• Katekyo Hitman Reborn - Two Shot - Prothèse Partie 2/2

     

    Mot d'Ordre : Prothèse

    Définition : Aide technique destinée à remplacer en tout ou en partie un organe ou un membre.

    Univers : Semi-UA

    Pairing : Squalo x Tsuna

    Commande : Pour Alycia Panther

    °0o0°

    Prothèse partie 2

    Le Varia relut la lettre plusieurs fois : ce n'était pas possible… Pas lui ! Pourquoi Tsuna ? Pourquoi son Tsuna ? Il n'avait rien à voir avec la Mafia ! Ce n'était pas possible ! Complètement improbable ! Squalo ne remarqua même pas la fureur de son ami et boss, il devait aller le voir, lui parler, vérifier – se convaincre – qu'il ne s'agissait pas de la même personne. Tsuna lui aurait menti pendant tout ce temps ? Non, impossible ! Alors que cela signifiait-il ?

    Squalo ne fit même pas attention à Xanxus qui semblait être sur le point de faire exploser la base pour calmer sa colère. Il avait plus important à faire et à penser. En fait, Tsunayoshi obnubilait toutes ses pensées. Il n'attrapa même pas de veste pour se couvrir et se rua plutôt jusqu'au manoir Vongola. Il voulait en avoir le cœur net, il voulait savoir jusqu'à quel point il avait été trompé… Son amant était bien trop gentil et souriant pour faire partit de leur monde ! Ou alors n'était-ce qu'un masque qu'il avait vêtu pour se cacher et le manipuler ? Il se rendit compte de l'absurdité de ses propos : le premier à avoir dissimulé la vérité, c'était lui… Avait-il le droit de lui faire face alors dans ses conditions… ?

    oOo

    Deux semaines auparavant…

    Tsunayoshi suivait silencieusement Coyote qui le guidait à travers les dédales de couloirs du grand manoir dans lequel il était entré. Il se rappelait vaguement de quelques souvenirs qu'il s'était fait en ces lieux, mais il laissait tout de même le bras droit de Timothéo lui indiquer le chemin. Ils croisaient parfois un tableau qu'il reconnaissait vaguement mais il n'aurait su dire avec certitude où il se trouvait. Vu de l'extérieur, le bâtiment ne semblait pourtant pas si grand. Il avait même l'impression qu'ils tournaient en rond à vrai dire… Il fronça les sourcils et s'apprêta à demander au vieil homme ce qu'il en était réellement, mais ils arrivèrent devant une majestueuse double porte et la mafieux le laissa là.

    Coyote ne pût empêcher un sourire discret jour avec sa moustache. Il avait fait exprès de prendre un détour démesurément grand pour tester un peu son intuition. Une capacité en soi obligatoire pour tout Boss Vongola qui se respecte. Et le jeune homme avait réussi son test d'après sa mine interrogative. Il ne savait pas ce que venait faire ici le fils d'Iemitsu, mais il était heureux malgré tout de le voir en meilleur état que lors de leur première rencontre. Il se souvenait encore de la loque à laquelle il avait dû faire face il y a quelques années de cela, après qu'il est perdu sa jambe. En apprenant pour l'attentat, son Boss avait insisté pour aller au chevet de celui qu'il considérait comme son petit-fils, celui même qu'il avait nommé comme son successeur possible.

    En arrivant, Croquant et Visconti avaient été chargés de vérifier que cette bombe n'avait justement pas un lien avec la Mafia : une manière comme une autre de mettre le futur Decimo hors compétition, mais il s'était révélé que ce n'était qu'un pur hasard. Pendant ce temps, il avait accompagné le Nono avec Brabanters, aller voir Tsunayoshi. Il l'avait de temps à autres croisés dans les couloirs du manoir Vongola, quand l'enfant venait en vacances en Italie avec son père et sa mère, et il lui avait toujours semblé plein de vie et de joie. Ce qu'il avait vu dans cette chambre d'hôpital, ce n'était qu'un adolescent mort de l'intérieur. Ses yeux caramels étaient ternes et sans vie. Une profonde tristesse s'y lisait et un immense dégoût de soi-même. Un corps fin, presque rachitique, et des joues creusés par la fatigue et le refus de se nourrir. Et puis il y avait cet affaissement anormal en dessous de sa cuisse gauche. Nul besoin d'être médecin, diplômé d'un quelconque diplôme médical, ou d'avoir été présent sur les lieux pour savoir qu'on l'avait amputé. Et pas à moitié, c'était le cas de le dire. A ses yeux, l'adolescent n'avait plus aucun avenir et reprendre la tête des Vongolas lui serait impossible.

    Mais aujourd'hui, il en venait à douter. Et il était heureux quelque part de ce constat : ses yeux brillaient de nouveau de joie et d'un nouveau départ, il avait repris du muscle et il mangeait de nouveau normalement, et il se tenait sur ses deux jambes. Coyote connaissait les progrès que pouvait faire la science, mais il n'aurait jamais cru voir un tel « miracle » un jour. C'est comme si rien de ne s'était passé pour le jeune homme. Enfin… Sa prothèse était quand même là pour lui rappeler la dure réalité. Il attendait sagement devant la porte, fusillant du regard tous les hommes qui souhaitaient remettre un rapport au Nono, mais il était lui-même curieux de savoir ce que se disaient les deux hommes. Oui d'ailleurs, pourquoi Tsunayoshi était-il venu ? Il entrouvrit la porte et quelques bribes de conversations lui parvinrent :

    « Alors Squalo aussi est de la Mafia ? »

    « Comment… ? »

    « Mon intuition je dirais… Je sentais qu'il me cachait quelque chose. Et puis il y a eu ce coup de fil à un certain Xanxus aussi… »

    « Je vois… »

    « Et moi qui croyais que c'était quelque chose comme une entreprise familiale… » Murmura Tsunayoshi avec un brin d'ironie.

