses pensées dérivèrent sur une scène où il parcourait de ses propres mains le torse musclé et parfait du ninja Jonin, pour en savourer le goût et le grain de peau. Il s'imaginait être toutes ces perles d'eau qui coulaient librement sur ce corps désirable et caresser les lèvres pleines et rosées qui semblaient demander à ce qu'on les embrasse. Et quand il aperçut enfin deux billes aussi bleues que les profondeurs de la mer, assombries par ses mèches blondes collées à son front par l'eau, son cœur manqua un battement avant de partir pour une course folle.
Ses yeux… Ils étaient si beaux… Shikamaru avait tout de suite été intrigué par leur couleur et par ce qu'ils renfermaient, les yeux sont les fenêtres de l'âme après tout. Depuis, c'était toujours la première chose qu'il cherchait lorsque son regard se posait sur Naruto : apercevoir ces deux prunelles semblables à deux joyaux d'une valeur inestimable. C'était sûrement l'une des choses qu'il appréciait le plus chez son ainé blond. Mais apparemment ce n'était pas la seule, contrairement à ce qu'il pensait jusqu'à maintenant. Toutefois pouvait-il réellement dire qu'il était « amoureux » du ninja ? Certes, il le désirait, ses hormones d'adolescents et son entrejambe dur comme de la pierre, le lui prouvaient allègrement. Lorsqu'on est amoureux, on réclame toujours plus de moments avec la personne désirée – il avait toujours une excuse pour demander une partie de shogi – et on les apprécie tout particulièrement – il mettait toujours plus d'entrain quand Naruto remplaçait Asuma – on accepte même les défauts les plus exaspérants – il ne lassait jamais de ses repas à Ichiraku malgré les plats qui étaient loin d'être équilibrés – et on se sent heureux juste en voyant l'autre radieux – son visage se contractait toujours contre sa volonté, quand Naruto leur faisait un de ses sourires éclatants, pour lui aussi afficher une mine enchantée. Et son cœur qui n'arrêtait pas de battre la chamade depuis tout à l'heure… Etait-il réellement amoureux de Naruto… ? Selon ses propres codes, il n'y avait aucun doute, mais il n'arrivait pas à l'accepter pleinement. Ce n'était pas une question de sexe ou d'âge, mais Shikamaru n'avait jamais ressenti ce genre de chose pour quelqu'un d'autre alors il avait du mal à y croire. Il lui faudrait du temps, mais il finirait par ne plus douter de cette évidence : il était fou amoureux du jeune homme de trois ans son ainé.
oOo
Naruto avait beau avoir vécu les pires horreurs dans sa vie, il restait quelqu'un de naïf qui croyait à la rédemption, à la justice et à la paix. Bien sûr, il n'était pas tout de même stupide et ôter la vie faisait partie de son travail, alors il le faisait. Il hésitait encore moins quand la vie de ses amis était en jeu, mais il s'agissait là d'un autre trait de son caractère. En somme, sa naïveté ne l'empêchait pas de faire ce qui était nécessaire, mais cela le détruisait de l'intérieur quand son innocence enfantine se faisait briser par des évènements imprévus mais cruels…
Et justement, il avait été une fois de plus crédule, candide, ingénu, dupe, sot, peu importe le mot utilisé. Son âme s'en retrouvait une fois de plus brisée. Ça ne tenait qu'à lui, il sacrifierait le reste de sa vie sans hésiter pour remonter le temps et tuer le bébé maudit qu'il était devenu le soir où le Démon Renard avait été scellé en lui. Ainsi, de nombreux morts auraient pu échapper à la Grande Faucheuse, il en était convaincu. Il cherchait vainement l'absolution dans le sacrifice, mais peut-on vraiment être pardonné quand les malheurs pour lesquels on est prêt à donner sa vie, sont provoqués par nous-même ? En plus de cela, il avait beau ne pas hésiter à faire face de son corps, ses blessures guérissaient toujours trop vite pour qu'il s'en inquiète et son sacrifice n'avait alors plus lieu, se transformant seulement en bouclier. Naruto rêvait de la Mort, cet être spectral qui vous accueillait entre ses bras en vous soulageant de vos tourments. Cela signifierait qu'il aurait accompli son vœu le plus cher : protéger ses amis au péril de sa vie, et qu'il ne pourrait plus faire de mal à personne.
Oui car il était le fléau de Konoha. On le lui répétait assez pour qu'il ne l'oublie pas, mais surtout les preuves s'amoncelaient devant lui… Prostré sur une chaise de l'hôpital, il revivait ce moment où la paix, qu'il croyait retrouvée, s'était envolée une fois de plus loin de lui. Ils revenaient de la mission d'escorte de la petite-nièce de Daimyo. L'équipe d'Asuma avait reçu d'autres ordres sur une petite mission reçue dans un parchemin livré par un aigle, dans un petit village près de l'endroit où il se trouvait. Ils s'étaient séparés et l'équipe 7 avait continué jusqu'à Konoha. Ils avaient dû passer dans une zone assez dangereuse, près de la frontière avec le pays du Son, mais cela n'aurait dû durer quelques heures, le danger était donc mince. Et puis, ils restaient sur le sol du pays du Feu alors même Naruto n'avait rien eu à dire : un détour leur aurait fait perdre une journée de plus et le risque de tomber sur des ninjas ennemis et d'engager un combat en territoire allié, était trop inexistant pour jouer la sécurité.
Assis dans sa chaise en plastique, le blond le regrettait amèrement : être avec lui était une menace assez grande pour toujours être sur ses gardes. Alors qu'ils allaient quitter cette partie du territoire « dangereuse » sans avoir croisé un seul ninja ennemi, Naruto avait ressenti l'ombre de la mort imminente. Ses sens surdéveloppés par la présence de Kyuubi en lui, l'avait immédiatement prévenu. Cependant elle ne s'abattait pas sur lui, mais sur les trois Genins de son équipe… Son corps avait instantanément bougé et une épée effilée s'était fichée dans son bras et son épaule, là où elle aurait dû faire tomber des têtes. L'arme lui avait presque sectionné entièrement le bras, mais il n'y avait pas prêté attention, sentant déjà son Démon attitré refermer la blessure. Il avait prévenu Kakashi qui était un peu en avance sur eux pour sécuriser le chemin, en faisant exploser son chakra et il donna des directives aux trois jeunes ninjas : ne pas mourir et protéger les arrières de ses coéquipiers. Une dizaine de ninja d'Oto était alors apparu et le ninja surnommé Croc Blanc était arrivé au même moment. Voyant qu'ils n'avaient pas à faire à des novices en matière de meurtres et de sang, Naruto avait hurlé à Kakashi qu'il entrait en mode Démon. Le Jonin aurait bien voulu refuser, cela nécessitait bien trop de paperasse et cela pourrait être traumatisant pour les adolescents, mais ils n'étaient pas en position de dire non.
Le chakra autour de Naruto s'était mis à littéralement bouillir, effrayant quelques ninjas d'ennemis, avant qu'un épais manteau de chakra rouge sang ne le recouvre. Ses yeux perdirent leur douce couleur bleue ou prendre une froide teinte bordeaux. Ses cicatrices s'élargirent sur son visage et des canines meurtrières lui poussèrent. Des oreilles de renard formées du même chakra que son manteau, se frayèrent un chemin à travers ses mèches blondes et cinq queues de chakra poussèrent dans son dos. Le carnage commença alors : il n'avait plus besoin de kunai, de shuriken ou de katana pour faire tomber les têtes, ses mains griffues où l'étrange chakra rouge tourbillonnait suffisait largement. Peu à peu, les ninjas d'Oto se concentrèrent autour de lui, après la tactique d'éliminer d'abord les plus faibles, ils avaient opté pour son exact opposé : tous sur le plus dangereux. Cela permis aux trois Genins de reprendre leur souffle et de tenter de soigner leurs plaies sanguinolentes multiples. Ils étaient abasourdis par la danse mortelle et rouge qu'offrait leur professeur assistant en ce moment-même : Sai ne reconnaissait plus l'homme gentil qu'il connaissait, il voyait un enfer de cruauté, Sakura ne reconnaissait plus l'homme qu'elle prenait pour un incompétent, elle voyait un assassin d'élite, Sasuke ne reconnaissait plus l'homme maladroit qu'il commençait à respecter, il voyait la perfection de la mort.
Les ninjas d'Oto tombaient un à un, c'était bien parti pour que le combat se termine ainsi : Naruto n'ayant besoin d'aucune aide pour réduire le problème au silence, un silence funeste. Kakashi en avait terminé de son côté avec le seul ninja qui était resté à l'affronter pour l'empêcher de venir en aide au blond, mais il ne s'approcha pas pour autant de l'ancien ANBU : il n'avait vu qu'une seule fois cette transformation et elle ne lui inspirait pas vraiment confiance pour tout avouer. Il avait peur que Naruto ne fasse plus la différence entre alliés et ennemis, et que la folie qui semblait le posséder ne l'empêche pas d'abattre sa main sur lui. Il tenait aussi les Genins à distance pour les mêmes raisons. De toute façon, le blond n'avait pas besoin de leur aide, ses blessures qui se multipliaient ne le ralentissaient pas et il lui fallait moins d'une minute pour venir à bout d'un ninja. Vraiment, il n'avait besoin d'aucun soutien.
Mais Kakashi se trompait sur un point : Naruto n'avait pas perdu la tête, loin de là puisqu'il avait un sens plus aigu des choses. Il pouvait presque percevoir l'air et son poids sur chaque millimètre carré de sa peau, les battements de cœur de ses adversaires n'avaient aucun secret pour lui et il voyait le moindre froissement de leur tenue moulante. Alors certes, le mode Démon lui donnait un air psychotique, mais ce n'était qu'une apparence trompeuse, sans quoi l'idée de l'utiliser ne lui traverserait même pas l'esprit. Il ne restait plus que deux menaces à éliminer sur les trois ennemis dont il sentait la présence dans tout son corps : le dernier allait bientôt rendre l'âme puisqu'il n'arrivait pas à arrêter le sang qui coulait à flot de son bras amputé. La minute suivante, Naruto se tenait au milieu d'un tableau peint par le sang de ses ennemis. Jamais il n'avait semblé plus terrifiant et dangereux à ses coéquipiers. Peu à peu, le chakra prit une teinte violacée qui inquiéta un instant Kakashi, avant de tourner définitivement au bleu habituel et de disparaitre. Quand le manteau s'évapora entièrement, il était redevenu le blond qu'ils connaissaient si bien : plus de canines, plus d'yeux rouges, plus de cicatrices trop prononcées.
Pour autant, Sakura et Sai ne semblaient pas vouloir s'approcher de lui, par peur. Sasuke prit son courage à deux mains – il avait encore la vision du monstre qui s'était dressé devant eux, bien malgré lui – pour fournir à Naruto du matériel de soins. Il n'était pas aussi innocent que ses deux équipiers, il savait que l'assassinat était un travail à part entière des ninjas. Le blond ne dit rien, mais il fut touché par son geste : même Kakashi restait encore à bonne distance, comme s'il avait besoin d'un moment de calme pour retrouver ses esprits. Il offrit donc un maigre sourire à l'Uchiwa qui détourna les yeux, sans aucun doute gêné.
