Naruto - Two-Shot - La Malédiction de la Mort Partie 1/2

Disclaimer : Masashi Kishimoto possède Naruto et ses personnages

Rating : T

Genre : Romance, Hurt/Comfort

Univers : Semi-UA

Pairing : Shikamaru x Naruto

IMPORTANT : il ne s'agit pas d'une Deathfic malgré le titre ! Donc ne partez pas sans avoir lu, sous prétexte que les personnages meurent, car ce n'est pas le cas ! )

En ce moment je fais dans les écrits longs apparemment. Oui, je ne m'en étais pas rendu compte avant de finir la première partie de ce Two-Shot ! Bien sûr, il y a eu « L'œil Bleu » juste avant, mais je pensais que ce serait une exception ou bien que le Two-Shot ferait la même taille que mon os précédent… Mais ce n'est pas le cas alors bon. Je ne pense pas que vous allez vous en plaindre de toute façon ! XD Si ?

Bref, j'ai bien évidemment passé un bon moment à l'écrire cette première partie et j'ai bien aimé le faire. En ce moment j'ai quelques idées sur Naruto à épuiser alors je m'excuse déjà auprès de ceux qui préfèrent lire du Reborn xD Mais bon, les envies vont et viennent, on n'y peut rien. Cela ne veut pas pour autant dire que j'arrête tout pour l'autre fandom, ne vous inquiétez pas ) Il s'agit juste d'une pause !

Allez, bonne lecture !

Dédicace spécial à Alecta car elle a lu tout le long et parce qu'elle voulait ce couple en particulier xD

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La Malédiction de la Mort – Partie 1

Il courrait. A en perdre haleine. Il poussait son chakra dans ses jambes et dans ses pieds pour courir plus vite et sauter plus loin. Il était concentré sur les branches qui lui servaient d'appui. Il ne les touchait qu'une seconde, peut-être même moins. Son souffle était erratique, il ne cherchait plus à être silencieux, juste à fuir. Non, à rentrer. Rentrer chez lui, à Konoha, pour que son coéquipier, celui qu'il portait sur son dos, puisse avoir les soins nécessaires à sa survie. Il regrettait presque d'être incapable d'utiliser le ninjutsu médical en ce moment. Mais il avait à la place perfectionné ses techniques de combat et c'est ce qui avait sauvé la vie à son camarade. Alors finalement, il ne regrettait pas et il se contentait de courir toujours plus vite, de sauter toujours plus loin. Il n'y avait pas une minute à perdre. Pourtant il savait qu'il était déjà à son maximum, sa pleine puissance. En tout cas avec l'état dans lequel il était lui-aussi : sa tenue de ninja était déchirée par endroit et il sentait une douleur aiguë le traverser à chacun de ses mouvements. La chair à nue supportait mal la vitesse et les courants d'air créés par celle-ci. Il avait terriblement mal, c'est vrai. Mais ce n'était pas sa priorité.

Soudain il aperçut Konoha. Dans un dernier effort, il accéléra de peu la cadence, faisant une entrée remarquée dans le village. Mais les villageois ne distinguèrent rien de plus qu'une silhouette noire et blanche qui se dirigeait vers l'hôpital du village. Les ninjas de la porte avaient bien failli eux-mêmes le manquer et ne pas le reconnaître. Toutefois la signature de son chakra, cette marque qu'il avait laissée derrière lui, ne leur laissait aucun doute sur l'identité du nouvel arrivant. Et son attitude ne présageait rien de bon, tout comme sa destination. Kotetsu héla son partenaire, de surveillance à la porte tout comme lui, d'aller prévenir l'Hokage que l'équipe d'ANBU venait de rentrer et qu'il fallait appeler les meilleurs médecins immédiatement. Izumo ne prit même pas la peine de répondre qu'il disparaissait déjà dans un shunshin de feuilles pour réapparaître plusieurs centaines de mètres plus loin, dans un certain bureau.

Pendant ce temps, l'ANBU arrivait à l'hôpital et des médecins et des infirmières accouraient déjà dans sa direction. Son équipier blessé, qu'il avait porté sur son dos, fut immédiatement pris en charge par une petite équipe bien fournie, qui allait bientôt y voir s'ajouter les grands experts du village. Sa mission enfin accomplie, il se sentit pris de vertige et vacilla. Si cela n'avait tenu qu'à lui, il se serait effondré sur le sol pour y piquer un petit somme. Mais un ninja d'élite ne pouvait pas agir ainsi devant les civils : ils représentaient le dernier rempart en cas d'attaque, mais aussi le plus solide, la faiblesse en public leur était tout simplement interdite. Une infirmière remarqua sa fatigue solidement cachée derrière le masque de porcelaine et lui proposa de vérifier ses blessures dans une petite pièce adjacente.

Le ninja accepta d'un hochement de tête et se laissa guider entre les murs blancs. La jeune femme regardait parfois par-dessus son épaule, en espérant être assez discrète, pour détailler l'homme qui le suivait. Il portait la tenue traditionnelle des ANBU : une tenue noire moulant le corps, une armure blanche et un masque de porcelaine représentant un animal. Il avait également enfilé une longue cape noire qui avait entièrement été déchirée jusqu'à son ventre et où de larges entailles étaient visibles un peu partout sur ce qu'il restait du morceau de tissu. L'infirmière s'étonna d'ailleurs qu'il ne l'ait toujours pas enlevé. Finalement ils arrivèrent dans une petite salle réservée aux consultations et l'ANBU s'installa docilement sur le lit mis à disposition, assis bien droit, faisant face à la jeune femme. Celle-ci sentit ses joues chauffer en sentant que toute son attention était focalisée sur elle. Peut-être qu'elle pourrait revoir ce ninja et… Lui proposer un repas ? Elle se fustigea d'elle-même : les ninjas de ce groupe d'élite n'avaient pas le droit de révéler leur véritable identité… Mais bon, elle pouvait toujours espérer le reconnaître dans la rue, une fois qu'elle aurait pu se faire une idée de son physique, pendant son examen. Ses intentions concernant cet examen étaient purement professionnelles évidemment ! Ce n'était pas comme si cette peau bronzée qu'elle apercevait lui donnait envie voyons.

Elle l'observa du coin de l'œil se défaire de ce qui restait de sa cape, dévoilant un peu plus de cette peau appétissante. Au diable le professionnalisme, pour une fois qu'elle n'avait pas elle-même à subir les regards lubriques de certains vieux patients ! Elle loucha un moment sur les morceaux de lambeaux qui parcouraient le corps du ninja installé face à elle, parcourant du regard les jambes qui se dénudèrent face à elle. Les vêtements étaient en effet coupés de partout et pourtant, elle n'apercevait aucune blessure à première vue… Cela l'intrigua et elle réussit à chasser cette partie d'elle-même qui voulait caresser le grain bronzé de son patient, pour s'appliquer à examiner ses jambes sous toutes les coutures, tandis que l'armure quittait le corps de l'homme, ainsi que le reste de la tenue noire. A sa grande surprise, elle ne vit pas la moindre petite cicatrice sur la partie basse du corps. Quand elle se redressa, la première chose qu'elle vit fut le léger filet de sang qui coulait entre les croutes de sang séché et elle se retourna rapidement pour prendre une compresse, une aiguille et du fil, au cas où. Mais le temps de réunir son matériel et de suivre du regard le liquide rouge, elle ne vit plus qu'une fine entaille qui semblait se refermer d'elle-même.