    Alors comme ça, Nono lui avait dit la vérité ? Pour la Mafia, pour les Vongolas, pour eux… ?

    « Tu as peut-être besoin de temps pour prendre ta décision ? »

    « Non, c'est bon. »

    oOo

    Squalo entra dans le manoir en courant. Les mafieux postés en sécurité le regardèrent passer en haussant les épaules. Ils avaient faillis ne pas reconnaitre le bras droit de Xanxus : d'ordinaire on l'entendait bien cinq à dix minutes avant qu'il ne pointe le bout de son nez, à cause de son cri surpuissant et particulièrement sonores, ainsi que les innombrables jurons qu'il balançait toujours à droite et à gauche. Mais la longue chevelure blanche et l'épée ne laissait place à aucun doute sur l'identité du visiteur. Ce qu'ils se demandaient tous, c'était bien sûr ce qu'il venait faire ici. Il n'était pas rare de voir le requin débarquer au manoir sans prévenir avant, mais il était rarement seul comme aujourd'hui. Généralement il venait en baby-sitter pour surveiller son supérieur ou l'un de ses subordonnées. Mais là c'était différent…

    Dès qu'il franchit la porte de l'immense bâtisse, il attrapa la première domestique qu'il trouva sur son chemin et l'empoigna pour la secouer.

    « Où se trouve Tsunayoshi ?! »

    La pauvre demoiselle commençait à avoir des nausées et était bien incapable de répondre. Heureusement pour elle, l'intendant n'était pas encore sénile et il venait à sa rescousse. Il ordonna expressément à Squalo de se calmer et que maltraiter le personnel ne servirait qu'à le mettre dehors. Puis, en bon diplomate il proposa de l'accompagner jusqu'à la chambre de Sieur Vongola s'il baissait le ton et qu'il lâchait la jeune femme. Sa demande fut immédiatement accomplie et une domestique à terre plus tard, il suivait le vieil homme en le questionnant :

    « Comment ça "Vongola" ? Ce n'était pas "Sawada" son nom de famille ? »

    « Si, et c'est encore le cas, mais lors de la cérémonie de passage, il changera de nom et c'est mieux pour les domestiques de tout de suite prendre cette habitude pour éviter de se tromper plus tard. »

    « C'est donc… Certain… »

    « Vous en doutiez ? J'ai pourtant moi-même fait envoyer les invitations. C'est désormais irrémédiable. »

    « Je vois… »

    Squalo était encore bouleversé par tout ça. A ses yeux, tout allait trop vite, il y a encore cinq mois, Tsuna marchait enfin sur ses deux jambes et il retrouvait la vie d'une personne normale. Et maintenant, il devenait le Vongola Decimo ? Dans toute cette histoire, il avait complètement oublié Xanxus qui semblait fou de rage lorsqu'il était parti tout à l'heure – maintenant qu'il s'en rappelait ! Il le comprenait quelque part, mais là c'était Tsunayoshi la priorité. Ils s'arrêtèrent enfin devant une porte et Squalo s'étonna de se trouver devant les archives. Ils n'y avaient quand même pas enfermés le brun dedans ? Il ouvrit la porte et vit son amant se figer, alors que quelques secondes avant il faisait les cents pas devant un Brabanters confortablement installé.

    Oh apparemment, il s'agissait d'une leçon de révision ou quelque chose comme ça. Un coup d'œil au Gardien de la Pluie de son Grand Père lui permit d'obtenir l'autorisation de parler un moment avec l'assassin de la Varia. Ce dernier se leva et partit attendre un peu plus loin, remarquant du coin de l'œil que les deux hommes semblaient avoir exclu de leur monde, tout ce qui se trouvait autour d'eux, et que l'air se chargeait progressivement en phéromones sexuelles. Quelle était la relation de ses deux-là ?

    Squalo se demandait maintenant ce qu'il devait faire ou même dire… Il avait fait tout le chemin jusqu'ici sans y réfléchir. Enfin si, il voulait demander des explications à Tsuna sur toute cette histoire de succession, toutefois l'intendant avait en partie répondu à cette question. Son plus gros problème relevait cependant d'une aphasie soudaine : aucun mot ne voulait sortir de sa gorge et il sentait que même s'il y arrivait, il bégayerait comme un gamin de primaire devant son amoureuse. L'image ne lui plaisait pas et il ne voulait absolument pas refléter cela aux yeux de Tsunayoshi. Mais que faire ? Il n'eut pas le temps de se poser plus de questions, car dès que la porte se referma sur l'homme à la cicatrice, son amant se jeta presque sur lui pour l'embrasser à pleine bouche.

    Surpris et ne s'y attendant pas du tout, il tomba en arrière et le bruit de la prothèse métallique de Tsuna claquant contre le sol résonna dans la pièce vide. Aucun de leur baiser échangé n'avait été aussi enfiévré et profond. Pourtant ce n'était pas de l'excitation qu'il ressentait en ce moment, mais un lourd sentiment de tristesse… Il comprit que ce n'était pas le sien quand des larmes tombèrent sur ses joues. C'était la première fois qu'il voyait Tsunayoshi pleuré vraiment et cela lui fit un choc… Il ne pensait que le jeune homme était dans un tel état : il était si calme et posé il y a encore une minute !