La suite se passa en quelques secondes… Le ninja d'Oto encore en vie, celui à qui il manquait un bras, sentait le froid voile mortuaire tomber sur son corps, mais il ne voulait pas quitter le monde d'une façon aussi pathétique ! Il se saisit de tous les kunai qui lui restaient et il tenta de viser le Renard. Cependant sa vision vacilla et finalement les projectiles se dirigèrent droit vers Sasuke, qui se tenait aux côtés de la plus grande menace qu'il n'ait jamais affrontée. Le Genin vit à peine les armes de fer qu'il se sentit partir en arrière. Un corps s'interposa et il ne put deviner ce qu'il venait de se passer : Naruto l'avait poussé et il avait fait ce qu'il faisait de mieux : servir de bouclier humain. Trois kunais se figèrent dans son estomac et il poussa un grognement animal sous la douleur, mais il ne flancha pas. Le ninja ennemi souffla un « démon » qui parvint aux oreilles de tous dans le silence de mort et ce fut une véritable blessure pour Naruto, bien plus que les armes qui déchiraient sa chaire…
Pourtant, le blond ne comprit pas le sourire sadique qui ornait les lèvres du désormais cadavre. Il se tourna alors avec Sasuke, craignant qu'il ne soit quand même blessé. Mais ce dernier se redressa et il vit dans ses yeux ébène une vive lueur de panique alors qu'il fixait son ventre. Un autre que lui aurait en effet succombé à cette dernière attaque et à une tonne d'autres avant, mais il était différent et c'était pour cela qu'il s'autorisait de telles folies. Il se dirigeait vers le brun pour le rassurer, mais il perçut une étincelle et avant de ne pouvoir esquisser un geste cette fois, une violente explosion les expulsa tous les deux à plusieurs dizaines de mètres. Un parchemin explosif accroché à un kunai.
Sakura et Kakashi bougèrent aussitôt pour se précipiter aux côtés de Sasuke qui était plus près que Naruto de la source de la déflagration. Sai ne se rendit même pas compte des mouvements de son corps avant d'être à genoux aux côtés du blond : il avait agi par reflexe malgré le spectacle sanglant auquel il avait assisté auparavant et cela le décida à mettre sa peur au placard. Paniqué, il prit son pouls et il soupira de soulagement en le sentant fort et calme comme si rien ne s'était passé, mais il fut sincèrement surpris de le voir ouvrir les yeux. Toutefois il faillit tomber sur le cul en voyant la peau brûlée du visage se reconstituer sous ses yeux ! Il prit le temps d'observer celui qu'il appelait Sensei comme pour la première fois et quelque chose le frappa : toutes ses blessures s'étaient refermées et il n'y avait plus une cicatrice sur son teint hâlé… Même son bras qui avait bien failli être coupé en deux ne portait plus aucune marque du coup de katana.
Il fut tiré de sa contemplation par les cris hystériques de Sakura qui avait perdu son calme et qui priait Sasuke de se réveiller. Kakashi à côté d'elle, prenait avec attention les signes vitaux de son élève et affichait une mine soucieuse : il n'était pas mort mais son état était inquiétant et ses brûlures encore plus. Il avait besoin de soins immédiats et il se rappela de cette affaire qui avait lieu eu quelques mois plus tôt…
« Naruto… Ramène en urgence Sasuke en Konoha. Chaque minute d'avance peut être cruciale. »
Oui, Démon ou pas, l'ancien ANBU avait réussi l'exploit de ramener son ancien équipier avant qu'il ne meure de ses blessures. Il fallait espérer qu'il pourrait réitérer ce miracle. Le blond sentit son cœur se contracter douloureusement, il se rappelait encore de cette folle course qu'il avait effectué plusieurs mois auparavant, son partenaire sur le dos… Non ! Il ne devait pas y repenser, mais agir. Et courir. Courir comme s'il avait le diable… La mort à ses trousses. Et c'était justement l'enjeu : une vie de plus offerte ou refusé à la Grande Faucheuse. Il abandonna alors son armure, ses armes et son équipement pour les confier à Kakashi, et il laissa Sai placer Sasuke sur son dos. Il demanda à Sakura de lui attacher les mains dans le dos, sous les fesses de l'Uchiwa, pour qu'elles ne glissent pas et qu'il lâche son paquet par inadvertance. Aussitôt cela fait, il bondit sur la première branche à sa hauteur et disparut aux yeux de trois ninjas laissés derrière dans un flash jaune.
Il était arrivé à Konoha quatre heures plus tard, le visage en feu à cause des feuilles et des branches qui avaient fouettées ses joues, son pantalon couvert de boue car il avait dû courir au sol sous la pluie, complètement exténué. Jamais il n'était allé aussi vite et ses oreilles sifflaient. Il était dans un sale état mais les infirmières prirent d'abord en charge le plus jeune : de toute façon le blond n'aurait le droit à aucune attention et il guérirait seul. Ce serait donc une perte de temps de s'occuper de lui. Kakashi, Sakura et Sai étaient arrivés trois jours plus tard et ils avaient tout de suite été pris en charge à l'hôpital de Konoha pour leurs blessures plus ou moins graves. Naruto ne les avait pas croisés, mais il avait entendu l'effervescence qu'ils avaient provoqués en arrivant : il n'avait pas quitté l'hospice depuis son arrivé avec Sasuke et il attendait sagement depuis, devant la chambre de celui-ci et n'osant pas entrer, de voir les médecins arriver en courant dans les couloirs car les machines venaient de leur annoncer que leur patient était réveillé.
Finalement des médecins arrivèrent dans le couloir que Naruto « gardait » et le Jonin se redressa pour écouter ce qu'il se passait de l'autre côté de la porte. Il n'entendit que des bribes de conversations, mais il se sentit soulager en entendant la voix de Sasuke : il s'était réveillé, enfin. Un poids quitta ses épaules et lentement il déplia son corps ankylosé : maintenant qu'il y pensait, il commençait à avoir faim et il prendrait bien une douche aussi. Il sortit donc de l'hôpital après cinq jours sans bouger ni voir la lumière du soleil et il se dirigea vers son appartement dans l'optique de prendre un peu soin de lui. Seulement une pierre l'accueillit au coin d'une rue et mécaniquement, sachant parfaitement ce qu'il se passait, il fit demi-tour pour passer par un autre chemin. En effet au village, la nouvelle avait déjà fait le tour des habitants et des familles : l'équipe du Démon était rentrée couverte de blessures, mais le Démon lui-même n'avait rien eu… Les rumeurs qui s'étaient tues sur sa malédiction avait reprises de plus belles et les parents se mettaient à interdirent à leurs enfants de s'approcher du blond : ils avaient même comme consigne de s'enfuir en courant s'ils le voyaient ou de lui jeter des pierres pour l'éloigner, comme on le ferait pour un animal sauvage…
Naruto essuya du revers de sa manche, le sang qui coulait le long de sa tempe à cause de la pierre, la blessure ayant de toute façon déjà disparue. Il n'avait même pas essayé de se protéger, il pensait sincèrement qu'il le méritait, que les habitants avaient raison de le fuir comme la peste : il était maudit après tout, à quoi d'autre pouvait-il s'attendre ? Il avait cru à la paix qui s'était instaurée ces derniers mois, une tranquillité illusoire qui venait de se briser en petits morceaux, lui dévoilant ce qui le hantait réellement : une malédiction éternelle qui ne le quitterait jamais et qui l'empêcherait de connaitre le bonheur.
Alors quand il sentit des mains l'attirer dans une ruelle sombre du village, il se laissa faire. Quand les coups se mirent à pleuvoir, il se recroquevilla simplement sur lui-même. Quand les insultes fusèrent, il ne tenta pas d'y répondre. Il méritait tout ça, il provoquait le malheur autour de lui. Il aimerait tellement mourir enfin… Personne ne serait jamais là pour lui de toute manière et personne ne viendrait le sauver, alors à quoi bon s'accrocher ? Cette fois, personne ne le regretterait…
« Putain arrêtez ! Qu'est-ce que vous foutez ?! »
La douleur s'estompa peu à peu et Naruto entendit un bruit de courses : ceux qui comptaient mettre un terme à sa vie, comme ils le lui avaient si bien craché au visage, venaient de s'enfuir en le laissant parmi les rats. Peut-être que s'il faisait le mort, les rongeurs viendraient le bouffer ? Mais au lieu de sentir le museau froid d'un de ses petits mammifères, ce fut la chaleur d'un autre humain qui envahit sa joue.
« Naruto ? Ça va ? Tu peux te lever ? »
Qui pouvait bien être l'idiot qui l'approchait encore, après ce qu'il se disait sur lui ? Qui pouvait bien être l'idiot qui souhaitait se faire isoler à son tour ? Il devait le repousser, lui épargner cette solitude qui poignardait son cœur. Mais la prise se raffermit au contraire sur son corps : une main venait d'attraper son bras et le redressait lentement mais sûrement.
« Ne t'affole pas, c'est moi, Shikamaru. Je vais t'emmener à l'hôpital. »
« Dégage. » Murmura Naruto en tentant une fois de plus de le repousser. Cela ne pouvait pas être pire…
« Pardon ? » Fit la voix blanche du Nara.
« Laisse-moi et rentre chez toi. » Sa voix tremblait, il n'arrivait pas à être ferme et pourtant il voulait le protéger, lui plus encore que les autres.
« Hors de question ! »
Le blond abandonna les armes, de toute façon il avait trop mal et il était trop fatigué pour s'agiter. Il n'avait même pas la force de rentrer chez lui debout, alors envoyer valdinguer un jeune Genin en pleine possession de ses moyens, il allait avoir du mal. Il se sentit soulevé et remit sur ses pieds. Il devina confusément qu'ils se dirigeaient vers son appartement et non vers l'hôpital. C'était déjà ça. Mais il espérait sincèrement que Shikamaru repartirait ensuite. Oui, il le souhaitait très fort mais il connaissait le spécimen, même si c'était « galère » il allait sûrement rester…
Shikamaru venait tout juste de rentrer de mission et il n'avait pas eu besoin de plus qu'une dizaine de mètres pour entendre parler de ce qui s'était passé avec l'équipe de Naruto : elle avait fini à l'hôpital. Alors il s'y était rendu rapidement pour prendre de leurs nouvelles et surtout de celles du blond à qui il pensait constamment ces derniers jours. Quand il avait enfin pu avoir l'information qu'il souhaitait – le numéro de chambre où l'équipe 7 se reposait – Shikamaru c'était retenu de courir. Heureusement – ou malheureusement puisqu'il ne savait toujours pas où il se trouvait – Kakashi l'informa sur la condition du blond du groupe : il n'était pas blessé mais sûrement très fatigué. C'est donc tout naturellement qu'il s'était dirigé vers l'appartement de Naruto, après avoir salué le Jonin et les deux Genins, pour aller voir comment il allait : c'était plus fort que lui, il fallait qu'il le voie de ses propres yeux pour s'assurer de son état physique et mental. C'était sans doute la seule chose pour laquelle il ne serait jamais trop paresseux.