Sous la surprise, elle fit un pas en arrière et une trace noire la frappa : sur le ventre de l'ANBU, un étrange tourbillon entouré par des symboles qu'elle n'arrivait pas à déchiffrer. Elle ne parvenait pas à lire ce qui y était écris et pourtant elle avait la quasi-certitude de savoir de quoi il s'agissait… Elle leva la tête vers celle de son patient et elle ne put louper l'auréole blonde qui entourait le masque de porcelaine. Elle n'avait plus aucun doute sur l'identité du ninja face à elle. ANBU ou non, tout le monde le connaissait… Et immédiatement, l'infirmière se sentit sale d'avoir fantasmer sur le Porteur du Démon Renard à Neuf Queues. Elle aurait même voulu en vomir ! Comment avait-elle pu, pendant un instant, s'imaginer revoir la plus grande Malédiction de Konoha ?!

Derrière son masque, Naruto n'avait aucun mal à lire les émotions qui défilaient sur le visage de la jeune femme, malgré la fatigue qui menaçait de le faire piquer du nez. Il avait l'habitude maintenant. Mais c'était bien la première fois qu'on ne l'avait pas reconnu tout de suite. Sûrement était-ce à cause de la cape et maintenant qu'il était installé dans cette salle où il allait pouvoir se reposer quelques heures, il la bénissait et il se félicitait de ne pas avoir pris le temps de l'enlever après le combat. Il ferma les yeux pour faire un rapide bilan de son propre corps : à part quelques bleus, il n'avait quasiment plus aucune blessure, le Démon scellé en lui n'avait pas voulu laisser tomber les soins pendant sa course et même s'il avait grogné sur Kyuubi au départ – il aurait préféré utiliser ce surplus de chakra pour rentrer plus vite – il savait que le renard avait fait le bon choix et qu'il n'aurait pas tenu tout le chemin, même à grande vitesse.

Alors qu'il pensait se laisser aller pour dormir une heure ou deux, la porte s'ouvrit et laissa passer l'Hokage Troisième du Nom. Gentiment, le vieil homme demanda à l'infirmière de les laisser seuls et celle-ci ne se le fit pas redire deux fois : elle ne souhaitait plus respirer le même air que le Maudit.

« J'ai entendu dire que Fukuro était gravement blessé. Où sont les deux autres ? »

L'ANBU, de son prénom Naruto, se pencha vers ses affaires et attrapa un parchemin dans sa sacoche.

« Je n'ai pu que récupérer leurs corps sans vie. » Déclara-t-il solennellement, sa voix rendue grave par le masque.

« Je vois… » Souffla Hiruzen, légèrement choqué par une telle fin.

Il s'agissait certes d'une mission d'infiltration de rang S et même peut-être au-dessus, mais il pensait qu'à eux quatre, ils y arrivaient sans cadavres sur les bras. Il s'était apparemment trompé lourdement. Il fallait savoir désormais ce qui avait provoqué un tel revirement et surtout connaitre les informations qui avaient malgré tout pu être collectées. Et pour cela, il allait devoir attendre le rapport de l'ANBU debout face à lui et qui menaçait de s'endormir à tout moment.

« Nous avons déjà leurs corps, nous devrions nous estimer heureux : les familles n'auront pas à pleurer des cercueils vides. Quant à toi, Oni… » Hiruzen grinça des dents, il aurait voulu avoir son mot à dire sur le nom de code du jeune blond, mais le Conseil ne lui en avait même pas donné la possibilité. « Repose-toi, j'attends ton rapport demain soir au plus tard. »

« Bien, Sandaime-sama. »

Naruto s'inclina légèrement et Hiruzen quitta le ninja. Ce dernier, dès qu'il fut seul dans la pièce aux murs blancs, se laissa tomber sur le lit d'auscultation et tomba dans un sommeil profond et sans rêves.

oOo

Naruto ne bougea pas quand on toqua à la porte de son appartement. Il était assis sur le matelas usé, installé à même le sol et qui lui servait de lit, les jambes ramenées contre son torse, ses bras pliés sur ses genoux et son menton posé sur ses mains. Il fixait un point inexistant sur le mur en face de lui. Dehors, il sentait la présence des trois ninjas d'élite, ses anciens collègues, qui avaient pour ordre de ne pas le quitter des yeux. Trois juste pour lui, rien que ça... !

Cela faisait une semaine maintenant que le Conseil de Konoha avait statué sur son cas : son coéquipier, le seul de l'équipe à avoir survécu, était tombé dans le coma après son opération et il n'y avait eu que son rapport pour expliquer ce qui était arrivé. Cependant le Conseil n'en n'avait pas tenu compte, il était le réceptacle de Kyuubi après tout : on ne pouvait pas lui faire confiance. N'ayant donc aucune source « fiable » sur ce qu'il s'était passé lors de cette mission, le Conseil s'était fait sa propre idée sur la question. Pour eux, le Démon du village avait perdu le contrôle et il avait attaqué ses coéquipiers avant de retrouver ses esprits et rentrer. Naruto avait silencieusement écouté ce qu'on avait dit de lui. Il avait appris depuis le temps que protester ou se défendre n'y changerait rien et que cela pourrait même leur donner raison, alors il gardait le silence. Après avoir donc été une fois plus jugé coupable par défaut – le Conseil aimait lui rappeler qu'il n'était qu'un monstre enchaîné et haït, même si ce n'était que pour quelques heures – on l'avait comme toujours congédié de son poste d'ANBU, sauf missions exceptionnelles, jusqu'à ce qu'il puisse prouver son innocence pour la mort de ses deux équipiers et pour les blessures du troisième, et pour finir on l'avait placé sous étroite surveillance.

Cette situation durait donc depuis une semaine et cela faisait autant de temps qu'il n'avait pas bougé de son matelas, pas même pour manger ou se laver. Les ANBU en poste avaient rapporté cet état inquiétant au Hokage, lors de leur rapport sur ses sept premiers jours. Ce dernier avait brusquement quitté son bureau pour se rendre à grands pas jusqu'à l'appartement de Naruto : la dernière fois qu'il avait eu un tel comportement, ce fut après la mort de Shisui et il avait tenté de mettre fin à ses jours. Il ne tenait pas à le revoir en train de se couper les veines sans succès, ses yeux débordants de ce désespoir de vivre encore.