    « Désolé… » Fit la voix chevrotante du châtain. « C'est que… J'ai eu tellement peur pour toi… Ces deux semaines étaient sûrement les pires de toute ma vie… »

    « Et la lumière fut » comme dit la célèbre métaphore. L'assassin comprit ce qui secouait autant son amant… Il avait appris tout ce qu'il fallait sur la Mafia – ou il était en train de l'apprendre – et donc tout naturellement, il savait maintenant ce qu'il faisait et cela l'avait tourmenté pendant tout ce temps…

    « Je t'interdis de me quitter désormais… Tu as compris ? » Souffla Tsuna, la gorge nouée.

    « D'accord, c'est toi le Boss après tout. » Sourit Squalo avant de lui voler un autre baiser.

    Il avait juré de servir Xanxus et c'est ce qu'il avait fait pendant toutes ses années… Mais là… Il ne pouvait tout simplement pas laisser son petit-ami dans un tel état constamment. De plus, il était pratiquement sûr que le Varia souhaiterait engager une guerre contre le brun, et jamais il ne pourrait se résoudre à l'affronter. C'était cruel et son revirement serait mal pris par tous, mais il valait mieux pour Tsuna et lui qu'il coupe les ponts avec le fils adoptif du Nono. Beaucoup dirait qu'il ne rechercherait qu'une position, de la gloire et peut-être du pouvoir, mais peu importe ce qu'ils pouvaient chuchoter entre eux. Seul peut-être l'avis de Xanxus de ses autres coéquipiers l'intéresserait, mais il le connaissait déjà, malheureusement. On le traiterait de traître et il serait méprisé. Mais faire souffrir le châtain qui l'aimait de tout son cœur et qu'il aimait de la même façon, lui brisait bien plus le cœur. Alors il allait prendre ce risque, il ne s'éloignerait plus jamais de Tsunayoshi et resterait toujours à ses côtés, au prix de tous les sacrifices.

    oOo

    Tsunayoshi entendait vaguement la sirène des pompiers et des ambulances rugirent au loin. Mais il avait perdu tout espoir de revoir un jour la lumière du soleil : cela faisait maintenant des heures qu'il était coincé ici et un bon moment déjà que les sirènes hurlaient de l'espoir aux victimes. A quelques mètres de là, Takeshi s'était endormi pour ne plus jamais se réveiller… Inutile d'être médecin pour le savoir : son ami était peut-être insouciant mais pas au point de s'endormir dans une telle situation et ce n'était pas le choc qui l'avait assommé… Pas très loin, Kyoko et Haru étaient toutes les deux dans le même état… Elles étaient assez proches pour s'attraper la main quand elles avaient rendues leur dernier souffle et heureusement pour les deux amis, elles étaient parties en même temps – il n'osait pas imaginer la tristesse de l'une si l'autre était morte la première… Takeshi n'avait pu se réconforter avec personne, mais Tsuna avait fait l'effort de sourire jusqu'au bout quand son ami lui avait soufflé entre deux respirations saccadées qu'il avait de plus en plus froid et sommeil… Mais finalement les larmes avaient coulées, misérables traîtresses, quand il avait vu la vie s'éteindre dans ses yeux autrefois rieurs et si joyeux… Et lui… Lui il était toujours en vie… Pourquoi ne pouvait-il pas quitter ce monde comme tous les autres… ? Qu'avait-il fait pour être obligé de subir ça… ? Quel était son crime… ?

    « Par-là ! Il y a un survivant ! » S'écria un urgentiste qui était arrivé à se faufiler entre les gravats.

    Il avait pris le pouls des trois autres adolescents présents, par pur professionnalisme, mais il était évident au vue de tout ce sang et leur inconscience, qu'ils étaient morts… Il s'approcha du dernier enfant encore en vie et lui sourit pour tenter de le rassurer.

    « Tout va bien se passer, on va te sortir de là et tu retrouveras ta famille. Nous sommes là pour t'aider. »

    Toujours les mêmes mensonges, les victimes ne pourraient jamais se remettre d'une telle épreuve, ils en garderaient des séquelles à vie. Mais généralement, l'espoir et l'adrénaline permettaient à leurs rescapés d'y croire : tout était fini, ils étaient sauvés après tout. Mais pour la première fois, ce ne fut pas un regard plein de reconnaissance que reçut le pompier… Non, celui-ci était plein de haine et de colère… C'était une première pour l'homme et il ne comprenait pas la raison d'un tel sentiment à son égard : il aurait dû être considéré comme un sauveur, pas comme un bourreau aux yeux de cet enfant…

    Sa surprise en fut d'autant plus grande quand les larmes coulèrent sur le visage du garçon. Puis il regarda autour de lui, discrètement, pour savoir ce qui le mettait dans un tel état et ses yeux retombèrent sur les cadavres des trois autres adolescents… Il lui en voulait ? Il lui en voulait de ne pas avoir été là pour les sauver ? Le pompier ne savait comment réagir… D'habitude les victimes le remerciait de les sauver, peu importe si les cadavres de leurs amis se trouvaient dans le coin. C'était égoïste et humain, mais c'était toujours la réaction qu'il obtenait. Il n'osa plus rien dire et quand ses collègues arrivèrent pour le sortirent de sous les gravats, il serra la mâchoire : il lui avait que tout allait bien se passer, mais son hurlement de douleur présageait le contraire… En voulait soulever les morceaux qui l'ensevelissaient, d'autres étaient tombés… Il allait falloir amputer et cette fois ce fut son regard de frayeur qu'il croisa. L'adolescent cria et hurla pendant toute l'opération, de peur comme de douleur. Celle-ci n'était pas réelle puisqu'on lui avait donnée un anesthésiant, mais cela ne rendait pas ses braillements plus supportables pour autant...