Il s'imaginait déjà avoir le réveiller en cognant inlassablement sur la porte. Il s'imaginait déjà devoir supporter quelques secondes ses grognements, avant qu'il ne lâche un sourire. Il s'imaginait déjà devoir se retenir de ne pas embrasser sa bouille encore à moitié réveillé. Il s'imaginait déjà devoir rester pour faire les courses et préparer un repas convenable avec lui, comme un couple. Il s'imaginait déjà veiller sur Naruto dans son sommeil et en profiter pour passer sa main dans les mèches blondes comme les blés. Eventuellement, il aurait à sécher ses larmes si besoin, mais jamais il n'aurait cru qu'il devrait le sauver d'une bagarre à sens unique. Et pourtant il venait de le faire… Il ne savait même pas si on pouvait appeler ça une bagarre car Naruto était le seul à recevoir les coups. Shikamaru essayait de ne pas se rappeler de ce qui l'avait poussé à tourner la tête vers cette ruelle, mais son cerveau n'était pas de cet avis, car les mots cruels qu'il avait entendus tournait en boucle : « Monstre ! » « Tu vas crever oui ?! » « Personne ne veut de toi ! » « Tu n'apportes que le malheur » « Tu es maudit ! » « Suicide-toi ! » « Crève ! » « Tu n'es qu'un nuisible ! » « Tu aurais mieux fait de mourir à ta naissance ! »
Comment un homme pouvait-il dire ce genre de chose ? Ces mots n'auraient jamais dû voir le jour. Ils ne font que blesser et entraînent le malheur de celui qui les subit. Il avait été choqué d'en entendre autant, puis c'est l'horreur qui avait pris possession de son corps quand il avait reconnu Naruto à la place du persécuté. Alors il avait signalé son mécontentement face à cette scène, contrairement aux passants qui préféraient ignorer ce qu'il se passait à quelques mètres d'eux. Le Nara avait espéré que le Jonin aux yeux bleus lui souriait, comme il faisait toujours malgré ses problèmes. Mais ce regard saphir qu'il aimait tellement chez Naruto n'était plus le même : il s'était assombri à l'image un ciel d'orage et il semblait loin, très loin, comme si son âme avait quitté son corps. Et Shikamaru prit réellement peur, sûrement pour la première fois de sa vie… Il tenta tout d'abord de le faire réagir sans succès, puis il décida qu'il devrait en premier lieu le ramener chez lui, pour le soustraire aux regards malsains et satisfaits des villageois.
Arrivé à l'appartement de Naruto, Shikamaru referma la porte derrière eux et conduisit le blond jusqu'au petit canapé du salon. Il n'avait plus dit un mot depuis tout à l'heure, quand il avait voulu l'éloigner et le Genin s'en inquiétait énormément. Il ne l'avait jamais vu si… Si vide, si détruit. Comme s'il attendait la mort et qu'il pensait même la mériter… Shikamaru eut peur à ce moment-là et il décida de ne pas le lâcher d'une semelle : qui sait quel genre de bêtises folles et taboues il pourrait faire ! Il ne prit pas vraiment le temps d'y réfléchir : il allait rester avec le blond jusqu'à ce qu'il soit stable et que son regard ait retrouvé une lueur de vie et peu importe si ces parents étaient contre cette idée.
oOo
Dix jours. Dix jours que Shikamaru a élu domicile dans le petit appartement de Naruto. Dix jours que Choji et Ino tentent de l'en faire sortir pour revenir s'entraîner avec l'équipe. Dix jours que ses parents et Asuma l'ont laissé prendre cette décision et neuf jours qu'ils lui font confiance. Dix jours qu'Hiruzen leur a accordé à tous les deux un congé. Dix jours que les villageois le regardent de travers quand il sort de travers quand il sort avec Naruto pour lui faire prendre l'air. Six jours que Sakura, Sai et Kakashi sont sortis de l'hôpital, complètement guéris. Six jours que Sakura et Kakashi ne sont pas venus prendre des nouvelles du blond. Six jours que Sai vient chaque soir, quelques minutes ou toute une heure. Six jours que le Genin aux cheveux noirs n'arrive pas à faire réagir celui qu'il considère comme un grand frère. Dix jours que Shikamaru essaye lui-aussi en vain…
L'Uzumaki était aussi vivant qu'un mort depuis que le Genin de 15 ans l'avait « sauvé » de ses agresseurs et il avait de plus en plus l'impression de ne pas l'avoir secouru, mais de l'avoir condamné à vivre… Pourtant il bougeait tout seul et ne laissait pas non plus complètement mourir : il suivait le mouvement, comme une poupée de chiffon il avait besoin qu'on le guide et qu'on veille sur lui. Heureusement pour les hormones d'adolescents de Shikamaru, il restait des choses pour lesquelles il se débrouillait tout seul, aller aux toilettes par exemple, se changer ou se déshabiller pour aller sous la douche – d'ailleurs il bénissait cet appartement trop petit pour une baignoire, car il aurait eu du mal à se contrôler à force de surveiller que le corps nu ne se noie pas. Son cœur était durement maltraité depuis qu'il avait emménagé chez Naruto : d'un côté il vivait et dormait avec l'homme qui l'attirait – dont il était amoureux ? – profitant de sa chaleur, mais en même temps il avait une coquille quasi-vide qui ne réagissait à rien ni personne, pas même à lui qui pourtant prenait soin de son confort et de ses besoins. Shikamaru expérimentait pour la première fois le désespoir, lui qui ne s'était jamais assez impliqué pour le ressentir.
Cette après-midi-là, il avait sorti un jeu de shogi et il avait lancé le premier coup, espérant créer un dialogue ou une interaction avec Naruto à travers ce jeu auquel il jouait souvent. Mais cela deux heures déjà et le blond n'avait toujours pas bougé une seule pièce. Il se contentait de rester assis devant le plateau et de fixer dans le vague face à lui. Shikamaru était accablé par le mort-vivant qui se tenait face à lui… Il pensait sincèrement à détourner le regard assez longtemps pour le laisser quitter ce monde comme il le souhaitait. C'était peut-être ce qu'il y avait mieux pour lui. En tout cas il essayait de s'en convaincre car en réalité il était égoïste et il refusait de le voir céder à la mort.
Alors que Shikamaru se servait un verre d'eau dans le semblant de cuisine installée dans le salon, il entendit le bruit d'une porte s'ouvrant brutalement et il se retourna tout aussi subitement pour voir ce qu'il se passait. Dans un premier temps, il crut que Naruto était enfin sortit de sa léthargie alors qu'il avait le dos tourné et qu'il comptait se rendre quelque part en particulier, mais quand une tornade brune passa devant lui il changea d'avis : il s'agissait juste d'un visiteur qui n'était pas au courant qu'il était ici, mais qui savait ce qu'il s'était passé, sinon il aurait toqué. D'un pas assez calme, il finit son affaire et parti fermer la porte encore grande ouverte, avant de revenir dans le salon. Il était calme, mais cette tranquillité paisible s'envola à l'instant où il vit une jeune femme aux longs cheveux bruns, enlacer Naruto tout contre son cœur. Un tout nouveau sentiment de jalousie l'envahit tout d'abord, juste avant que quelque chose se brise en lui…
Six jours. Six jours que Sai essayait de faire réagir son modèle. Dix jours. Dix jours que Shikamaru essayait de faire réagir celui qu'il aimait. Et moins d'une minute. Moins d'une minute qu'une inconnue débarquait. Moins d'une minute seulement et Naruto pleurait… Il n'avait fallu que soixante misérable seconde à cette femme pour que le blond brise enfin ce masque sans émotion qu'il affichait. Alors comme ça, elle comptait plus que toute l'attention qu'ils pouvaient lui donner ? Shikamaru sentit les larmes monter, mais se reprit et ne montra rien de ce sentiment de trahison qui lui ravageait le cœur : comment avait-il pu croire un instant que le ninja, plus âgé, plus compétant, plus mature, pourrait s'intéresser à un adolescent comme lui et un homme de surcroît. Il s'était fourvoyé, noyé dans une illusion qui n'avait jamais eu lieu d'être. Il voulut partir, quitter cet appartement, rentrer chez lui et oublier ce blond trop sexy, mais la voix rauque de Naruto le figea sur place :
« Ça recommence Hana ! Je ne veux pas, je ne veux pas les voir mourir une nouvelle fois ! »
Il pleurait sur l'épaule de cette jeune femme qui semblait avoir son âge, il geignait un nom qu'Asuma avait aussi prononcé, il sanglotait sur des morts passés, peut-être même sur une équipe détruite puisque c'est bien ce qui avait failli se passer avec la 7. Cette brune devait être une ancienne kunoichi de sa promotion ou même de son équipe de Genin. Et ils avaient déjà dû traverser une tragédie ensemble, d'où cette soudaine chute de barrières. Franchement, il se sentait pour la première fois heureux d'avoir un cerveau aussi performant. Bien sûr cela ne prouvait pas le moins du monde que Naruto n'aimait pas cette Hana, mais cela expliquait au moins son subite changement de comportement et Shikamaru voyait qu'il en avait besoin. C'était vrai qu'il n'avait jamais osé le prendre dans ses bras de peur de se faire rejeter et parce que Naruto avait déjà l'air si insaisissable en temps normal… Et puis il avait beau être plus intelligent que la normale, il n'avait pas vécu les mêmes choses que lui, il pouvait imaginer le comprendre, mais pas réellement le faire. Contrairement à cette fille.
Quelques heures plus tard, Naruto dormait tranquillement dans les bras d'Hana, ayant tellement pleuré qu'il en était tombé de fatigue. L'Inuzuka alla coucher le blond sur le matelas deux places qui lui servait de lit et de chambre, puis elle retourna dans le salon pour parler avec cet autre brun dont elle s'était vaguement rendu compte de la présence. Apparemment il devait tenir à son ancien équipier, puisqu'il n'avait pas bougé de la pièce et il n'avait fait aucun signe pour partir alors qu'il était entre de bonnes mains. Et en effet, il l'attendait toujours, installé cette fois dans le canapé, une bière de sortie au bas du meuble. Hana s'en saisit et vint s'asseoir à côté de lui. Ils se scrutèrent quelques longues minutes, avant que la plus vieille des deux ne décide de faire confiance en son instinct et de parler des raisons qui avaient mis Naruto dans un tel état.
Elle commença par ce qu'Asuma et le blond lui-même lui avaient raconter, sur l'enfance de l'ancien ANBU, ensuite sur leur première rencontre, les déboires et leurs joies dans l'équipe 10 avec Shisui, la haine violente des habitants et ce qu'ils racontaient sans cesse sur Naruto, son secret de Jinchûriki, les entraînements pour apprendre à utiliser la puissance de Kurama avec Itachi, l'amitié qui s'était lié entre le Démon et son porteur. Puis elle arriva au suicide de Shisui, sa tentative de suicide, suivit de peu par la trahison d'Itachi et le massacre de tous les Uchiwa à l'exception de Sasuke, la chute de Naruto dans le désespoir et la tristesse, ce qu'elle savait de sa nouvelle vie d'ANBU : il côtoyait à chaque mission la mort pour mieux l'accueillir, puis sa reprise de confiance peu à peu. Et enfin cette mission il y a plusieurs mois où deux de ses coéquipiers étaient morts et où le troisième membre de l'équipe était à l'hôpital dans le coma. Pour le blond, il avait l'impression de revivre le même cauchemar en boucle, la mort de son équipe, et il s'en pensait responsable à cause de cette malédiction dont on lui rabâchait les oreilles depuis sa naissance et à laquelle il avait fini par croire à la mort de Shisui.
Shikamaru s'insurgea de cette idée complètement et totalement stupide. Il était évident que la mort était le risque de tout ninja, que ce soit pour Shisui ou Kakashi, Itachi ou lui, personne n'était à l'abri, tout le monde pouvait être la cible de la Grande Faucheuse. Le Nara ne pensait pas non plus exagérer en supposant qu'en plus, Naruto avait dû sauver bien plus de vie que sa soi-disant malédiction n'avait dû en ôter ! Hana rigola doucement devant la rage silencieuse qui flamboyait dans les yeux du Genin âgé malgré son ton blasé : pour avoir connu des Uchiwa, elle avait appris à tout déceler à travers les micros expressions que le visage affichait.