On l'avait salué sur son chemin, mais il avait clairement entendu les murmures des habitants qui se doutaient de sa destination. Ils s'indignaient sur la possibilité que leur Hokage soit également maudit en côtoyant autant le ninja blond. Oui, maudit. Depuis sa naissance, on le disait victime d'une malédiction qui avait causé la mort de ses parents mais aussi du Hokage Quatrième du Nom, puis de Shisui, ainsi que les nombreuses blessures de ses coéquipiers alors que lui rentrait toujours sans aucune cicatrice. Naruto faisait donc de ses personnes à éviter comme la peste et il en souffrait depuis sa tendre enfance. Il n'avait réussi qu'à se faire que de rares amis mais il les chérissait comme sa propre famille, il n'y avait pas meilleur ami que lui, mais cela les villageois ne le comprenaient pas : ils ne voyaient que le Kyuubi et sa malédiction à travers lui… Hiruzen aurait voulu faire quelque chose pour changer ça, mais maintenant, dix-huit ans plus tard, c'était trop tard. Les parents avaient transmis leur méfiance envers Naruto a leurs enfants et mêmes les plus jeunes l'évitaient comme la peste.

Le vieil Hokage toqua une fois de plus à la porte de l'appartement de Naruto. Il commençait sérieusement à s'inquiéter du manque de réponse du jeune ninja. Pourtant les ANBU qui l'observaient à travers la fenêtre, lui avait certifié qu'il était là et qu'il n'avait toujours pas fait un geste. Soupirant, et surtout anxieux, le Chef de Konoha décida d'entrer sans attendre plus longtemps une permission qui n'allait de toute manière pas venir. Il traversa la pièce qui servait de salon et de cuisine dans l'appartement, pour rejoindre la seule chambre de quelques misérables mètres carrés – la seule qu'on avait bien voulu lui louer lorsqu'il s'était fait virer de chez lui par son propriétaire, à sa majorité. Pour ça aussi, l'Hokage n'avait pas pu se battre : d'autres familles ou ninjas vivaient dans des logements plus petits que ce dont ils rêvaient, alors il ne pouvait pas faire de faveurs, surtout au Démon du village. Enfin ça c'était sur le papier, car il pensait sincèrement que les conditions de vie du jeune blond seraient pointées du doigt pour une toute autre personne : sa « chambre » faisait tout juste la largeur de son matelas deux places et l'on ne pouvait que caler deux matelas du même acabit en longueur. Une pièce de quatre misérables mètres carrés servant de chambre, une salle de bain où s'entassait une vasque, des WCs et une douche, la cuisine ne comptait que deux plaques de cuissons et un évier, Naruto avait dû acheter un réfrigérateur à part et des placards, tandis que dans le salon de six ou sept mètres carrés, le blond avait eu la place d'installer un bureau pour ses rapports et une table dans un coin de la pièce pour les repas. Ce mouchoir de poche faisait à peine les deux tiers d'un appartement standard qu'un Chunin pouvait se payer. Alors en tant qu'ANBU, Naruto aurait pu espérer mieux, mais ce logement miteux, dont le plafond s'effritait, tout comme les murs, était le seul qu'il lui était autorisé de louer à un prix astronomique.

Hiruzen n'aimait pas venir ici, c'était comme revoir à chaque fois ses échecs cuisants d'améliorer la vie du fils de Minato. Il fit glisser le panneau qui permettait de séparer la chambre du reste de l'appartement – un rafistolage que Naruto avait fait lors de son premier hiver ici. Installé sur le toit du bâtiment en face, il vit les ANBU chargés de la surveillance du Jinchuriki et l'Hokage leur fit signe d'aller faire un petit tour pendant qu'il parlait avec le jeune homme.

« Comment vas-tu Naruto ? »

« … »

Evidemment, l'Hokage devait s'y attendre, ce n'était pas parce qu'il s'était autorisé seul à entrer, qu'il allait arracher des mots au jeune blond. Hiruzen ne savait pas vraiment ce qu'il était venu faire ici. Ou plutôt si : il voulait s'enquérir de son état et essayer de lui remonter le moral. Mais au final il ne pouvait rien faire pour son deuxième objectif.

« … L'enterrement… Il s'est bien passé… ? » Demanda finalement Naruto sans pour autant le regarder.

« L'enterrement… ? Oh, oui. Tout s'est passé correctement, la famille et les amis étaient là. Cela leur a fait beaucoup bien de pouvoir lui dire au revoir. D'autres n'ont pas cette chance. »

Le vieil homme n'avait pas besoin de lui demander pourquoi il n'y était pas allé lui-aussi : les parents des deux ANBU décédés, étaient venus le voir en personne pour lui demander de transmettre à Naruto qu'ils ne voulaient pas le voir lors de la dernière cérémonie en l'honneur de leurs enfants perdus. Il n'avait pas pu se résoudre à le dire de vive voix au ninja et lui avait donc laissé un simple billet avec les intentions des parents marqués dessus. Mais même sans cela, Naruto n'y serait pas allé : il savait qu'il n'y aurait pas été le bienvenu. Il lui faudrait attendre quelques jours de plus avant de pouvoir commencer à faire son deuil. Cela faisait après tout deux ans qu'il faisait équipe avec eux. Des liens s'étaient naturellement tissés entre eux, même s'ils ne pouvaient pas vraiment se retrouver en dehors des missions. Hiruzen sortit d'ailleurs des plis de ses vêtements, deux bandeaux frontaux pour les tendre à Naruto :

« Dans leurs testaments, ils avaient tous les deux demandés à ce qu'ils te reviennent s'ils devaient mourir. Ils avaient apparemment confiance en toi pour ramener leurs corps. »

« Je l'aurais fait même au péril de ma vie… Mais j'aurais préféré les sauver… ! »

Et pour la première fois depuis son retour, les larmes dévalèrent silencieusement les joues du jeune adulte aux yeux bleus, tandis qu'il se penchait lentement pour se saisir des deux bandeaux. Ils allaient rejoindre celui de Shisui dans une boite en bois, finement ouvragé – il l'avait acheté lors d'une mission dans un lointain village, là où son identité était méconnue – qu'il cachait sous un tatami dans son salon, pour qu'on ne lui vole pas ses trésors en cas de saccage de son appartement. Quand Hiruzen le vit serrer contre son cœur les bandeaux de ses anciens coéquipiers, il prit une décision : il ne pouvait pas le laisser ainsi, il devait faire quelque chose, quitte à se mettre tout le Conseil à dos, quitte à ce que ce soit sa dernière décision. Il allait agir cette fois.

« Naruto, si je suis venu te voir aujourd'hui, ce n'est pas uniquement pour prendre de tes nouvelles. J'aurais aimé te confier une équipe de Genins et je voulais savoir si tu accepterais. Je pense que tu as suffisamment d'expérience en tant que ninja pour enseigner à ton tour ! »

Ce dernier se tourna vers lui, ses yeux écarquillés de surprises, les dernières larmes coulant sur ses joues striées de trois cicatrices chacune.

« M-moi ? Tu… Tu es sûr que je pourrais faire l'affaire ? Je ne sais pas si c'est une bonne idée… » Murmura-t-il.

L'Hokage savait aussi bien que lui que des problèmes allaient certainement se poser, sans même parler du Conseil en particulier : les parents allaient s'opposer à cette nomination ou bien les Genins boycotteraient les cours de Naruto. L'un comme l'autre, cela allait être difficile à gérer, que ce soit pour le vieil homme que pour le jeune blond. Mais Hiruzen ne s'y trompait pas : malgré la réticence dont Naruto semblait faire preuve, il voyait parfaitement la joie et le bonheur illuminer son regard si bleu. Et cette lueur le conforta dans sa décision car c'était ce qu'il fallait à Naruto.