    Le lendemain, le pompier démissionnait, cet enfant l'avait troublé au plus profond de son être. C'était la première fois et c'était la fois trop pour lui.

    Tsunayoshi se réveilla en sursaut dans son lit. A côté de lui, dormant paisiblement, Squalo dormait encore profondément, il devait avoir le sommeil profond. Le châtain reprit doucement son souffle, répétant les exercices de respirations qu'on lui avait appris à mettre en œuvre lors des séances de rééducation. Quand il eut enfin retrouvé son calme, il chercha à l'aveuglette sa prothèse jambière près de son lit. Il n'arrivait pas encore à dormir avec, alors généralement il l'enlevait au milieu de la nuit. Il s'était rendormi rapidement par la suite, mais voilà qu'il était de nouveau debout. Il la trouva enfin et entreprit de la mettre avant de boitiller jusqu'à la salle de bain adjacente.

    Il eut l'impression familière de croiser un fantôme dans le miroir en arrivant, mais il ignora cette image du passé et se passa de l'eau sur la figure. Malheureusement, cela n'avait pas amélioré son état : ses traits étaient toujours tirés et des cernes noirs creusaient quelques tranchées sous ses yeux. Il continua sa toilette sommaire pour enlever la sueur qui lui collait à la peau, la rendant moite. Ce n'était pas son nouvel apprentissage qui le mettait dans un tel état, non… Tsuna jeta un coup d'œil par la fenêtre de la salle de bain pour voir l'orage qui faisait rage depuis quelques jours, se déchaîner avec toujours autant de force. L'humidité faisait souffrir sa jambe, ou du moins ce qu'il en restait, et ils faisaient souvent des cauchemars pendant ces périodes de fortes pluies. Ce n'était donc pas le premier et ce ne serait pas le dernier. Mais franchement, il aurait préféré rêver d'autre chose, il devait bien avoir d'autres mauvais souvenirs ? Ou bien tout ne se rapportait qu'à sa jambe.

    Il se laissa glisser sur le sol carrelé et hésita un instant à se rafraichir directement avec une douche ou dans un bain. L'idée était tentante… Il leva le bras vers le jet d'eau, mais une main l'arrêta. Tsuna leva les yeux vers son propriétaire pour croiser le regard brumeux de Squalo. Ce dernier sortait tout juste du lit, peut-être que le bruit de l'eau l'avait réveillé ? Avec une telle tempête dehors ? C'était peu probable. Alors pourquoi… ?

    « L'instinct. » Répondit Squalo à sa question muette.

    Jamais il n'avouerait qu'en se rendant compte tout à l'heure, que son aimé avait un début de fièvre, il n'avait dormi que d'un œil. Il embrassa son front et ses soupçons se confirmèrent : il était brûlant. Il l'aida à se relever et à s'allonger dans leur lit. Après quoi, il voulut se lever pour aller chercher un médecin ou un des infirmiers du manoir, mais Tsuna attrapa la manche de la chemise qu'il venait d'enfiler rapidement.

    « Tu t'en vas ? » Demanda-t-il d'une voix troublée.

    L'assassin craqua en l'entendant flancher. Il se doutait du genre de cauchemar qu'il faisait et Irie qui lui avait tout raconté, n'avait pas lésiné sur tous les détails qu'il connaissait. Partir maintenant provoquerait une réaction bien plus grave que sa fièvre. Il se rassit alors à ses côtés, serrant sa main dans la sienne.

    « Je ne vais nulle part. »

    Il l'observa sombrer lentement dans l'inconscience, à mi-chemin entre le sommeil et l'inconscience : la fatigue et la douleur furent des facteurs aussi importants que la fièvre dans son subit assoupissement. Squalo se leva et tendit le bras pour attraper son portable. Il composa le numéro de l'infirmerie à quelques mètres de là : ce n'était pas parce que Tsunayoshi somnolait qu'il devait briser sa promesse. Tant pis si l'homme en garde ce soir rouspétait qu'ils auraient pu se déplacer. Son regard glissa vers la fenêtre. Les jours de pluies allaient être durs à l'avenir, mais Tsuna n'était plus seul pour gérer tout ça.

    oOo

    Squalo observait avec émerveillement son amant s'élever en l'air et engager le combat avec le Gardien de la Tempête du Nono. Coyote n'y allait pas de main morte, on voyait bien que s'était un vétéran et qu'il avait l'expérience d'innombrables batailles. Tsunayoshi ne faisait pas encore le poids, mais un œil expert discernait sans mal son potentiel énorme. Il lui faudrait du temps pour lui-même le découvrir et apprendre à l'utiliser. Timothéo lui apprenait déjà à utiliser la Flamme de Dernière Volonté, mais Coyote ou Visconti étaient plus à mêmes de l'aider à l'utiliser lors d'un vrai combat. Mais si les deux vieux Gardiens étaient surpris de la vitesse d'amélioration du futur Decimo, ils pensaient surtout pouvoir gérer le jeune homme en ayant combattu aux côtés du Nono. Cependant ils se rendaient compte qu'ils devaient eux-aussi s'adapter, car Tsunayoshi avait un style de combat très différent de son Grand Père, tout comme ses armes d'ailleurs.