« Prend soin de lui gamin. » Déclara soudain Hana en lui souriant tristement. « Il a été traumatisé pendant toutes ses années et même s'il s'entend plutôt bien avec Kyuubi, il croit quand même être sous le joug d'une putain de malédiction. » Râla la vétérinaire, en se souvenant des mises en gardes de certains voisins sur ses fréquentations avec le blond. « J'espère que tu arriveras à le faire changer d'avis, mais sache qu'Asuma et Itachi n'ont jamais vraiment réussi… Tu vas avoir du boulot. Mais je suis contente que ce soit quelqu'un comme toi qu'il aime, Shikamaru ! » S'exclama-t-elle en lançant une grande claque dans le dos de son cadet. « C'est vrai que je suis un peu jalouse, mais je suis fait une raison depuis longtemps. »
Et sur ces bons mots, elle le quitta en lui laissant Naruto. Finalement elle ne semblait avoir aucune relation particulière avec lui et… Et ne venait pas de dire que le blond l'aimait… ? Non, il avait du mal entendre, voilà tout. Il n'avait jamais réagi à sa présence il faut dire, donc il n'avait aucune raison d'y croire. Mais apparemment il comptait au moins un peu pour le Jonin blond, puisqu'il avait parlé de lui à Hana car il n'avait pas dit son nom à la jeune femme. Il rejoignit Naruto dans sa chambre et se coucha à ses côtés. Il l'observa pendant quelques temps, se jurant silencieusement qu'il ferait tout pour ne plus le voir ni pleurer, ni vidé de toute émotion. C'était peut-être naïf mais il ne voulait que son bonheur et il continuait d'espérer faire quand même partie de sa vie, pas en tant que simple élève ou ami. Pour la première fois depuis dix jours, il osa le prendre dans ses bras, serrant le corps un peu maigre et pas si grand que ça, du blond tout contre lui. Il ne mit pas longtemps à rejoindre Morphée dans le pays des rêves, le visage chatouillé par des mèches dorées.
La nuit fut des plus agréables pour les deux ninjas. Aucun d'eux ne fit de cauchemar et Naruto put enfin réellement se reposer pour la première fois depuis plusieurs mois. A son réveil, la première chose qui le frappa fut la chaleur inhabituelle de sa chambre, lui qui avait toujours froid à cause de la mauvaise isolation. Puis il se rendit compte que deux bras l'enfermaient contre un autre corps. Un frisson de bien-être le traversa, mais il se reprit vite et essaya de s'éloigner de cette personne : tous ceux qui étaient trop proches ou trop gentils avec lui finissaient par avoir des ennuis… Mais la prise était serrée et ses propres mouvements de ne plus en plus paniqués finirent par réveiller son coussin d'une soirée. Il se sentit mourir de honte en croisant le regard embrumé de Shikamaru : c'était lui l'aîné ici, il n'était pas sensé se faire réconforter comme un enfant… Surtout par l'adolescent qu'il aimait plus que cela n'était raisonnable. Il réussit enfin à s'éloigner et le Nara faillit bien le laisser faire quand il amorça un mouvement pour partir, n'ayant plus l'habitude de le voir énergique, mais il parvint à le retenir.
« Lâche-moi Shikamaru… »
« Pourquoi ? »
« Tu dois t'en aller. »
« … C'est à cause de cette malédiction. » Ce n'était pas une question, mais bel et bien une affirmation. « C'est Hana-san qui m'en a parlée. Tu y croies vraiment ? » Demanda-t-il, son regard oscillant entre la surprise et la consternation.
« Oui… Tu vas être blessé… Alors va-t'en. »
Naruto avait l'impression que ses mots lui brûlaient littéralement la gorge et il regrettait son ton plus dur qu'il ne l'aurait voulu. Mais peut-être qu'ainsi Shikamaru comprendrait…
« C'est ridicule. Je n'ai jamais été blessé lorsque j'étais avec toi. » Lui fit-il remarquer.
« Tu finiras par l'être » Répliqua le blond, têtu comme pas deux.
« Oui certainement, mais c'est parce que je suis un ninja et que c'est un métier où l'on peut mourir »
L'ancien ANBU se mordit la lèvre inférieure. Il savait quelque part qu'il n'avait pas tout à fait tort à affirmant cela, mais il refusait de mettre tous ses morts et tous ses blessés sur le seul dos de la Malchance ! C'était bien trop facile. Non, il en était le seul responsable, il n'y avait pas d'autres explications. Car sinon, pourquoi y aurait-il plus de mort dans son entourage que dans celui de n'importe qui d'autre ?! Bien sûr il y avait Sasuke, mais pour le dernier Uchiwa c'était différent puisqu'il avait perdu toute sa famille d'un coup, alors que lui les cadavres s'étalaient dans le temps… Et puis le porteur du Sharingan n'était pas le Jinchuriki d'un Démon, sans compter que Naruto avait toujours cru et croyait toujours qu'Itachi n'avait pas agi ainsi par hasard… Le Nara avait un peu de mal à déchiffrer toutes les pensées qui traversaient la tête du Jonin, mais il avait parfaitement compris que même si son argument avait fait mouche, il l'avait rejeté en bloc.
Comme l'avait si bien dit Hana, Asuma-sensei et le génie Itachi étaient déjà passés par là, alors ce ne serait évidemment pas simple. Toutefois il n'allait pas se laisser démonter pour si peu et il avait déjà en grande partie cerné Naruto et son problème. Clairement c'était l'idée de son impuissance face à un phénomène incontrôlable qui le mettait dans tels états : il aimerait vaincre la Grande Faucheuse pour l'empêcher d'emporter ses amis, les protéger de toutes les attaques. Mais ce n'était humainement pas possible et le blond ne semblait pas vouloir l'accepter. Shikamaru se demandait à l'instant comment l'Hokage et le Conseil avaient pu laisser un ninja tel que Naruto, bien trop réceptif à la mort, à son poste : les choses étaient certes en train de changer, mais faire passer la mission avant ses camarades était encore très répandu dans le milieu. Tout ninja digne de ce nom le sait – à part peut-être les Genins trop innocents pour encore comprendre ce que le métier de ninja impliquait en dehors des attaques « trop cool ».
Naruto n'était donc définitivement pas fait pour être ninja et on aurait dû le remercier depuis longtemps, après les premiers examens psychologiques. Mais puisque cela n'avait pas été fait, peut-être devrait-il lui conseiller de prendre l'initiative… Et là il se rappela de la donnée qui changeait tout : l'ancien ANBU n'était pas maître de son propre avenir depuis l'instant où le Yondaime avait scellé Kyuubi en lui. Oui, c'était sûrement la seule explication à ses états de services, le Conseil ne souhaitait pas se séparer d'un aussi bon élément ou du Démon Renard. Cependant, si c'était cela… Alors il ne pourrait jamais cesser d'être un ninja. Il ne pourrait jamais cesser de voir ses compagnons mourir. Il ne pourrait jamais cesser de se tourmenter…
Il devait trouver une solution pour le sortir de cette spirale destructrice et sans fin ! Ce n'était pas vraiment sa responsabilité, mais il y tenait plus que tout. Pour Naruto. Et pour lui aussi un peu : ne l'avait-il pas déjà dit tout à l'heure ? Il ne voulait plus revoir son visage ravagé par les larmes et pour cela il fallait mettre un terme à cette malédiction stupide et inventée de toute pièce.
oOo
Naruto acclamait les Genins qui venaient de terminer l'examen pour passer au rang de Chunins, comme tout le reste des spectateurs. Le blond n'était pas peu fier de voir parmi les nouveaux Chunins, Sai, Sasuke et Shikamaru. Il n'était pas vraiment leur professeur, mais il avait participé à leurs entraînements et il aimait à penser qu'il avait joué un rôle. Pour l'Uchiwa, sa sélection s'était joué à un cheveux à cause de son adversaire particulièrement coriace : Gaara de Suna, un Jinchuriki qui possédait une défense presqu'absolue. Leur match s'était terminé par une égalité et finalement les juges avaient décidés qu'ils méritaient tous les deux de devenir Chunin après le combat spectaculaire qu'ils leur offert – et aussi car l'un était le fils du Kazekage et que l'autre était le survivant d'un célèbre clan. Naruto s'était d'ailleurs fait approcher par ce petit rouquin au kanji « amour » tatoué sur son front, il avait tout de suite senti qu'ils étaient pareils et le ninja de Suna avait besoin de réponses à ses questions.
Le blond y avait répondu en toute franchise, même si c'était dur à entendre : oui ils étaient des armes, oui ils seraient surveillés et utilisés jusqu'à la fin de leur vie, non ils n'étaient pas tout puissants, mais tout cela ne devait pas les empêcher de vivre leur vie, ils pouvaient avoir des amis, des élèves et une famille, malgré leur condition si spéciale. C'était simplement plus dur et plus long à trouver, la patience devait être leur ligne de conduite. Malgré ce tableau qui n'était pas des plus réjouissant pour lui, Gaara avait trouvé un maigre espoir de paix intérieure auprès de son aîné et il l'avait remercié. Naruto l'avait regardé partir, heureux d'avoir pu alléger de cet enfant trop jeune pour un tel fardeau. Il lui avait répété presque mots pour mots ce que lui avait dit Shisui, quand il avait lui-aussi commencé à s'inquiéter de son avenir, mais il s'était tu sur les ténèbres que tous ninjas faisaient par ressentir un jour où l'autre, l'impuissance, un sentiment qui était décuplé pour les Jinchurikis car ils étaient censés être plus puissants. Comment aurait-il pu lui en parler alors qu'il n'avait aucun « remède miracle » pour ce sentiment poignant et blessant, pour ce sentiment qui le détruisait à petit feu… Il valait mieux le laisser encore inconscient de ce qui l'attendait, c'était mieux ainsi pour lui.
A côté de lui, Sakura, Ino et Choji acclamaient avec ferveur leurs coéquipiers, ils auraient voulu eux-aussi se tenir parmi les fiers ninjas qui recevaient le certificat officiel de leur nouveau rang, ainsi que leur nouvel équipement, mais cela ne les empêchait pas d'être heureux malgré tout ! Il les entendait même de la fête qu'ils allaient organiser ce soir avec le reste de la promotion. Il ne pourrait malheureusement pas y assister – il n'était même pas certain de faire parti des invités de toute façon – car le Kazekage et l'Hokage avaient signés un accord, pas plus tard qu'hier soir, pour s'allier et traquer Orochimaru qui avait tenté de s'en prendre au père de Gaara, il y a quelques semaines, et il faisait parti de l'opération en tant que chef de l'équipe de Konoha. Il avait déjà reçu l'autorisation d'utiliser le mode Démon car le village tenait à tout prix à protéger le dernier des Uchiwa, qui semblait être la cible du Sannin maître des Serpents. Et grâce aux récentes nouvelles de Jiraya, ils savaient parfaitement où se cachait Orochimaru. Ils allaient donc lancés une attaque avant de se faire attaquer. Pour la première fois, Naruto n'allait pas regretter de tuer, il espérait même être celui qui trancherait la gorge et cet être pervers et vicieux : personne ne touchait aux élèves d'un Jinchuriki sans en payer le prix fort !