« Oui. Il ne reste que les derniers détails à régler, mais j'ai totalement confiance en toi Naruto. »

Ce dernier rougit légèrement sous le compliment. Un sourire sincère se dessina sur son visage et il imaginait déjà quel genre d'élèves il pourrait avoir et tout ce qu'il pourrait leur apprendre, autant en termes de jutsu que de valeurs. Hiruzen le laissa à ses pensées et prit congé : tout restait à faire désormais, mais il passerait en force !

oOo

Naruto observait le ciel qui se colorait lentement de rose, d'orange et de rouge, tandis que le noir de la nuit s'éclaircissait pour laisser place au bleu azur du jour. Aujourd'hui allait être un bon jour, se dit-il à lui-même. Malgré son calme extérieur, le ninja blond était impatient. Et pour cause, pas plus tard qu'hier, il avait reçu la composition de son équipe de Genins et il avait hâte de faire leur connaissance. Finalement il n'était que l'assistant du ninja professeur – il savait que le Conseil ne voulait pas qu'il puisse modeler l'esprit de futurs ninjas selon ses envies, alors le Jonin serait aussi en charge de le surveiller – mais cela ne le gênait pas, il était un peu rassuré de ne pas être tout seul pour cette première expérience finalement et tout de même heureux de ses nouvelles fonctions.

Il avait rencontré celui qui était officiellement en charge de l'équipe 7, il connaissait bien Kakashi Hatake pour avoir déjà effectué quelques missions avec lui, et ce dernier lui avait avoué qu'il avait du mal avec la ponctualité depuis peu – avec un clin d'œil prononcé – et qu'il le laisserait commencer les cours sans lui pour ne pas handicaper les élèves à cause de ses retards. Naruto était loin d'être stupide, malgré ses cheveux blonds : le ninja copieur n'avait jamais manqué l'heure de départ lors des missions d'ANBU, alors ce soudain attrait pour les arrivées retardées de plusieurs heures n'étaient qu'une ruse afin qu'il puisse avoir son moment en tant que professeur et ne pas qu'être tout le temps le simple assistant.

Alors qu'il se rappelait de sa discussion avec Kakashi sur la peut-être future équipe 7 – après tout rien n'était sûr, car son aîné avait des critères de sélections pouvant aller à l'encontre des principes du ninja, et il avait recalé plusieurs équipes à cause de cela – il aperçut un premier adolescent arriver au terrain d'entrainement. Naruto resta caché sur sa branche, derrière un rideau de feuille, son chakra et sa présence complètement et parfaitement effacés. Il profita de ne pas s'être fait repérer pour épier l'un de ses futurs élèves.

Il reconnut tout de suite le jeune Sai grâce à l'absence du blason Uchiwa sur ses vêtements. Il avait bien une demi-heure mais cela ne sembla pas le déranger car il s'installa contre un arbre pour ouvrir un carnet dans lequel il se mit à griffonner. Le jeune ninja avait une peau aussi blanche que la craie et des cheveux d'un noir profond qui contrastait énormément avec son teint. Naruto discernait avec difficulté les sentiments qui s'affichaient de temps à autre sur son visage. Mais il n'avait pas l'air d'être un mauvais garçon. Ils restèrent pendant une bonne vingtaine de minutes, seuls installés contre leur arbre respectif, l'un les yeux rivés sur son carnet et inconscient posé sur lui, l'autre étudiant le ninja entre deux chapitres du livre qu'il avait apporté : Naruto attendait l'arrivée des deux autres Genins avant de venir se présenter. D'ailleurs, il appréhendait un peu les réactions du petit dernier Uchiwa qu'il savait aussi dans cette équipe : il avait connu son grand frère et l'un de ses cousins, mais cela ne voulait pas dire pour autant qu'il pourrait arriver à s'entendre avec celui-ci.

Dix minutes avant l'heure du rendez-vous, un couple arriva sur le terrain d'entrainement. Un couple bien étrange d'ailleurs : un chaton noir et un bonbon rose. Drôle d'arrangement… Plus sérieusement, Naruto n'eut aucun mal à reconnaître le jeune survivant du drame Uchiwa, Sasuke. Et non pas à cause de ses vêtements, comme il l'aurait pensé, mais à cause de son visage qui ressemblait tellement à celui d'Itachi au même âge, la maturité en moins. La ressemblance était frappante : le même nez droit, les mêmes yeux en amandes, les mêmes traits encore enfantins, les mêmes pommettes. Lui qui avait souvent côtoyé le grand frère de Sasuke dans sa jeunesse, ne pouvait nier leur lien de parenté. Il était surpris de voir autant de similitudes entre les deux possesseurs du Sharingan, cela allait peut-être se révéler un peu plus difficile que prévu…

Son regard coula vers le dernier membre de l'équipe, une jeune fille d'origine civile de ce qu'il en savait, avec de longs cheveux roses flashy et assez voyants. Mais ils se mariaient plutôt bien avec son teint de pêche et ses grands yeux verts lagons. Elle était mignonne et intelligente par-dessus le marché, selon son dossier de l'Académie ninja. Cependant, Naruto ne voyait présentement pas comment cette jeune fille avait pu obtenir d'aussi bonnes notes quand il la voyait maintenant : elle se tenait à quelques centimètres de Sasuke et babillait joyeusement, un éclat de pur bonheur dans les yeux. L'amour pouvait faire des ravages !

Le ninja blond jeta un coup d'œil à sa montre et décida de continuer à les observer encore quelques minutes, jusqu'à l'heure du rendez-vous en fait, pour en apprendre un peu plus sur les relations qu'ils entretenaient chacun.

Sasuke tentait de faire le vide dans son esprit. Il avait entendu hier cette rumeur comme quoi son équipe aurait un assistant professeur en plus du Jonin professeur habituel. Il avait accueilli cette information avec indifférence, mais cela l'avait assez agacé de ne rien connaître de lui : il détestait travailler avec des inconnus et Kakashi n'avait voulu lâcher aucune information sur lui. En plus il n'était même pas venu se présenter hier ! Comme s'il se croyait tout permis. Autant dire que l'Uchiwa l'avait détesté avant même de le rencontrer, ne sachant pas pourquoi cependant cela le travaillait autant. Peut-être parce qu'il était déjà passablement énervé depuis l'affichage des groupes de Genins et qu'un rien suffisait à le mettre en rogne depuis ? En effet, faire équipe Sai était déjà assez pénible comme ça, mais en plus il allait devoir se coltiner Sakura, une fille totalement hystérique qui voulait sortir avec lui. D'ailleurs, ce matin-même il l'avait trouvé quasiment devant sa porte : elle avait sorti l'excuse stupide de la rencontre surprise, mais il avait senti sa présence dès son réveil et il ne voulait pas savoir depuis combien de temps elle faisait le guet devant chez lui.