    Le requin assistait à ces entraînements et n'hésitaient pas à prodiguer lui-aussi quelques conseils à son Boss. Toutefois pour un néophyte sans expériences et pacifique, on pouvait dire que Tsuna se débrouillait comme un chef. Il retenait rapidement les leçons qu'on lui prodiguait et ne manquait pas d'ingéniosité et de ruse pour affronter ses adversaires. Il faut dire aussi qu'il n'avait pas vraiment la force brute nécessaire pour attaquer de front et c'était mieux ainsi : Squalo n'aurait pas voulu d'un bodybuilder dans son lit. Il s'imagina un instant coller la tête de Tsuna sur un corps aux muscles surdimensionnés, mais il chassa bien vite cette image en rigolant. Son petit brun était parfait comme il était, il n'aurait qu'à apprendre à se battre avec ses armes, comme tout le monde.

    Il allait les laisser continuer, pour s'entraîner aussi : les voir lui avait donné envie de se dépenser. Mais il eut tôt fait de se retourner quand un hurlement de douleur déchira le silence relatif de la salle, suivit d'une flopée de jurons en tout genre. La première chose qu'il remarqua, fut Tsunayoshi à terre, se tenant sa jambe… Qui avait disparu… Puis la prothèse contre un mur plus loin. Et Coyote qui s'approchait avec une grimace sur le visage : il n'avait pas voulu ça et il s'en voulait. Mais le châtain, au lieu d'accepter son aide pour se relever, voir même le porter, se mit à agir comme un animal blessé et recula quand le Gardien de la Tempête s'approcha. La dernière chose qu'il voulait, s'était bien montrer sa jambe à l'ami de son Grand Père, car si ce dernier croyait connaître les grandes lignes de ce qu'il avait surmonté, la réalité n'était pas belle à voir et son moignon aussi. Squalo fut le premier aux côtés de Tsuna et il voulut le soulever pour l'emmener dans leur chambre. Cependant, le petit brun le repoussa et lui demanda simplement de lui amener son fauteuil roulant.

    Il ne voulait que cela recommence, il ne voulait pas de nouveau se sentir assisté et prit en pitié. Il avait enfin pu se faire passer pour quelqu'un de normal, un homme comme les autres, et ses vieux démons revenaient dès qu'il laissait une mince ouverture… ! Il ne le supportait pas ! Coyote restait à distance respectable, observant discrètement Tsuna serrer sa jambe avec force… Pendant ce temps, le châtain se prenait des claques : ses vieux souvenirs dans lesquels il faisait face à des situations similaires repassaient en boucle dans sa tête. La pire épreuve de toute sa vie, fut le retour à l'école : là-bas, il n'était plus Dame-Tsuna, il était devenu pire « l'handicapé ». Tous les jours, des regards de fausse pitié lui transperçant la poitrine. Tous les jours, certaines œillades hargneuses : pourquoi était-il revenu et pas leurs autres amis, Yamamoto, Kyoko et Haru ? Tous les jours, des farces de très mauvais goûts où on lui volait son fauteuil roulant, quand les profs exigeaient qu'il s'asseye sur la chaise comme tout le monde. Il restait alors des heures sur sa chaise sans pouvoir en bouger car il ne pouvait même pas se lever. Le fauteuil n'était pas toujours très loin, mais ses camarades responsables de ce genre de jeux de mauvais goûts, voulaient juste le voir ramper jusqu'à son moyen de déplacement. Mais il s'y refusait et un professeur, remarquant enfin quelque chose, ou un élève prit de pitié, lui ramenait son fauteuil roulant en lui disant d'arrêter de causer des problèmes.

    Il savait que ce ne serait pas pareil ici… Après tout personne n'avait d'intentions foncièrement méchantes envers lui dans le manoir. Mais instinctivement, il liait les deux situations… Et si à l'époque, il se détestait d'être si dépendant des autres et si impuissant face à sa propre situation, c'était toujours le cas aujourd'hui. Il refusait donc l'aide qu'on lui proposait, n'y voyant que de la pitié. Tsuna essaya de se persuader qu'il ne faisait que s'imaginer le regard des autres, que son esprit déformait la réalité à cause de ce qu'il avait déjà vécu, mais au fil des minutes qui passaient, il ressentait cette honte qui l'avait quitté le jour où il avait pu marcher sur ses deux pieds, revenir au galop. Comme si elle attendait là, tapis dans le noir son heure de gloire. Encore quelques années en arrière, immature comme tous les enfants de son âge, Tsunayoshi avait tenté de chasser cette honte ou plutôt de l'atténuer en se mutilant… Ciseau, lame de rasoir, petit couteau, stylo, tout était bon alors pour se faire du mal, pour punir cette jambe qui lui manquait… L'automutilation n'était pas une solution, lui avait-on répété plusieurs fois. Mais cela faisait tellement de bien, n'osait-il pas répondre. Comme un enfant turbulent qui reçoit sa fessée et qui se calme pendant quelques temps. Sauf que dans son cas, l'enfant était sa jambe morte et la fessée s'apparentait à toute douleur forte et sanglante de préférence.