Le lendemain matin, quand Sai et Sasuke arrivèrent avec leurs vestes de Chunins, fiers comme des paons, Naruto les félicita chaudement avec un sourire immense. Puis il demanda au jeune Uchiwa, si la marque du serpent le faisait toujours souffrir. Sasuke répondit, à l'étonnement de tous, que justement la marque avait disparu pendant la nuit et qu'il n'entendait cette voix qui le poussait à utiliser un pouvoir malsain et parasite. Sai ne manqua pas le silencieux soupir de soulagement du blond, mais il n'osa pas en demander plus. Naruto était sincèrement heureux qu'avec la mort du Sannin, la marque ait disparu : il n'y avait pas pensé quand il s'était retrouvé face à Orochimaru, mais rien ne disait que la marque maudite disparaîtrait avec son créateur. Mais heureusement elle s'était bien effacée, laissant dernière uniquement la peau opaline du jeune adolescent et l'Hokage, ainsi que le Kazekage, étaient même venu pour le féliciter pour son combat qui fut qualifier d'héroïque par la majorité des ninjas, il avait après abattu un ninja légendaire.
Deux mois passèrent où Naruto se vit attribuer l'apprentissage Chunin de Shikamaru, Sai et Sasuke par les deux Sensei, tandis que Sakura continuait de s'entraîner avec Ino et Choji en prévision du futur examen. Tout semblait aller pour le mieux depuis la mort d'Orochimaru et de ses fidèles expériences. Mais ce n'était qu'une impression que tout le monde voulait protéger. Cependant la réalité toute autre… Les morts étaient de plus en plus nombreux et les complots se multipliaient, des villages disparaissaient du jour au lendemain rasés par une force inconnue et les villes se retournaient contre leurs propres pays. Le chaos envahissait petit à petit le monde avec pour messagers du mal, des ninjas surpuissants drapés de manteaux noirs où couraient des nuages rouges. Tous les Jonins et les ANBU avaient été mis au courant de l'existence de cette organisation et on leur avait demandé de ne rien dire aux autres jeunes ninjas pour ne pas les effrayer et pour qu'ils ne prennent pas d'initiatives stupides en voulant se faire bien voir. Avec cette annonce, Naruto avait été remis derechef sous surveillance, non pas à cause de ses antécédents mais à cause de sa qualité de Jinchuriki : il avait été certifié que l'Akatsuki traquait les porteurs de Démons et personne ne savait pourquoi, mais cela ne devait pas pour jouer à la dînette – les Démons faisaient de bien trop mauvais invités.
Sai et Sasuke n'avaient pas remarqués la présence des ANBU chargés de la surveillance de Naruto, mais ce n'était pas le cas de Shikamaru, peut-être parce qu'il passait plus de temps avec le blond que les deux autres, et il lui avait silencieusement demandé des explications. A la place, le Jonin l'avait invité à venir faire une partie de shogi et à la maison et alors qu'ils mettaient les pièces sur le plateau, Naruto ne respecta pas les règles en ne les déposant pas à leurs places réglementaires. Le Nara ne fit aucune remarque et décrypta plutôt le message que lui transmettait son aîné ainsi. Le soir venu, il n'attendit pas longtemps pour questionner son père sur le sujet de l'Akatsuki. Celui-ci prit le temps de tout lui raconter et le fit surtout promettre de ne pas en parler aux autres qui pourraient souhaiter monter en grade avec un tours de force spectaculaire, comme attraper l'un de ses dangereux criminels. Au moins il était certain que jamais son fils ne se risquerait à quelque chose d'aussi dangereux, sauf en cas extrême et justifié.
Ainsi pour Konoha, tout aurait dû bien se passer, ils avaient eu le temps de renforcer leur protection et la cible de l'Akatsuki était protégé et surveillé. Mais sottement le village n'avait jamais cru que cette organisation pourrait venir l'attaquer de l'intérieur… Le Conseil avait cru qu'ils n'attaquaient qu'à l'extérieur, quand les ninjas étaient plus isolés et plus vulnérable. Ce fut leur erreur. Et quand Itachi et Kisame apparurent dans l'enceinte du village ninja, c'était déjà trop tard.
Sai, Sasuke, Shikamaru et Naruto sortaient du bureau de l'Hokage où l'équipe avait reçu une nouvelle mission quelconque qui consistait à livrer un message au Kazekage de Suna : en l'état actuel des choses, l'équipe de Naruto ne pouvait rien accomplir de plus important, mais le blond se servait de ces moments pour enseigner aux trois Chunins les bases pour diriger un groupe. Ils étaient d'ailleurs en train de décider lequel serait en charge de donner les directives cette fois, quand le Jonin aux yeux bleus, se rendit compte que quelque chose n'allait pas. Il intima immédiatement aux trois Chunins une formation de combat et ils obtempèrent sans réfléchir – au fil des missions, ils avaient appris à avoir une confiance totale en les instincts de leur capitaine d'équipe.
« Je suis agréablement surpris Naruto, tu es encore meilleur qu'à l'époque. » Résonna une voix grave qui semblait venir de nulle part.
Mais un kunai fendit l'air et l'image du mur du couloir se brouilla pour laisser apparaître Itachi Uchiwa arrêtant le projectile et Kisame Hoshigaki, tous deux drapés d'un manteau parsemé de nuages rouges. L'Akatsuki. Naruto ne fut même pas d'humeur à jouer le jeu en lui demandant ce qu'il venait faire ici, il n'y avait qu'une réponse à cette question et il ne tenait pas particulièrement à l'entendre. Son cœur était partagé entre sauter dans les bras de son ancien ami et pleurer de joie de le revoir, avant de vérifier son état avec inquiétude, et entre laisser la tristesse des circonstances de ces retrouvailles le submerger, puis le remercier de libérer ses proches de la malédiction qui pesait sur ses épaules depuis déjà trop longtemps. Et si l'aîné des Uchiwa n'en montra rien, il fut profondément troublé par l'ombre de la mort qu'il voyait flotter dans les yeux bleu pastel. Pendant un instant, il douta même que Naruto résiste à son propre kidnapping… Ils étaient certes amis, mais quand même… N'avait-il donc pas peur ? Ne doutait-il donc pas ? Ou voulait-il réellement mettre un terme à sa vie ?
Derrière Naruto – celui-ci s'était posé d'autorité devant les trois Chunins – Sasuke bouillonnait de rage en voyant face à lui celui qui avait tué toute sa famille ! Il se voyait déjà l'étriper, le tuer, lui trancher la tête, le torturer jusqu'à ce qu'il l'implore de mettre fin à ce cauchemar, jusqu'à ce qu'il regrette tout le mal qu'il lui avait fait… Oui, il voulait se venger, à tout prix ! Sai ressentit ses ressentiments de plus en plus noirs, de plus en plus sanglants, de plus en plus chaotiques et il posa sa main sur son épaule avec l'intention de le rassurer, de le calmer. Mais ce fut au contraire un déclenchement : Sasuke arrête de rêver à ce qu'il allait faire à son grand frère et une impulsion dans les pieds le propulsa vers Itachi. Il se voyait planter son Chidori dans son ventre, mais ce ne fut pas le regard rougeoyant et supérieur de son frère qu'il croisa quand il releva la tête, sa main transperçant bel et bien un corps. Il était bleu, d'un bleu roi qu'il n'avait jamais vu dans le regard de celui qu'il avait appris à respecter, pétillant de bonheur alors que du sang coulait au coin de ses lèvres. Les deux membres de l'Akatsuki restaient figés devant la scène qui se tenait face à eux, tout comme les deux autres Chunins… Dès que Sasuke avait esquissé son geste vers l'avant, Naruto s'était interposé pour prendre le coup à la place d'Itachi.
Horrifié, Sasuke voulut retirer son bras qui transperçait le corps du blond, mais ce dernier le retint par le coude, l'empêchant de se dégager. Il sentait l'adolescent trembler sous ses doigts, mais il devait le garder auprès de lui pour avoir toute son attention et son état empêcherait le brun de se détourner de lui. Lentement son front vint se poser sur celui du plus jeune et le soleil se mêla à la lune, les mèches dorés à la chevelure corbeau. Sa voix n'était qu'un souffle, mais il était assez proche de son interlocuteur pour ne pas avoir besoin de plus. Son regard se fit tendre et rassurant face à celui brillant, presque larmoyant de l'Uchiwa.
« Ecoute-moi Sasuke. Tu fais une erreur. Je sais de quoi je parle, je suis simplet alors j'en fais souvent et je sais aussi quand les autres en font. »
« Pourquoi l'as-tu protégé ? » Demanda le plus petit d'une voix étranglée.
« La vengeance ne t'amènera rien de bon. Veux-tu vraiment tuer ton seul frère, le dernier membre de ta famille ? Si tu le fais, il ne te restera plus personne. Est-ce que tu te rends compte de ce que ça implique ? C'est stupide de vouloir tuer sa famille. »
« Tu n'en sais rien. » Siffla l'adolescent, entre colère et douleur. « Il a tué nos parents et toute notre famille. Tu ne sais pas ce que ça fait de perdre sa famille, toute sa famille ! »
« C'est vrai Sasuke, tu as raison, je ne sais pas. Mais moi qui n'est personne pour penser à moi, je t'envie. Tu as justement une famille, il te reste Itachi, alors tu ne devrais pas chercher à le tuer, mais le ramener auprès de toi pour ne plus jamais être seul. »
« … Je n'ai pas peur de la solitude. »
« Ah bon ? Tu en as de la chance, moi cela m'horrifie. » Confessa doucement le blond, surprenant l'adolescent qui retint fermement un sanglot, sa propre douleur faisant miroir à celle de Naruto. « Personne ne t'oblige à le tuer. Réfléchis-y Sasuke, penses-tu réellement qu'Itachi aurait tué ton clan sans raison, juste parce qu'il en aurait eu envie ? Tu es son frère non ? Tu le connais mieux que moi, c'est faux ? Réfléchis-y Sasuke, moi aussi je me suis posé la question, pourtant je ne suis ni un Uchiwa, ni son petit frère chéri. Il t'a toujours aimé, alors dis-moi pour qui il aurait fait ça, si ce n'est pour toi ? »
Sasuke trembla à ces mots. Non, ce n'était pas possible… Il ne voulait pas y croire, il ne voulait pas croire à ce que Naruto sous-entendait dans ses murmures. C'était faux ! Itachi avait tué toute sa famille parce qu'il avait pété un câble ou parce qu'il avait tout simplement choisi de les trahir. Peu importait, ses raisons ne pouvaient pas être valables. Il ne pouvait pas lui pardonner !
« Ne sois pas si têtu Sasuke, tu te voiles la face. » Sourit doucement Naruto avant d'enfin éloigner le petit brun.
Le bras de ce dernier se retira de son corps dans un bruit de succion répugnant à vous rendre malade. Le plus étrange fut de revoir le trou se refermer très rapidement, comme s'il n'avait jamais eu lieu. Toutefois le sang séché au sol et sur la peau neuve du ventre du blond, prouvait bien que quelque chose s'était passé. En fait Naruto avait profité de cette discussion pour accumuler le chakra autour de sa blessure pour la guérir d'un coup, le bras de Sasuke ayant en plus à limiter le saignement. Cela donnait l'impression qu'il s'était soigné instantanément mais ce n'était pas le cas. Sasuke fixait le ventre sans blessures et il resta cloué sur place sous la surprise. Kisame sortit le premier de sa stupeur et il ne cracha pas sur la possibilité d'expulser rapidement les gêneurs pour récupérer leur colis : il se rua vers le gamin le plus proche et cela tombait évidemment sur le petit frère d'Itachi, il allait faire d'une pierre deux coups en l'empêchant d'intervenir et en donnant un exemple sur ceux qui s'en prenaient à l'Akatsuki. Mais un corps s'interposa et Samehada déchira un dos hâlé.