Il avait retardé au maximum son départ de la maison, mais il n'avait pas pu se dérober à cette « rencontre due au destin » et ni son mutisme ni ses regards noirs n'avaient dissuadés la jeune fille de se rapprocher un peu plus de lui à chaque phrase. Maintenant il n'attendait qu'une chose, c'était que leur professeur arrive, que Sakura s'éloigne enfin et qu'ils puissent commencer ce pourquoi ils étaient là : s'entraîner et devenir plus fort.

Sai de son côté, observait l'étrange couple qui avait fait son apparition devant lui. Il aurait bien aimé venir les saluer, même peut-être échanger quelques banalités sur la nuit ou sur le réveil, comme pouvait le faire les jeunes adolescents de leur âge. Un million de phrases et de formulations tournaient dans sa tête pour engager la conversation mais justement, il ne savait pas laquelle choisir… Alors il n'avait rien dit, jetant de temps à autres des regards envieux à la seule fille du groupe qui débitait des mots avec une facilité déconcertante, enchaînant un nombre impressionnant de sujets dans un temps record. Tout cela pour attirer vainement l'attention de Sasuke sur elle…

« Au fait, tu sais qui sera l'assistant de Kakashi-sensei, Sasuke-kun ? »

Ce dernier fronça les sourcils, pendant le trajet où un incessant bourdonnement rose l'avait poursuivi, il l'avait presqu'oublié celui-ci. Ce fameux assistant ! Il ne devait pas être bien impressionnant pour être relégué au second plan : c'était la première fois qu'il entendait parler d'un tel poste dans une équipe de Genins ! Sûrement un stupide Chunin qui avait été recalé à l'examen de Jonin et qui tentait de se rattraper en suivant une formation spécifique pour devenir professeur ninja, ou quelque chose comme ça.

« Moi j'ai entendu beaucoup de choses sur lui ! » Poursuivit Sakura, n'espérant de toute façon pas une réponse. « Apparemment il est assez connu dans le village. Mais pas en bien si tu vois ce que je veux dire. Il serait maudit je crois bien. Enfin je n'ai pas tout compris, j'ai seulement entendu une partie de la conversation que mes parents ont eue avec ceux d'Ino. Mais déjà, n'être qu'assistant ce n'est pas très fameux donc bon. Il ne doit pas être très fort. J'espère qu'il ne gênera pas Kakashi-sensei pendant notre apprentissage. »

Naruto les entendait parfaitement mais il ne s'en formalisait pas : il avait depuis longtemps pris l'habitude d'entendre les gens de tout âge le médire dans son dos. Cependant il était l'heure du rendez-vous alors il se releva silencieusement de sa branche, rangea son livre sur les bases du métier de professeur et se sauta au bas de l'arbre, toujours dans le silence le plus complet. Seul Sai, parce qu'il se trouvait justement installé face à cet arbre, l'aperçut et il écarquilla les yeux de surprise devant la grâce et le silence du nouvel arrivant : c'était la première fois qu'il voyait ça !

Le ninja blond avança sans essayer de se cacher derrière Sasuke et Sakura et posa une main sur chaque épaule des deux élèves, dans une légère tape pour leur faire remarquer sa présence. Aussitôt Sasuke se retourna avec un kunai en main, mais Naruto ne frémit même pas devant l'éclat de l'arme blanche, tandis que la voix de Sakura se mourrait dans sa gorge, elle ne prononça bientôt plus un mot. L'ancien ANBU continua son chemin sans un mot pour tendre sa main à Sai qui accepta l'aide offerte pour se relever. Le garçon se rapprocha de ses deux coéquipiers, regardant l'assistant se retourner vers eux-trois.

« Je suis enchanté de vous rencontrer. Je suis Naruto Uzumaki et je serais l'assistant de Kakashi pendant les prochaines années avec vous. Ne vous inquiétez pas, je saurais répondre à vos questions et vous enseigner ce que vous avez à apprendre. » Déclara le blond avec un large mais mince sourire.

Sakura rougit de gêne et de colère : le ninja l'avait attendu et elle se dit qu'elle aurait mieux fait de tenir sa langue, mais d'un autre côté elle n'aimait pas du tout l'idée d'avoir été espionné ! Pour qui se prenait ce gars-là ?!

« Uzumaki. » Grogna Sasuke d'une voix froide. « Tu es encore en vie ? »

L'Uchiwa avait vraiment été surpris dans un premier temps, de ne pas avoir senti la présence de l'autre ninja, puis particulièrement choqué de reconnaître l'ancien équipier de son cousin Shisui. Il se souvenait vaguement de lui : ce blondinet avait l'habitude de traîner avec Shisui et Itachi par extension et de se les accaparer comme s'ils étaient amis. Sasuke l'avait toujours détesté pour son attitude trop amicale et pour toutes ses fois où Itachi avait annulé leurs entraînements, car Naruto avait débarqué en braillant que son grand frère devait ramener ses fesses. Depuis le massacre du clan… Non, depuis la mort de Shisui en réalité, le jeune garçon ne l'avait plus revu, ni entendu, et il en avait déduit avec un reniflement hautain que cet énergumène avait dû être tué en mission.

L'énergumène en question passa tout simplement sur sa remarque, se tournant vers Sai. Sasuke serra les poings en le voyant l'ignorer comme ça : il n'était pas n'importe qui ! Non mais où se croyait ce blond stupide ?! Il était en présence d'un Uchiwa ! Le deuxième garçon du groupe cherchait à ordonner toutes les pensées depuis une longue minute maintenant, mais il avait tellement à dire, tellement à demander ! Il ne savait pas par quoi commencer. Sakura, ayant réussi à retrouver une couleur de peau normale et voyant le ninja donnant de son attention à Sai, lâcha d'une voix suffisante :

« C'est inutile d'essayer de parler avec lui, c'est un attardé ! »

« Commence parce ce que tu veux Sai. » Fit plutôt Naruto en ne tenant pas compte de la remarque de la jeune fille.

« Comment doit-on s'adresser à vous ? »

Le blond haussa un sourcil et sourit gentiment :

« Comme vous voulez, cela n'a pas d'importance. »

« Alors, je peux vous appeler Sensei, même si vous ne l'êtes pas vraiment ? »

« Si tu veux. »

Naruto cacha au mieux son rougissement de gêne et de joie. Il en rêvait de cette appellation depuis qu'Hiruzen était venu le voir pour lui annoncer qu'il comptait lui confier une équipe de Genins, mais comme il n'était qu'un assistant, il n'avait pas voulu s'imposer de cette manière à ses élèves. Alors entendre ce jeune garçon vouloir lui faire preuve de respect le gênait et lui faisait plaisir.

« Quelle technique avez-vous utilisé pour dissimuler votre présence ? Je suis ici depuis un moment mais je ne vous avais pas remarqué ! »

« Aucune. »

« Hein ? »

L'exclamation fut exprimée de concert par Sai et Sakura. Sasuke quant à lui, n'avait rien dit mais il était aussi surpris que ses camarades ! Naruto s'installa sur la souche d'arbre qui trônait au centre de cette partie du terrain d'entrainement et commença ses explications, ayant parfaitement remarqué que les trois jeunes ninjas buvaient littéralement ses paroles, après tout la discrétion était la base des fondamentaux des ninjas.