    Squalo revint et avança le fauteuil vers lui avant de s'éloigner, sachant que pour l'instant, sa présence ne serait pas appréciée par son petit-ami. Ce dernier se hissa sur le fauteuil avec une facilité qui trahissait son habitude. L'ancien Varia se demanda un instant combien de fois Tsunayoshi avait-il finit par terre pour effectuer ce geste avec un tel naturel. Et il se rendit compte alors que sa situation était vraiment très différente de son aimé : pas seulement sur le choix de l'amputation, mais également sur les épreuves à surmonter. Prendre une main ne gênait pas la motricité, mais une jambe… C'était une autre paire de manches. Il tendit le téléphone au châtain qui composa immédiatement le numéro d'Irie et Spanner. Au moins il y aurait des heureux dans cette histoire : les deux techniciens allaient encore pouvoir s'amuser à améliorer leur petit bébé. Quoi que Coyote risquait de recevoir un sacré savon pour avoir justement détruit leur enfant – Tsuna aussi peut-être, pour ne pas avoir pris soin de la prothèse. Squalo n'espérait quant à lui qu'une chose : que le châtain puisse rapidement de nouveau marcher, car les traits durs qu'il affichait déjà n'étaient pas pour le mettre en valeur. Quoi que… Il avait l'air sexy et dangereux ainsi… Un petit côté à la Xanxus peut-être ? Le requin ne fut pas dupe cependant en voyant son amant serrer un peu trop fort sa jambe et il attrapa sa main : il connaissait son passé et l'état du peu de jambe qu'il lui restait. Il n'allait pas le laisser recommencer une telle bêtise. C'était différent maintenant, il n'était pas dans une situation irréversible et tout allait bientôt rentrer dans l'ordre. Il allait juste devoir l'occuper jusqu'à ce que la nouvelle prothèse soit prête, pour repousser toutes ses idées noires. C'est donc avec un grand sourire sardonique qu'il poussa Tsunayoshi jusqu'à leur chambre…

    oOo

    La fête battait son plein au manoir Shimon. Profitant de l'annonce des Vongolas de mettre le futur Decimo sur le trône, la Shimon Famiglia en avait fait de même avec le fils aîné de Makoto Kozato, un marchand de tableau ayant un lien de parenté avec le Primo Shimon. Enma Kozato venait d'être présenté à tous et déjà, les invités lui tournaient autour pour le jauger et définir à quelle sauce ils allaient bien pouvoir le manger.

    Un peu à l'écart, le Nono Vongola était venu en tant que représentant de la Famiglia : à cause de sa prothèse cassée, Tsunayoshi n'avait pas pu faire le déplacement, le voir dans un fauteuil roulant n'aurait vraiment pas aidé pour ses futures relations avec les autres Boss Mafieux. Il avait donc poliment décliné l'offre, mais rien que ce geste avait créé du remoud à la fête et les rumeurs allaient bon train sur son insolence et son manque de diplomatie. Enma ne connaissait pas cet homme et il n'avait aucune raison de prêter attention à ce que pouvait dire les gens sur lui ou sur les autres, mais quelque part il s'était senti blessé : il n'était pas assez important pour que le futur Boss des Vongolas vienne seulement participer à sa fête ? Il avait peut-être d'autres obligations, mais tout de même, cela le pesait. Le vieil homme à la tête de l'une des plus puissantes Famiglia du monde, s'approchait d'ailleurs du roux.

    « Enchanté de faire ta connaissance Enma. Je suis Timothéo Vongola. »

    « Moi de même, Nono Vongola, mon nom est Enma Kozato, j'espère pouvoir entretenir de bonnes relations avec vous. »

    « Oui, je l'espère aussi. Bien que tu auras plus à traiter avec mon successeur qu'avec moi-même. »

    « Je ne l'aperçois d'ailleurs nulle part. » Fit Enma, plus par politesse que pour connaître l'excuse qu'on lui donnerait.

    « Eh bien, il se trouve dans l'incapacité physique de venir, bien malheureusement. »

    « L'incapacité physique ? » N'était-ce pas un peu exagéré ? Enma se sentait de plus en plus amer.

    « Oui… » Affirma le Nono avant de scruter le jeune homme qui se trouvait devant lui. « Tu ne me sembles pas perfide comme d'autres Enma, alors laisse-moi te dire un secret. Vois-tu mon successeur a subi il y a quelques années un grave accident et y a perdu une jambe. Or récemment, mon Gardien s'est un peu trop acharné lors d'un entraînement et sa prothèse s'est retrouvée en miettes. Je suis sûr que tu comprendras la raison qui le pousse à ne pas se montrer. »

    Timothéo posa une main calme sur l'épaule d'Enma. Ce dernier se sentait maintenant honteux et stupide d'avoir sauté aux conclusions de cette manière. Il avait tout de suite pensé que cet homme qu'il ne connaissait pas, était quelqu'un de suffisant ou d'hautain, sans même lui laisser une chance… Quel piètre meneur faisait-il… Un Boss est sensé avoir un peu plus de discernement, c'est même là l'une des premières qualités requises.