Personne n'y comprenait plus rien : le Jinchuriki empêchait Sasuke de blesser son frère et la seconde suivante, il empêchait un de ceux qu'il avait protégé de blesser le jeune adolescent. De quel côté était-il à la fin ?! Allait-il se laisser faire ou se rebiffer ? Kisame en perdait la tête, Sasuke n'était pas loin d'être dans le même état, Sai ne comprenait pas mais il faisait confiance à Naruto et à ses actes, Itachi se posait encore quelques questions et Shikamaru avait déjà tout compris depuis longtemps. Le Jonin à la chevelure si éclatante n'était que du côté de ses amis et Itachi comme Sasuke en faisait partis, qu'ils soient du bon ou du mauvais côté. La lésion au dos se referma dès que l'épée quitta sa chair, arrêtant d'aspirer une réserve de chakra déjà bien entamée à cause de la précédente blessure. Naruto réfléchissait à toute vitesse car il sentait la fatigue l'envahir et paralyser ses muscles : il avait peut-être sous-estimé les retombés de l'attaque de Sasuke, non seulement il avait dû utiliser une énorme quantité de chakra pour la guérir, mais il avait quand même perdu pas mal de sang à cause de dommages internes. Dans cet état il n'était même pas bon en tant que soutien.
La meilleure solution serait de faire barrière le temps que les Chunins s'enfuient : Kisame tremblait d'anticipation et ses yeux trahissaient son envie de faire couler le sang des plus jeune. Cependant, le blond savait que ni Sai et ni Sasuke n'accepteraient de lui tourner le dos et concernant Shikamaru il espérait qu'il ait assez de sang-froid pour prendre les bonnes décisions. Que devait-il faire donc pour les faire partir ? Comment les y forcer ? Ils ne pourraient rien contre Kisame et Itachi et lui ne pouvait pas s'enfuir car il était leur cible. Une voix caverneuse en lui, lui donna la solution qu'il cherchait : avec le chakra de Kyuubi, il pourrait lancer un Genjutsu sur les trois Chunins pour qu'ils poursuivent de faux Itachi et Kisame loin d'ici. Et ce fut ce qu'il fit : Sai et Sasuke semblèrent voir quelque chose se passer devant eux et ils bondirent par-dessus la fenêtre. Il n'avait malheureusement pas eu assez de force pour piéger également Shikamaru dans ce Genjutsu bancal, il chercha donc à faire passer ses intentions dans son regard. Le Nara était intelligent, il savait qu'il ne pourrait rien faire face à l'un des deux membres de l'Akatsuki, en toute logique, il allait donc chercher tenter un repli stratégique et peut-être qu'il ferait partie de l'équipe de sauvetage.
Pourtant quand Itachi s'avança vers Naruto pour l'assommer, le maître des ombres utilisa sa technique maîtresse pour l'empêcher de s'approcher de celui qu'il aimait. Cela n'eut aucun effet car l'Uchiwa la brisa immédiatement et dans le seconde qui suivit, Samehada l'envoya valdinguer quelques mètres plus loin. Shikamaru faillit bien être sonné par ce coup si puissant, mais il se redressa et regarda avec impuissance Naruto être plongé dans le Genjutsu infaillible du génie des Uchiwa. Il lança un clone sur Itachi et un autre sur Kisame pour les distraire juste le temps de récupérer le blond, mais le porteur du Sharingan fit disparaître sa copie d'un revers de main et il planta ses yeux, son Dojutsu activé, dans ceux du Nara qui s'évanouit, dans le même état que Naruto.
« Qu'est-ce qu'on fait de lui Itachi ? Je le tue ou on le laisse là ? »
« … On va le prendre avec nous, si quelqu'un le découvre, nous pourrions avoir des ninjas à nos trousses plus rapidement que prévu et ce serait pénible. »
« Comme tu veux. » Fit Kisame en haussant les épaules.
Le requin se pencha au-dessus du corps désarticulé et le prit sous son bras, comme un vulgaire sac de patates, tandis qu'Itachi soulevait délicatement le Jinchuriki de Kyuubi, un bras passant dans son dos, la main agrippant son épaule, et l'autre sous ses genoux. Ils disparurent rapidement de la tour du Hokage, l'Uchiwa mettant fin à l'illusion qu'il avait mise en place dans le couloir et que Naruto avait senti tout à l'heure. Ils ne se firent pas repérer en quittant le village grâce à un autre mirage créé par le spécialiste aux Sharingan.
oOo
Itachi vérifia les liens de Naruto et Shikamaru, présentement installés contre le mur de pierre d'une grotte. Il attendait un visiteur et il ne fallait pas que les deux captifs puissent se défaire de leurs liens pour l'attaquer. Cela ruinerait tous ses plans. Un raclement de gorge le fit se redresser et il se retrouva face à un homme encapuchonné, avec la veste de l'Akatsuki sur les épaules. Cela ne faisait pas très longtemps qu'il était entré dans l'organisation, mais il n'avait pas besoin de sa fidélité en ce moment, il voulait juste user de ses capacités.
« Kisame n'est pas avec vous, Itachi-san ? » Demanda le nouveau venu en remontant ses lunettes sur son nez.
« Il est allé faire quelques rondes et chercher quelqu'un pour se défouler. »
« Tant mieux, sa cervelle de poisson m'aurait déconcentré. Alors, pourquoi veux-tu que j'utilise la Réincarnation des Âmes ? »
« Shisui fut l'équipier de Naruto Uzumaki, ici présent, et peu avant son suicide, il m'a avoué lui avoir confié l'un de ses Sharingan. Toutefois Naruto n'en sait rien et il faut que ce soit Shisui lui-même qui le lui retire. »
« Naruto… » Siffla durement l'homme de l'Akatsuki.
« Arrête Kabuto. Si tu essayes de le tuer, ta tête tombera avant. Le Sharingan de Shisui ne primera pas sur le plan. Et Naruto est le plan. »
« Bien. » Sa voix claqua, il n'était pas vraiment convaincu. « Et pourquoi ne peux-tu pas le faire toi-même ? »
« Shisui a posé un sceau pour que personne ne puisse s'en emparer. Et si je le retire de force, nous nous retrouvions avec Kyuubi sur les bras. »
L'ancien bras droit du Sannin dresseur de serpents acquiesça, avant de se tourner vers le tombeau scellé de Shisui Uchiwa. Le jeune ninja était célèbre pour sa sagesse et son Sharingan que l'on qualifiait de surpuissant, le meilleur depuis Madara. Son suicide était également connu de tous et personne n'en connaissait encore les raisons, à part Itachi vraisemblablement. C'était un honneur pour lui de le ressusciter et de peut-être pouvoir voir cette pupille exceptionnelle. Il aurait aussi voulu pouvoir examiner le cadavre, mais le traître à son clan ne le laisserait pas faire, à son plus grand malheur. Quoi qu'il allait se retenir de venger son maître, peut-être aurait-il le droit à une petite récompense ?
Le tombeau ouvert, il activa sa technique et s'apprêta à mettre une restriction sur le corps de l'Uchiwa mort, on ne savait jamais ce qui pouvait passer dans la tête d'un cadavre, mais il sentit une violente douleur dans sa nuque et un voile de noirceur s'abattit devant lui. Itachi rattrapa le corps inerte de Kabuto et l'attacha solidement avant de le pousser du pied loin du cercueil de son meilleur ami décédé. Il regarda Shisui se réveiller d'entre les morts avec émotion. Tout comme Naruto, une partie de lui-même était morte avec son cousin le jour de son suicide et il avait l'impression de la sentir revivre au fond de lui. C'était une étrange et amère sensation car il savait qu'elle ne durerait pas, tout comme la technique de Kabuto. Cependant il chassa cette voix qui lui parlait du futur, il voulait se concentrer sur le présent pour l'instant, ce fut donc avec un doux sourire qu'il accueillit son meilleur ami.
Shisui regardait tout autour de lui, il était déboussolé et perdu. Il se souvenait parfaitement avoir sauté alors que faisait-il là ? N'était-il pas mort ? C'était impossible qu'il puisse avoir survécu à une telle chute ! Et puis… Comment se faisait-il qu'il puisse voir ? Il avait confié un œil à Itachi et l'autre lui avait été volé par Danzo pendant un traquenard. Tout cela n'était-il qu'un rêve ? Ou plutôt un cauchemar ? L'Uchiwa regarda autour de lui et il tomba sur le visage fin et adulte du génie de leur clan. Il s'était bien passé quelque chose… Peut-être était-il tombé dans le coma ? Les questions fourmillaient dans son esprit et il ouvrit la bouche pour toutes les poser, mais son cousin le devança :
« Je sais que tu as beaucoup de questions Shisui. Mais j'ignore de combien de temps nous disposons et Naruto a besoin de toi. »
Itachi savait qu'il avait toute l'attention du réincarné : son équipier à la chevelure dorée avait toujours été spécial à son cœur, il l'avait toujours considéré comme son petit frère en plus d'être son premier véritable ami en dehors du clan.
« Cela fait plus de quatre ans que tu es mort et Naruto continue d'en souffrir encore aujourd'hui. Je ne sais pas comment se porte ta mémoire, mais tu ne dois pas avoir oublié qu'à Konoha tout le monde le disait maudit. »
Shisui hocha la tête. Sa vue devait donc venir du soin que l'on donnait aux morts dans la famille : on lui avait mis des yeux quelconques pour qu'il ne monte pas au ciel aveugle.
« Le jour où tu as mis fin à tes jours, il a fini par ne plus pouvoir le supporter et cette malédiction dont on l'accusait s'est ancrée dans sa tête. Il s'est mis à penser que tout ce qu'on disait sur lui était vrai. »
Le mort-vivant fronça les sourcils et voulut répondre que cela n'avait aucun sens, mais Itachi leva la main pour le faire taire, il n'avait pas fini.
« Malheureusement comme tu le sais, la paix ne règne pas dans le monde et pour un ninja la mort est une vieille amie que l'on côtoie tous les jours. Et Naruto a vu nombre de ses amis et coéquipiers mourir sous ses yeux, donnant raison aux villageois. Shisui… Il est au bord du gouffre, vivre ne l'intéresse plus, il faut que tu fasses quelque chose pour lui. Tu as toujours été doué pour trouver les mots qu'il fallait et tout a commencé avec toi, je pense donc que seul toi peux briser sa malédiction. »
Itachi se leva et se dirigea vers le ninja aux yeux si bleus pour le détacher, laissant son cousin traiter les dernières informations qu'il avait reçues. Il ne pensait pas que Naruto serait autant affecté par sa mort… Enfin si, il s'en était douté, mais il avait espéré que le soutien d'Itachi, d'Hana et d'Asuma suffirait pour ne pas le laisser sombrer. Il regrettait sincèrement son geste : il avait mis fin à ses jours afin d'empêcher une guerre interne pour le pouvoir de ses yeux, mais il avait pris cette décision dans l'urgence, l'option de la facilité. Sûrement y avait-il une meilleure solution, plus longue, plus douloureuse, mais moins cruel pour tout ceux qu'il connaissait. Quelque part, il se sentait égoïstement heureux que sa mort ait autant affecté son ami blond, cela signifiait qu'il tenait énormément à lui, mais il s'en voulait aussi. Il allait devoir réparer les dégâts qu'il avait causés.