« Il existe plusieurs façons de cacher sa présence en fonction des affinités de chacun. Mais sans entrer dans les détails, il existe deux manières principales de faire : la première c'est d'effacer sa présence en manipulant votre chakra pour le contenir entièrement en vous et ne pas en laisser filtrer une parcelle. La seconde c'est de ne faire plus qu'un avec votre environnement, en modifiant votre chakra pour qu'il ressemble le plus possible à celui qui vous entoure constamment. Le chakra est après tout une énergie vitale en premier lieu et tout être vivant en possède. Le tout est de savoir s'en servir et d'en posséder assez pour lui trouver une application. »

Sai sortit la tête de son petit carnet, un différent de celui dans lequel il dessinait tout à l'heure, ayant écrit frénétiquement les mots de son nouveau professeur.

« Quelle méthode avez-vous utilisez alors Sensei ? »

« L'expérience. » Répondit énigmatiquement Naruto avec un sourire en coin.

« Comment ça ? »

« C'est ridicule ! » S'écria Sakura. « J'ai lu beaucoup de livres sur le malaxage du chakra et je n'ai rien lu sur cette deuxième méthode ! Et puis, "l'expérience", vous la sortez d'où cette réplique bidon ? D'un vieux livre policier ou quoi ?! »

Naruto soupira de la remarque de son élève :

« Je ne fais qu'énoncer des vérités. La première façon est de se contenir, la seconde est de se camoufler, mais moi j'ai disparu. Je n'ai pas seulement effacé ma présence en contenant mon chakra à l'intérieur de mon corps, j'ai réduit au minimum le chakra nécessaire pour ne devenir qu'une irrégularité quelconque puis mon corps c'est synchronisé à mon environnement. Pour certains animaux cela peut se comparer au principe d'hibernation : mon organisme a ralenti au maximum, se contentant de me garder en vie et sensible à ce qui m'entoure. Ainsi j'ai effacé mon existence. Seulement cet état ne s'atteint pas avec de l'entrainement ou un jutsu, mais de l'expérience et de nombreuses années à pratiquer l'art ninja. »

« Est-ce que nous pouvons capter cette différence Sensei ? »

« Hm… Je ne sais pas. Peut-être que vous êtes un peu trop jeunes et inexpérimentés pour pouvoir faire la différence, mais on peut essayer si vous voulez. »

Sai hocha la tête, ses yeux pétillants. Lorsqu'ils avaient rencontré leur Sensei hier, il ne s'était pas attendu à grand-chose de lui : il semblait n'avoir vu que Sasuke dans leur équipe, ce qui était souvent le cas des autres professeurs, des adultes et même des autres enfants, et en plus il ne lui avait pas paru d'être très motivé. Il avait prévu d'apprendre des techniques et de les perfectionner dans son coin, mais avec Naruto cela changeait la donne ! Lui était avide de partager son savoir et il avait une expérience solide derrière lui de ninja – cela semblait aussi être le cas de Kakashi, mais c'était différent… De plus la patience n'était pas quelque chose qui lui faisait défaut : il était le premier à lui laisser le temps de la réflexion et à le pousser à parler depuis ses parents.

Il n'était pas complètement asocial ou attardé comme l'avait si gentiment dit Sakura, mais il était vrai qu'il avait de grosses lacunes en comportement de société : il n'était jamais sûr d'arriver à lire l'atmosphère d'une conversation ou de savoir quoi dire. Pourtant Naruto l'avait tout de suite mis en confiance avec son sourire sincère et gentil : parler avec lui était si facile, il était honnête et franc, il n'y avait pas à se torturer l'esprit pour échanger quelques mots avec lui puisqu'il n'avait ni d'arrières pensées et ne faisait aucun sous-entendu difficile à traduire. Oui, il venait tout juste de le rencontrer, mais Naruto s'était tout de suite exposé à eux sans crainte. Oh bien sûr, Sai sentait qu'avec cette première interaction, il n'avait vu que la partie immergée de l'iceberg que la personnalité de leur deuxième Sensei était, mais c'était sans aucun doute la plus importante.

Naruto était content de voir que le courant passait si bien avec Sai, celui-ci allait sans doute être son préféré. Ce n'était pas très correct de penser ainsi, mais avec les deux autres c'était tout autre chose : Sakura semblait mettre un point d'honneur à contredire ou dénigrer le moindre de ses propos, car elle ne le voyait pas comme un professeur, mais plus comme un usurpateur, et Sasuke se contentait de le fusiller du regard et de le regarder de haut – ou du moins de tenter car la différence de taille ne l'aidait pas vraiment – lui aussi ne semblait pas vouloir tenir compte de ce qu'il disait. Difficile dans ce cas-là d'apprécier les deux jeunes Genins, il ne restait donc plus que Sai qui se montrait respectueux et curieux. En entendant Sakura contester une fois de plus une réponse qu'il venait de donner à Sai, car un de ses livres disait le contraire, puis se tourner vers Sasuke pour avoir son avis sur la question, ce dernier les ignorant tous les trois superbement, Naruto se fit la réflexion que la cohabitation allait être dure, mouvementée et que surtout ils allaient avoir du mal à former une équipe soudée et unie.

« Au fait, il est où Kakashi-sensei ? » Brailla Sakura.

« En retard. » Répondit automatiquement le Jinchuriki, commençant déjà presqu'à regretter cette nouvelle initiative de son aîné.

oOo

Naruto déambulait tête baissée dans le village caché de Konoha. Il venait tout juste de rentrer d'une mission d'escorte avec l'équipe 7. De base, ils devaient accompagner un certain Tazuna jusqu'à son village au pays des vagues, sans qu'il ne se fasse attaquer ou détrousser par des bandits. Mais ce ne fut pas des brigands qu'ils croisèrent, mais des mercenaires et des nunkenins ! Autant dire que cette mission de rang C n'en fut dès lors plus une. Le vieux charpentier leur avait conté son histoire mais s'il n'en n'avait tenu qu'à lui, Naruto aurait immédiatement dit à l'équipe de faire demi-tour. Mais Kakashi avait accepté de continuer la mission. Les deux adultes s'étaient disputés – Naruto estimait qu'ils n'en savaient pas assez sur cet ennemi pour se lancer ainsi tête baissée – et pour la première fois depuis trois mois, son aîné lui imposé ses choix en une phrase : « c'est moi ici qui suis en charge de cette équipe » autrement dit « tu te tais et tu suis les ordres ». Le ninja blond n'avait pas apprécié, il détestait qu'on le mette devant le fait accompli ou qu'on lui impose une situation qui allait mal se terminer. Et là, il avait eu le droit à ces deux cas en un temps record et ses tripes lui hurlaient qu'il allait regretter de ne pas avoir réussi à convaincre Kakashi.