    « Ne t'inquiète pas, je comprends tout à fait ce qui a pu te tourmenter. » Fit le Vongola, compatissant. « Tu es encore jeune et tu as besoin d'apprendre. Heureusement pour toi, tu as déjà des personnes sur lesquelles compter en cas de problèmes. C'est un grand atout pour un jeune Boss comme toi. »

    « Ce n'est pas le cas de votre successeur ? »

    « Disons que son cas est plus compliqué. Il a effectivement trouvé quelqu'un pour être à ses côtés, mais son état l'empêche de s'ouvrir aux autres et toujours à cause de sa jambe, il n'a pas pu créer de véritables amitiés jusqu'ici. Il est un peu comme toi : sur la ligne de départ d'une nouvelle vie. Si toi tu as des amis, lui a surpassé sa souffrance. »

    Enma recula d'un pas par reflexe et baissa les manches de sa veste avant de cacher ses bras dans son dos. Le Nono ne s'en offusqua pas et le gratifia plutôt d'un sourire généreux et compréhensif. Le rouquin n'aimait qu'à moitié ce genre de sourire : même quand ils étaient sincères, ils étaient surtout plein de pitié… Et il détestait ça par-dessus tout. Il se savait déjà lui-même assez misérable pour que les autres ne viennent en plus en rajouter une couche.

    « Je crois que vous auriez beaucoup de choses à vous dire et à partager, lui et toi. Si jamais l'envie de venir converser au manoir te prends, n'hésite donc pas à passer, tu seras toujours le bienvenu. »

    Et le Vongola mit fin à la conversation en partant discuter avec d'autres Famiglias présentes, tandis que les Gardiens d'Enma se rapprochaient de lui, discrètement, pour demander ce qu'il s'était passé : aucun d'eux n'avait loupé l'affolement de leur petit Boss.

    oOo

    Enma leva les yeux vers le manoir Vongola, s'extasiant de sa taille et de l'histoire que le bâtiment renfermait. On voyait tout de suite que cette Famiglia était puissante et qu'elle avait de l'influence. Il toqua à la porte et un homme en tenue de majordome lui ouvrit. Ils n'eurent pas le temps de se diriger vers le petit salon, prévu pour faire attendre les invités, que Squalo arrivait en criant pour se faire entendre. Le pauvre rouquin fut terrifié par cet homme en moins de temps qu'il ne fallut pour le dire et s'enfuir dans la seconde qui suivait, lui sembla une bonne idée. C'était lui le futur Decimo ? Il regrettait déjà d'être venu !

    « VOIIIII ! C'est toi le Shimon ?! »

    « O-o-o-oui… » Bredouilla le petit mafieux en se ratatinant sur lui-même.

    « Squalo ! » Claqua une voix chaleureuse mais exaspérée.

    Enma détourna le regard du dangereux assassin qui lui faisait face pour tomber sur la silhouette fine et élancée d'un jeune homme aux yeux caramel doux et avenants. Il sentit des frissons parcoururent tous son corps et ses joues prirent feu en quelques dixièmes de secondes. Il venait d'avoir un gros coup de foudre pour le châtain qui descendait paisiblement les dernières marches de l'escalier. Squalo s'était redressé et semblait plus calme désormais, était-ce à cause de la présence de cet homme ? C'était vrai qu'il avait un charisme fou et qu'il imposant le respect et le calme… Comment quelqu'un pouvait-il faire face par sa simple présence ? Cela ressemblait à de la magie.

    « Tu es Enma, n'est-ce pas ? Je suis profondément désolé de ne pas avoir pu me présenter à ta fête d'intronisation la semaine dernière, mais ma jambe m'avait fait faux bonds. Je suis très heureux de pouvoir enfin te rencontrer et discuter avec toi. Je m'appelle Tsunayoshi Sawada. »

    « Je suis très honoré de vous rencontrer. Je m'appelle Enma Kozato. »

    Le brun l'invita à le suivre dans un des salons du manoir, Squalo les suivant de près – il avait remarqué le sentiment qui s'était mis à danser dans les yeux d'Enma en voyant Tsunayoshi – et ils discutèrent de tout et de rien toute la matinée. Le rouquin posait toutes sortes de questions sur les études que suivait Tsuna, ses centres d'intérêts et ses impressions quant à son futur poste de Boss. Le châtain se contentait de répondre aux questions, attendant que le rouquin soit enfin prêt à parler de la véritable raison de sa visite. Tout comme Nono, il avait tout de suite remarqué l'atmosphère sombre et mélancolique qui planait autour du jeune homme de trois ans son cadet. Bien sûr, son Grand Père lui en avait également parlé, mais même sans cela, il n'aurait pas pu manquer les cicatrices mal dissimulées que le plus jeune avait aux poignets. Mais Enma tournait autour du pot, comme s'il n'arrivait pas à se résoudre à en parler. Pourtant c'était nécessaire et Tsuna le savait, c'est pour cela qu'il décida de prendre les devants et demanda à Squalo d'appeler Chrome, avant de les laisser.

    En parler sans le requin serait peut-être plus facile pour le rouquin, car ce dernier ne connaissait pas toujours la notion de tact et n'ayant jamais vécu ce qu'ils avaient dus vivre, il ne pourrait pas comprendre. Bientôt la jeune fille arriva, un cache-œil masquant une partie de son visage, l'aura qui se dégageait d'elle était similaire à celle d'Enma, mais elle était plus légère, tout comme le petit sourire qui illuminait son visage. Tsunayoshi la présenta, comme sa Gardienne de la Brume, Chrome. Ils s'étaient rencontrés à l'hôpital où Tsuna avait eu sa prothèse, mais ce dernier passa les détails. Il savait que son amie n'aimait pas trop raconter sa vie. Pourtant, il devait mettre les choses aux clairs avec le Shimon, venu ici pour trouver des réponses :

    « Elle a, tout comme toi et moi, tenté de mettre fin à ses jours. Malheureusement pour elle, je me trouvais au bon endroit au bon moment et je l'ai sauvé. Elle m'en veut beaucoup depuis ce jour-là. » Fit Tsunayoshi d'une voix triste.