Shisui remarqua alors qu'il se trouvait assis dans un cercueil et il en sortit lentement, redécouvrant son corps alors qu'il avait l'impression d'avoir sauté de cette falaise il y a quelques minutes ou secondes à peine, quelle étrange sensation… Il s'approcha de l'endroit où Itachi l'attendait, une torche allumée à ses côtés. Il vit d'abord ce ninja de Konoha – d'après le bandeau frontal accroché à son bras – installé contre le mur de pierre, comme Naruto et il questionna l'autre Uchiwa du regard :
« Ils ressentent de fortes émotions l'un pour l'autre. J'ai pensé que cela pourrait aider qu'il soit là aussi pour Naruto. »
Le revenant renifla avec arrogance, il ne le connaissait pas assez pour lui confier son petit frère adoré. Toutefois si Itachi lui faisait confiance, il pouvait peut-être envisager d'en faire de même. En tout cas ce qui était sûr, c'est qu'il s'agissait d'un Nara et il ne pensait pas prendre de risque en pariant sur le fils de Shikaku. Puis toute son attention se reporta sur celui qu'il appelait affectueusement « petit frère » mais qui était maintenant plus grand et plus âgé que lui. Il était devenu un beau jeune homme avec sa chevelure toujours aussi solaire, tombant à ses épaules pour les mèches les plus longues dans sa nuque, avec ses traits mâtures sur son visage ayant perdu les dernières rondeurs de l'enfance, avec les trois moustaches sur chaque joue qui lui donnait des airs de renard rusé, avec son corps musclé et élancé. Il était fier de ce qu'il était devenu et il ne voulait pas le voir rejoindre prématurément le royaume des morts comme lui, surtout s'il avait enfin trouvé quelqu'un pour veiller sur lui.
La main de Shisui vint cajoler la joue du Jonin, retraçant du pouce la moustache sur la plus haute, sur sa pommette. Naruto pencha la tête sur le côté, se collant un peu plus à cette main chaude et rassurante, comme s'il reconnaissait le toucher familier de son meilleur ami et coéquipier mort. Il papillonna doucement des yeux, sortant de son inconscience et son regard bleu accrocha immédiatement les puits d'encre d'un Uchiwa qu'il ne connaissait que trop bien. Son cœur se mit à battre plus rapidement dans sa poitrine et son corps tout entier se réchauffa à cette simple vue. Quelque chose semblait reprendre vie en lui, comme Itachi avant lui, mais il n'osa pas prononcer un mot, retenant même sa respiration, croyant que le moindre son briserait le mirage qui se tenait face à lui. Shisui sourit doucement, amusé par les réactions si enfantines de l'adulte et il souffla dans un murmure :
« Je suis de retour, Naruto. »
Et le blond fondit en larmes tout en se jetant dans ses bras.
oOo
Le Conseil de Konoha était réuni depuis maintenant trois heures. Ils discutaient des récents événements qui avaient secoués le village ninja du pays du feu : le kidnapping de Naruto Uzumaki, Jinchuriki de Kyuubi et Shikamaru Nara, Chunin fraîchement promu, par Itachi Uchiwa et Kisame Hoshigaki, deux membres de l'Akatsuki la recherche active de ce quatuor singulier et l'échec des battues le retour de Naruto Uzumaki et Shikamaru Nara accompagné d'Itachi Uchiwa, de Kisame Hoshigaki et Kabuto Yakushi, les deux derniers en tant que prisonniers le secret levé sur le « traître » Uchiwa et sur sa mission d'infiltration de l'Akatsuki après avoir empêché un coup d'état de son propre clan.
Itachi venait de finir justement son rapport détaillé sur les activités de l'organisation qu'il avait été chargé d'étudier de l'intérieur et il avait dû justifier de tous ses actes ou presque. Hiruzen avait immédiatement ordonné que les objectifs de l'Akatsuki soient transmis aux autres villages, malgré les râles de Danzo qui aurait voulu faire payer ces informations capitales. L'Hokage n'avait pas tenu compte de ses remarques et lui avait placidement fait la remarque qu'ils risquaient d'entrer en guerre et que ce n'était guère le moment de faire des vagues avec leurs possibles futurs alliés. Shikamaru dut ensuite rapidement faire un rapport sur ce qu'il s'était passé pendant le temps où il fut enlevé, mais il ne pipa mot sur la réincarnation de Shisui comme le lui avait demandé Itachi.
Le Nara avait beaucoup apprécié cet Uchiwa pour les quelques minutes pendant lesquelles ils avaient parlés. Il se souvenait des descriptions d'Hana et Naruto à son sujet et elles étaient fidèles au personnage. Après un long débat où il avait effacé toutes les peurs du blond et où il avait réussi à le convaincre que rien n'était de sa faute – Shikamaru avait cependant été vexé de voir que ces paroles avaient eu plus d'impact que les siennes pourtant similaires – il avait confié Naruto à Shikamaru, sous les rougissements du premier qui avait grommelé qu'il savait se débrouiller tout seul, car il savait que le Jonin aurait encore besoin de temps et de soutient pour se défaire complètement de ses quatre années de malédiction. Le Nara se souvenait d'ailleurs encore des dernières paroles du mort-vivant :
« Je compte sur toi pour être à ses côtés, Nara. Vous formez un couple si mignon, ce serait dommage que je doive revenir te hanter car tu aurais fait pleurer mon petit frère. »
Cette phrase dite sur le ton de la plaisanterie n'en sous-entendait pas moins une réelle menace et puis, il les avait appelés « couple » … Shikamaru aurait bien voulu que ce soit aussi facile, mais il savait que même pour cette relation Naruto avait encore du chemin à faire. Pour autant, il ne se décourageait pas et le mutisme de son aîné l'avait convaincu qu'ils étaient sur la bonne voie.
Le Conseil n'avait aucun problème à réintégrer Itachi, qui avait donc décidé de mettre fin à sa mission d'infiltration après avoir obtenu les derniers renseignements qu'il lui fallait, après tout l'Uchiwa était un espion à leur solde et il avait parfaitement accompli son travail, ils n'avaient donc aucune raison de lui fermer les portes du village. Et Shikamaru n'avait été qu'une victime collatérale de cette mission, ils n'avaient eu aucun doute sur ses intentions et cette convocation ainsi que le rapport demandé, n'était que des formalités. Cependant le cas de Naruto était tout autre. Le Conseil était divisé à son sujet. D'un côté, il y avait ceux qui pensaient que comme le fils de Shikaku, il n'avait été qu'une victime permettant d'accéder aux dernières informations sur l'organisation qui menaçait l'équilibre du monde ninja. Et de l'autre, à la lumière de ces dites dernières informations, il y avait ceux qui doutaient désormais de son intégrité et de sa loyauté à Konoha.
En effet, en capturant le Jinchuriki de Kyuubi, Itachi avait enfin pu faire la lumière sur les derniers points du plan de l'Akatsuki : le groupe comptait sacrifier les Démons à Queues afin de pouvoir libérer Juubi de sa prison lunaire, grâce au projet « Œil de Lune ». Toutefois pour contrôler ce monstre de puissance, Nagato avait prévu d'utiliser le Jinchuriki de Kyuubi, Naruto lui-même, pour en faire le porteur. Grâce au sang des Uzumaki qui coulaient dans ses veines, le blond ne serait pas mort de l'extraction de Kurama et ils auraient ainsi pu réimplanter le Juubi dans son corps. Bien évidemment, l'ancien élève de Jiraya comptait rallier le ninja de Konoha à leur cause avant la dernière phase du plan, ainsi il aurait été fidèle à l'organisation et il aurait mené leur guerre de paix en première ligne.
Avec ces révélations, une grande partie du Conseil s'était mis à soupçonner Naruto d'avoir déjà commencer à basculer du côté des ennemis pour obtenir le pouvoir et la force de détruire le monde. Le fait qu'il se soit presque laissé kidnapper n'avait fait que renforcer les soupçons de certains, après tout pourquoi n'avait-il pas répliqué s'il était vraiment de leur côté ? Il savait pourtant qu'il était une cible primordiale pour l'organisation ennemi et il n'avait pas tenté de s'échapper. Les deux parties en discutaient d'ailleurs en ce moment même devant le principal concerné, comme s'il n'existait pas. Shikamaru n'aimait pas les mots qu'ils employaient pour désigner l'homme qu'il aimait, ni le doute qu'ils osaient mettre sur sa loyauté au village : il subissait leur haine depuis sa naissance et pourtant il continuait de se sacrifier lors de missions toutes plus dangereuses les unes que les autres, n'était-ce pas suffisant à leurs yeux ? Itachi non plus n'aimait pas ce qu'il se passait devant lui et il décida d'intervenir.
Puisque tout le monde semblait l'avoir oublié, il leur rappela, d'une voix posée mais assez autoritaire pour que tout le monde se taise instantanément afin de le laisser parler, que Naruto s'était toujours interposé entre l'ennemi et le village, que malgré les blessés ou les morts, toutes les missions qui lui avaient été confiés, comme ANBU, Jonin, Chunin ou Genin, avaient toujours été remplies. Que même contre lui, il n'avait pas baissé les bras et que s'il avait privilégie la survie de son équipier, il s'était pourtant tenu près à les affronter seul et que sa défaite n'avait été due qu'à une blessure antérieure qui l'avait rendue plus vulnérable et, il osait soumettre cette hypothèse car il savait comme Konoha fonctionnait avec le porteur du Démon Renard, sûrement à cause de l'absence de repos entre les missions de jours et de nuits. En conséquence, ils n'avaient rien à reprocher à Naruto, surtout en sachant que c'était grâce à cet enlèvement qu'il avait enfin pu obtenir les informations qui lui manquaient lui les intentions de l'Akatsuki.
« Et puis il n'a plus dix ans, jamais il ne se serait laissé endoctriné par l'organisation. Il tient trop à ce village et aux villageois qui y vivent pour leur faire la guerre et les tuer, même au nom de la paix. Je l'ai vu dès que nos regards se sont croisés, sa détermination n'a pas changée depuis que je suis parti : il est prêt à mourir pour Konoha. »
Sincèrement, comment avaient-ils pu louper cette partie si primordiale : Naruto s'était toujours battu pour son village et il n'avait plus l'âge de se faire retourner le cerveau, même sous la torture et le stress. Malgré l'impuissance qu'il pouvait ressentir, il n'aurait jamais cédé à l'Akatsuki et il n'aurait jamais accepté que l'on détruise ce pour quoi il s'était sacrifié toute sa vie ! Les soupçons des conseillers en devenaient ridicules ! Itachi se demandait presque comment le blond faisait pour toujours se laisser faire et ne jamais dire non, car il ne voyait pas l'intérêt du village à travers ses brimades sans fondements.
Naruto fit un pas en avant, profitant du silence que les paroles d'Itachi avaient engendré : tous réfléchissaient à ce que venait de dire l'Uchiwa, mais ils avaient tous du mal à se remettre en cause, leur fierté le leur empêchait.
« S'il vous plait, laissez-moi continuer d'être le bouclier de Konoha. Je veux protéger ma maison et ma famille. » Demanda respectueusement et solennellement le Jinchuriki de Kyuubi.