Le reste du voyage s'était pourtant passé assez tranquillement : il y avait bien eu un guet-apens, mais rien d'insurmontable pour les deux anciens ANBU. Naruto s'était alors dit que peut-être, pour une fois, son instinct c'était trompé, que ce serait l'exception qui confirmerait la règle que ses tripes ont toujours raison. Mais plus ils s'étaient rapprochés du pays des vagues et plus ils s'étaient sentis épiés. Le Jinchuriki avait bien tenté de parler à Kakashi pour lui demander plutôt de demander des renforts d'urgence et de les attendre avant de franchir la frontière, mais une fois de plus ce dernier n'avait tenu compte de ses propos, sûrement était-il certain de pouvoir s'occuper de n'importe quel adversaire qui aurait pu être employé. Était-il devenu aussi arrogant que les Uchiwa en obtenant le Sharingan ? Oui, sans aucun doute et en plus il s'agissait de la mauvaise arrogance, celle qui vous met en danger… Itachi et Shisui aussi l'étaient, mais seulement lors des entraînements lorsqu'ils ne voulaient pas avouer qu'ils avaient tort. Cela ne les avait mis en danger comme maintenant.

Dans une autre situation, Naruto aurait sans doute secoué Kakashi ou il l'aurait même ficelé pour prendre les rênes de cette mission qui devenait bien trop dangereuse à son gout, pour une équipe de Genins. Mais il n'était pas vraiment en position d'agir de la sorte : s'il ne faisait que lever la main sur un des élèves ou sur celui qui était censé le surveiller, il atterrirait directement dans les prisons de Konoha. Et puis rien ne certifiait qu'on enverrait bien une équipe de soutien si c'était lui qui la demandait… Il était pieds et poings liés et tout ce qu'il pouvait faire s'était prier que rien de dangereux n'arrive et se préparer pour faire face à n'importe quelle situation. C'était donc naturellement qu'il s'isolait le soir, une fois le camp monté, pour non seulement patrouiller et s'entraîner au taijutsu, afin que son corps ne se refroidisse pas et qu'il soit réactif à tout moment. Parfois Sai venait le rejoindre pour s'entraîner aussi, observant celui qu'il considérait comme son professeur et tentant de reproduire ses mouvements. Ces nuits-là se transformaient alors en cours sur l'art du corps à corps.

Puis finalement ils étaient arrivés au village de Tazuna et tout était partie en cacahuète… Un ninja déserteur de rang A – voir même peut-être de rang S, Naruto n'avait pas pour habitude de consulter de Bingo Book mais il avait entendu les rumeurs qui circulaient au sujet du Démon de Kiri – était apparu accompagné de plusieurs mercenaires payés par Gatô. Finalement son mauvais pressentiment était fondé et il aurait bien voulu le crier au visage de Kakashi, mais ce dernier lui avait ordonné de s'occuper des mercenaires de seconde zone tandis qu'il faisait face à Zabuza. Naruto n'avait eu d'autres choix que d'obéir et il avait foncé. Derrière lui, Sai, Sasuke et Sakura avaient encerclé leur client pour prévenir de toute attaque surprise, mais ils avaient été ébahis par les combats qui se déroulaient devant eux, que ce soit celui de Kakashi ou de Naruto – Sasuke et Sakura avaient eu du mal à l'admettre pour le second. Ils n'auraient jamais cru que leur professeur qui ne connaissait pas la notion de ponctualité, puisse tenir tête à un ninja d'élite comme Zabuza et encore moins que l'assistant qui s'était montré plus que réticent à poursuivre cette mission, n'ait aucun problème à neutraliser ses ennemis pourtant en grande supériorité numérique.

Mais soudain Kakashi s'était fait piéger dans une bulle d'eau à cause de la diversion d'un ninja apparu de nulle part. Sasuke et Sakura avaient voulu se lancer dans le combat pour aider leur professeur, mais Naruto leur avait interdit de bouger et il y était lui-même. Heureusement, les deux Genins l'avaient écouté sinon Sai se serait retrouvé seul face à Haku, un ninja au service de Zabuza. Finalement le ninja au don héréditaire avait réussi à isoler les deux réelles menaces du groupe de Genins, Sai et Sasuke, les enfermant dans sa prison de miroirs de glace, tandis que Naruto avait échangé sa place avec Kakashi : ce dernier avait été sonné par l'attaque surprise et s'il pouvait toujours gérer les mercenaires de bas niveau, il ne pouvait plus affronter l'épéiste de la Brume dans son état. Quand il eut fini de capturer ses derniers adversaires, il était alors intervenu dans le combat de ses deux élèves contre Haku et il avait brisé le jutsu du ninja de Kiri. Gravement blessé, Sasuke et Sai s'était quasiment évanouit dans la foulée, mais l'Uchiwa avait eu le temps d'apercevoir Naruto tenir tête à Zabuza avec une technique d'épée qui lui rappela celle de son frère.

Le blond avait en effet sorti sa propre épée après s'être rendu compte qu'à main nu, il limitait ses chances de gagner. Il avait appris l'art du combat à l'épée en observant jour après jour, Shisui et Itachi se confronter. Il les imitait ensuite dans son coin, s'entraînant avec juste ce qu'il voyait. Petit à petit, il avait remarqué les différences de styles lors des entraînements des deux Uchiwa et il s'était trouvé une meilleure affinité avec celui d'Itachi. Grâce à cela, il arriva à se battre à armes égales avec Zabuza, comptant sur son endurance pour pouvoir gagner car un grand nombre de ses techniques et de ses capacités lui avaient été interdites par le Conseil. En définitive, ce fut l'impatience de l'épéiste qui lui permit de le battre : voir son adversaire se battre seulement à moitié l'avait énervé et il avait voulu en finir une bonne foi sur toute, sans s'en rendre compte il avait ouvert une faille dans sa garde, une faute grave pour un bretteur de son niveau, et Naruto n'avait eu qu'à s'y glisser, l'embrochant sans hésitation, sa lame trouvant le cœur de son ennemi avec une facilité déconcertante.

Du point de vue de la mission en elle-même, ce fut une grande réussite : Tazuna était arrivé à bon port en un seul morceau, le pont avait pu être terminé sans autre soucis majeur et Gatô avait même été tué par Zabuza dans un dernier soupir. Mais les dégâts subis par l'équipe furent lourds : Kakashi, Sasuke et Sai avaient été blessés et obligés de garder le lit plusieurs jours. Naruto avait bien sûr aussi écopé de quelques plaies plus ou moins profondes mais elles avaient toutes disparues avant le lever du soleil le jour suivant. Ils avaient dû donc attendre que l'équipe soit de nouveau sur pieds pour repartir et le ninja blond avait veillé sur les deux Genins pendant leur rétablissement : Kakashi disparaissait pour aider un peu les travailleurs du pont et faire de l'exercice sans forcer sur ses blessures, et Sakura était trop tremblante devant le corps nu de son amour secret pour l'aider en quoi que ce soit.