    « Non ! Ce n'est pas vrai du tout Tsunayoshi-sama ! Je vous en suis infiniment reconnaissante ! Je… J'allais faire une bêtise, mais vous m'avez aidé ! » S'exclama la jeune fille, arrachant un sourire amusé à son Boss.

    Chrome rougit brusquement en comprenant qu'il avait fait exprès de tenir de tels propos et cacha son visage dans ses mains. Mais un appel de son Boss et elle relevait la tête, un regard interrogateur sur le visage. Le châtain lui demanda son aide avant de se mettre à enlever son pantalon. Aucun des deux n'eut le temps d'être gêné et embarrassé car déjà le membre amputé se montrait à leurs yeux. Enma fut tenté de détourner le regard, mais il avait compris que Tsunayoshi faisait cela pour lui, il devait donc se retenir. Chrome défit la prothèse et le châtain enleva la combinaison qui couvrait son membre meurtri – il l'avait demandé à Irie quand il était venu récupérer sa prothèse – dévoilant ainsi les nombreuses cicatrices qui l'ornaient aux regards des deux autres personnes.

    « Vois-tu Enma, si j'ai pu aider Chrome, c'est parce que j'en suis passé par là aussi. Nono a du te le dire je suppose. Je ne suis jamais allé aussi loin que vous deux, je n'en n'ai jamais eu le courage. Mais je me suis puni d'une autre manière. Ses marques ne sont pas là à cause des opérations, mais bien parce que je suis mutilé. »

    Tsuna n'osait pas trop fixer sa jambe longtemps, il avait encore un peu de mal avec ça. Mais si Nono avait pensé que c'était nécessaire de parler de lui à ce garçon, ce n'était pas pour rien. Il était naturellement du genre à vouloir aider son prochain, mais il s'agissait cette fois de venir en aide à quelqu'un qui lui ressemblait…

    « Je te mentirais pas Enma, il n'y a pas de recette secrète pour ne plus être tenté par la mort. Ce n'est qu'avec du temps, de l'acceptation et des gens pour vous encourager que l'on peut surmonter tout ça. Ce n'est que si tu veux te battre que tu peux avancer. Moi j'ai eu ma famille et puis Squalo pour m'aider. J'ai donné à Chrome toute l'amitié et tout l'amour dont elle manquait. C'est à toi maintenant de me dire ce dont tu as besoin Enma pour aller de l'avant. Car sans ça, je ne pourrais pas t'aider. Après tout, si tu es ici c'est bien que tu veux changer, non ? »

    Le rouquin ne sut que répondre à cela. Il était venu de lui-même au manoir des Vongolas. Il n'en n'avait parlé à personne, pas même à ses amis. Mais oui… Il avait pris sa résolution en montant dans la voiture ce matin. Il voulait surmonter tout ça, ne plus faire de la peine à ses amis… ! Il voulait changer. Des larmes coulèrent silencieusement sur ses joues. Chrome le regarda et elle avait l'impression de se voir il y a encore quelques semaines. C'est à ce moment-là qu'elle se rendit compte de ses propres progrès. Avec Tsunayoshi et les autres habitants du manoir, elle avait repris goût à la vie et elle lui en serait éternellement reconnaissante. Car comme aujourd'hui, il avait su trouver les mots justes pour lui permettre de se relever et de ne plus craindre sa propre existence. Elle espérait sincèrement qu'il resterait pour toujours le même.

    Mais elle ne se faisait pas trop de soucis de ce côté-là : si jamais il sombrait, elle serait là pour le sortir des ténèbres et jamais Squalo ne permettrait que son amant se laisse aller à la noirceur de ce monde. Il avait tellement plus à offrir en restant lui-même ! Ils n'étaient pour l'instant que deux pour veiller sur Tsunayoshi, mais ce dernier veillait déjà sur toutes les personnes qui se trouvaient à sa portée. Et Enma faisait désormais parti de ses personnes. Il venait de lui tendre la main et comme pour elle, il ne la lâcherait plus.

    Chrome se disait parfois que pour quelqu'un qui avait autant souffert comme Tsuna, il était bien le seul à pouvoir désormais aider les autres : il n'avait pas fait que se relever, il s'était mis à marcher et il traçait désormais son propre chemin, se liant aux autres pour à son tour leur venir en aide. Il avait souffert, pleuré, hurlé, mais il en était ressortit plus fort et plus généreux encore. Peut-être avait-il trouvé un second cœur dans sa prothèse de métal… ?

    FIN

    °0o0°

    Et voilà les amis, c'est fini ! Et oui, ça s'arrête là, comme ça. Peut-être que cela en frustrera certains, mais c'est la fin que je voulais pour cette histoire. Puisque ce n'était pas l'histoire de Tsunayoshi dans cette version de l'histoire, mais le récit de son combat, de son vécu, et de sa prothèse. Je pense avoir tout vu ainsi et j'espère donc que vous avez aimé cette histoire !

    Je vous souhaite une bonne soirée et longue vie à la Super Blood Moon de ce soir !

     

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