Pour beaucoup, c'était la première fois qu'il entendait l'ancien ANBU parler, celui acceptait toujours la sentence qu'on lui donnait, sans jamais se plaindre, ni prononcer le moindre mot. Ses paroles, en plus de surprendre le Conseil par son intervention, choquèrent l'intégralité des personnes présentes, Shikamaru, Itachi et Hiruzen également. Evidemment, les ninjas étaient considérés comme des armes au village et le Jinchuriki de Kyuubi d'autant plus, mais jamais ils n'avaient entendu un ninja parler de lui-même en ces termes. Ceux qui connaissait en tant soit peu le ninja à la chevelure blonde ne s'étonnait pas de son dévouement, contrairement aux autres membres du Conseil, mais ils avaient pensé que pour une fois, Naruto essayerait de se défendre, ce qu'il n'avait finalement pas fait… C'était lui tout craché et Shikamaru se dit que cette détermination à protéger tout le monde avait beaucoup influencé ses sentiments pour son aîné, d'ailleurs il les sentait gonfler un peu plus. Si jamais il avait encore des doutes, ils venaient d'être balayer loin, très loin. Naruto voulait trop bien faire et il était presque trop gentil pour son propre bien, mais il était très bien comme ça.
oOo
Shikamaru abattit sa dernière pièce et sa tête bascula en arrière, dénouant sa nuque crispée d'être restée penchée trop longtemps vers le plateau. Il venait de gagner cette partie de shogi in-extremis. Ce ne fut pas de tout repos car Naruto était un bon adversaire, même après plus de deux ans à jouer ensemble et cette fois-ci il ne travaillait sur quelque chose d'autre en parallèle. Pour autant, il avait réussi à maintenir sa série de victoires successives : cela faisait maintenant une quinzaine de parties qu'il ne perdait plus contre le blond, mais il sentait que la prochaine fois, ce ne serait pas pareil. De toute façon cela faisait un moment qu'il était remonté au score et qu'il remportait désormais la majorité de leurs parties.
Une douce brise tiède caressa son visage et il tourna la tête vers le jardin de sa maison, toujours aussi impeccablement entretenu par sa mère. Ses parents avaient plutôt bien accepté sa préférence pour les hommes – quoiqu'il n'avait jamais rien ressenti pour quelqu'un d'autre que son petit blond, homme ou femme – et plus particulièrement sa mise en couple avec Naruto : ils s'étaient contentés de le féliciter d'avoir trouvé quelqu'un à aimer. Il se souvint de toutes ces journées où il avait dû insister encore et encore, pour que le Jinchuriki accepte enfin qu'ils aient une vraie relation : leur amour réciproque était évident pour eux deux mais l'ancien ANBU avait longtemps résisté à ses avances, car il ne voulait pas que le Nara soit exclu ou méprisé par le village à cause de lui.
Shikamaru n'avait jamais été aussi persévérant que pendant cette période où il était revenu à la charge dès qu'il le pouvait, notamment en lui arrachant régulièrement des baisers passionnés et brûlants. Sa fulgurante croissance – il dépassait maintenant Naruto de cinq bons centimètres – l'avait rendu plus sexy que jamais d'après Ino et cela avait joué aussi en sa faveur, toujours selon les dires de la jeune blonde. Il ne savait pas si c'était vraiment le cas, mais si jamais elle avait raison et bien il remerciait ses gênes de s'être alliés à lui, afin de faire flancher celui qui était désormais son petit-ami.
Naruto observait à la dérobée le profil serein du brun et il sentit son cœur rater un battement. Il le trouvait déjà beau à leur première rencontre, mais ces derniers temps il ne cessait de devenir plus désirable : il était vraisemblablement de ceux qui gagnaient en charme au fil des ans. Pourtant le ninja aux yeux bleus ne s'était jamais sentit attiré par Shikaku qui ressemblait énormément à son fils, seul ce dernier échauffait son corps et son cœur. Niaisement il se disait parfois qu'il n'aimerait jamais que Shikamaru car ils étaient liés par le fil rouge du destin. C'était très enfantin et très peu viril comme façon de penser, mais cela le rassurait et le rendait bêtement heureux.
Alors qu'il rangeait machinalement les pièces de shogi, tout en continuant de regarder amoureusement son cadet, il vit ce dernier se redresser pour s'avancer vers lui. Naruto lui lança un regard interrogateur pour savoir ce qu'il voulait, mais comme seule réponse une paire de lèvres chaude et passionnée s'empara de sa bouche muette. Son cerveau ne comprenait pas très bien ce qu'il se passait, toutefois son corps avait depuis longtemps appris à agir seul. Le blond passa donc par réflexe ses bras autour du cou de Shikamaru, s'accrochant à lui et le forçant à se rapprocher un peu plus. Il se sentit partir en arrière et quand il rouvrit les yeux – il les avait fermés ? – la vue qui s'offrait à lui le fit violemment rougir comme une pré-adolescente vierge. Mais il y avait de quoi car le brun se tenait au-dessus de lui, ses bras de chaque côté de son visage, le soleil en contre-jour assombrissait ses traits et lui donnait des airs de prédateur devant sa proie, tandis que ses brillaient d'un désir non-feint. Ils restèrent un long moment ainsi à se dévorer du regard, jusqu'à ce que Shikamaru brise enfin le silence :
« Si nous n'étions pas chez mes parents, je t'aurais enfermé dans la chambre pour le reste de la journée. »
« Shikamaru… » Grogna Naruto, d'envie ou d'exaspération il ne le savait pas lui-même.
« Plus que trois mois. » Souffla le susnommé à son oreille. « Trois mois et on pourra enfin être seuls et tranquilles chez nous. »
Naruto frémit d'impatience à ces derniers mots, non pas à cause des journées qu'ils passeraient dans leur chambre comme le proposait Shikamaru bien que l'idée soit alléchante – une autre chose d'ailleurs pour laquelle le manipulateur d'ombres se fatiguait difficilement – mais parce qu'il aurait enfin un endroit où revenir et où quelqu'un l'attendrait toujours, un endroit où enfin on lui répondre quand il annoncera son retour… Le blond se redressa sur ses coudes et embrassa son petit-ami du bout des lèvres, en lui souriant amoureusement :
« J'ai hâte. »
Shikamaru sourit aussi doucement et se releva – s'il ne se reprenait pas rapidement, il allait s'occuper de lui et de ses fesses, maison parentale ou pas. Il l'aida ensuite à se remettre sur ses pieds et ne lui lâcha pas la main, la serrant dans le sienne.
« A quelle heure tu finis aujourd'hui ? »
« A 14h30, ils ont un exercice de lancer de shurikens après le déjeuner. »
« Le premier de l'année n'est-ce pas ? »
« Oui, cela fait deux semaines qu'ils sont intenables, même Itachi commençait à en avoir assez. » Rigola joyeusement le blondinet.
Il y a deux ans, Tsunade avait succédé à Hiruzen et elle fait le ménage parmi les membres du Conseil, remerciant tous ceux aux pensées extrémistes et obsolètes. Son attention avait ensuite été attiré par son prédécesseur, sur le cas spécial de Naruto : Jinchuriki, professeur assistant et ANBU à mi-temps. Lors d'une convocation, la nouvelle Hokage lui avait clairement fait comprendre que Konoha ne pourrait pas se passer de son pouvoir de porteur de Kyuubi, ce serait un suicide politique, mais la Godaime estimait que la moindre des choses serait de respecter au mieux ses envies. Elle lui avait alors demandé quel poste souhaitait-il avoir ou quel métier souhaitait-il exercer : Tsunade ferait en sorte qu'il soit muté ou qu'il reçoive les fonds nécessaires pour ouvrir son propre établissement car pour elle, Naruto avait fait énormément pour le village sans compensation, elle tenait donc à remédier ce point. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour répondre : il souhaitait enseigner aux enfants l'importance de la camaraderie et la détermination de ne jamais baisser les bras face à l'adversité.
Ce fut un peu compliqué pour la nouvelle Hokage de faire accepter le blond à ce poste, mais elle n'avait pas pu lui refuser lorsqu'elle avait vu son regard pétillant de joie et d'énergie, sans compter qu'elle ne revenait sur sa parole ! Elle avait réussi, à renfort d'arguments et de menaces, à le faire nommer professeur à l'Académie ninja de Konoha ! Shikamaru était content de le voir si heureux à faire ce qu'il faisait de mieux : transmettre aux autres. Et si les villageois étaient encore, pour la plupart, mitigé à son sujet, Naruto était déjà le professeur préféré des nouvelles générations et il se faisait enfin accepté au sein de son village, car il en était sûr, les parents suivraient leurs enfants quand ils se seront rendu compte pour de bon de sa bonne volonté.
Encore trois mois et Shikamaru aurait 18 ans. Encore trois mois et il ne pourra plus être plus heureux qu'il ne le sera. La malédiction l'avait définitivement quittée et il vivait enfin la vie qu'il méritait aux côtés des gens qu'il aimait et qui l'aimaient. Il ne pouvait rêver d'un futur meilleur. Mais pour l'instant, il devait se concentrer sur les petites piles électriques qu'il allait devoir gérer cette après-midi avec Itachi ! Cela n'allait pas être de tout repos, pourtant il adorait ses élèves et ils le lui rendaient bien.
FIN
°0o0°
Informations complémentaires :
Pour ceux qui ne l'auraient pas compris, il s'est passé à peu près deux ans entre l'avant dernier paragraphe et le dernier paragraphe x) Shikamaru va donc bientôt avoir 18 ans, à trois mois près donc ils sont en mai-juin et Naruto a 20 ans (son anniversaire étant en octobre)
Je suppose que vous n'êtes pas nombreux à vous en souvenir, mais Fukuro, le partenaire de Naruto blessé au tout début, est aussi finalement sortit du coma et il va bien, ouais ! Son témoignage a d'ailleurs participé à l'acception de Naruto au sein du village.
Concernant Itachi, il est lui-aussi devenu professeur à l'Académie de ninja (j'avais envie, c'est tout xD) et il a réintégrer les rangs de Konoha. Sasuke lui en a encore voulu quelques semaines, mais les paroles de Naruto ont joué leur rôle et il a pris le temps de réfléchir. Donc il a fini par ne plus lui faire la tête et ils ont de nouveau habité ensemble dans leur ancienne maison. Tout est bien qui finit bien x)
Mais pas de vengeance à l'horizon et la Racine est définitivement démantelé par Tsunade et Danzo est en prison pour avoir profaner les tombes des Uchiwa (mais pas pour le massacre car c'était une mission comme une autre malheureusement) et c'est Hiruzen qui l'a dénoncé pour avoir la conscience tranquille. Voilà pour ceux qui auraient voulu avoir un peu plus d'informations sur le sujet.
J'aurais pu en parler dans le Two-Shot, mais il était déjà assez long comme ça et cela devait se terminer, donc c'est pour ça que ses infos se trouvent ici )
Notre de fin :
Mes amis… Notre périple est terminé ! Ici s'arrête l'histoire de la malédiction de la mort et de l'impuissance de Naruto face à celle-ci ! Au départ le titre était « la malédiction du démon renard » mais cela ne convenait pas car finalement c'est parce que les gens meurent autour de lui que notre blondinet préféré se croyait maudit et pas à cause de Kyuubi. Ce n'était pas très joyeux, surtout cette dernière partie, c'est vrai. Mais en même temps, le monde des ninjas n'est pas si joyeux que ça, malgré les techniques trop badass, les ninjas passent leur temps à tuer et à voir les autres mourir. Sans bons remparts, on ne peut pas résister à ces visions.
Mais bon, j'aime bien Naru-chan alors il fallait qu'il se ressaisisse et qu'il redevienne le bon vieux ninja imprévisible qu'on connait tous ! Pour ceux qui me diront qu'ils ne comprennent pas pourquoi Shisui a réussi à lui faire entendre raison et pas les autres… C'est tout simplement parce que c'est sa mort qui a détruit les remparts, alors pour moi il était logique qu'il repose les premières pierres. Enfin bref, j'espère que vous avez aimé ce Naruto plus vieux et plus sage ! Et tout ça c'est parce qu'il n'a pas rencontré Jiraya en fait ! Si, si j'en suis sûr mdr
Bon, à la prochaine chers lecteurs et si jamais vous êtes d'humeur, laissez-moi une petite review )
Tags : nar:ts, nar:t, nar:romance, nar:hurt/comfort, malédiction de la mort
-
Commentaires