Ils étaient rentrés et Naruto étaient là à marcher dans les rues à se remémorer cette mission : ils avaient réussi et personne n'était mort, il s'était même illustré lors de son combat contre Zabuza. Mais peu importe tout ça, ce qui le tourmentait c'est qu'il n'avait pas pu arrêter Kakashi, lui faire entendre raison, et à cause de cela l'équipe avait été mise en danger bien plus que nécessaire et deux Genins avaient été blessés. C'était un coup de chance qu'ils aient pu en ressortir sans blessures plus graves ! Il aurait dû être là pour les protéger, prendre les coups à leur place, c'était son boulot, ce qu'il faisait de mieux et tout ce qu'il voulait : protéger son équipe et leurs vies au péril de la sienne.

Les blessures qui s'accumulaient dans les dossiers médicaux de ses équipiers, le faisait douter de son pouvoir, de sa raison d'être un ninja : il ne réussissait pas cette mission élémentaire, celle de protéger son équipe, alors comment pouvait-il se prétendre ninja… ? Était-il vraiment fait pour ça ? Ou plutôt y arrivait-il réellement ? N'était-il pas en train d'échouer ? De devenir un simple soldat au service du village, sans aucun pouvoir ? Pour lui, être ninja s'était de protéger les personnes auxquels il tenait, mais là il n'était plus qu'un assassin incapable de veiller sur les membres de son équipe.

Les doutes et les questions se bousculaient dans sa tête et il avait besoin d'en parler. Il connaissait la personne à qui s'adresser, mais il n'était pas sûr de pouvoir aller le voir sans le déranger… Pourtant ses pas ne semblaient pas s'en préoccuper car bientôt il se trouva près du terrain d'entrainement numéro dix – après leur rapport, Hiruzen leur avait décrété une semaine de repos. Il s'arrêta devant les barrières qui entouraient cette parcelle de terre et pendant plusieurs minutes, il tenta de percevoir ce qu'il se passait de l'autre côté du grillage, sans succès. Finalement il se décida de faire demi-tour : il ne pouvait pas le déranger pour des choses sans importance… Bon cela ne l'était pas pour lui, mais justement cela le concernait lui uniquement, il ne pouvait pas aller le déranger avec ce genre de questions – bien qu'il soit certain que cela ne le dérangerait pas.

Naruto reprit le chemin inverse avec l'intention de rentrer chez lui et dormir jusqu'à la fin de la semaine, ou du moins il comptait essayer car cela faisait plusieurs années qu'il n'arrivait plus à fermer l'œil le temps d'une nuit entière. Mais alors qu'il faisait demi-tour, il tomba sur Asuma et ses trois Genins qui arrivaient dans son sens. Le destin avait parlé et il n'allait pas laisser l'ancien ANBU s'en sortir à si bon compte :

« Naruto ! Qu'est-ce que tu fais ici ? »

« Je… J'étais venu prendre de vos nouvelles Asuma-sensei. »

Le Jonin lui fit un grand sourire et l'invita à les suivre à l'intérieur du terrain pour discuter un moment. Il n'était pas dupe, il avait tout de suite senti que quelque chose n'allait pas chez le ninja et il n'espérait que pouvoir régler son problème. Il donna ses instructions à Shikamaru, Choji et Ino sur l'entrainement du jour et il s'éloigna avec Naruto, attrapant le bras de ce dernier pour l'empêcher de se défiler. Les trois Genins commencèrent leurs échauffements en silence, jusqu'à ce que la seule fille du groupe lâche enfin la question qu'elle avait sur le bout des lèvres :

« Tu sais de qui il s'agit Shikamaru ? »

Le Nara était plus âgé de trois ans que ses équipiers, mais il était aussi fils unique et leurs parents avaient insistés pour que Shikamaru attendent quelques années pour entrer lui-aussi à l'Académie, afin que le trio InoShikaCho ne disparaisse pas avec les adultes. Cependant le manipulateur d'ombres n'avait pas passé toutes ses années chez lui à ne rien faire : Asuma s'était occupé de lui pour l'aider à perfectionner les arts de son clan et renforcer ses bases dans le taijutsu et le lancer de projectiles. Shikamaru connaissait donc mieux leur ninja professeur que ses deux autres coéquipiers.

Le Nara hocha de la tête positivement à la question d'Ino et jeta un regard vers la direction prise par les deux Jonins. La jeune fille commença à s'impatienter car elle voulait savoir qui était ce beau blond qui semblait proche de leur professeur, en tout cas c'est ce qu'elle sous-entendait dans sa question mais leur aîné ne semblait pas l'avoir remarqué. Elle avait cependant tort : Shikamaru avait bien compris qu'elle voulait un nom et une description détaillée du jeune homme, de son caractère, de son passé et de sa famille. Mais à vrai dire il n'en savait rien, il le connaissait juste de nom et d'une photo qu'il avait vu chez son professeur.

« Il s'appelle Naruto, c'est la grande fierté d'Asuma-sensei. C'était son élève il y a quelques années. Je ne sais rien de plus. »

Ino fit la moue, c'était peu, trop peu pour qu'elle ne craigne pas de l'aborder : il semblait si fort, si puissant, si charismatique. Si Sasuke n'était pas son grand amour, ce bel apollon aurait sûrement pris cette place à l'instant où elle l'aurait vu. Il se dégageait quelque chose de lui comme une triste nostalgie, une étrange mélancolie qui vous poussait à le prendre dans vos bras pour le réconforter. Et en même temps il semblait plus que capable de vous protéger dans ses bras forts et musclés. La jolie blonde rougit de ses pensées qui dérivaient peu à peu, sous le regard moqueur de Choji et désabusé de Shikamaru. Toutefois, ce dernier – qui n'avait eu aucun mal à suivre le fil des pensées de son équipière – devait reconnaître que ce Naruto dégageait quelque chose d'intrigant, mais il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus, il avait l'impression de juste frôler le problème.

A quelques mètres de là, Asuma venait de prendre son ancien élève dans ses bras, le serrant doucement contre lui. Il essayait de faire bonne figure, mais voir une fois de plus le visage du blond couvert de larmes silencieusement, l'avait perturbé. Pourtant ce n'était pas la première fois qu'il assistait un tel spectacle : il connaissait Naruto depuis huit ans maintenant, il avait en effet commencé à s'occuper de lui à ses dix ans, quand il aurait dû intégrer l'Académie Ninja. A cette époque, les parents des autres élèves s'étaient presque tous violemment opposés à l'admission de Naruto à l'Académie, craignant pour leur progéniture et Naruto avait finalement fini seul dans une classe avec lui comme professeur particulier.

Lorsqu'il l'avait rencontré pour la première fois, il l'avait pris pour un imbécile heureux et un gamin stupide qui ne comprenait rien à ce qu'il se passait autour de lui – il l'avait même soupçonné d'avoir un retard mental à vrai dire. Mais il était tombé de haut quand il l'avait vu au détour d'un couloir, en train pleurer silencieusement, allongé terre et roulé en boule à même le sol. Ce jour-là il avait compris que Naruto souriait constamment pour se faire accepter – qui voudrait d'un ami maussade ou qui faisait tout le temps la tête ? – et que ses pitreries n'existaient que pour qu'on le remarque, mais qu'en réalité il en était affecté comme n'importe quelle autre personne souffrirait à sa place. Dans ce cas pourquoi pleurait-il toujours dans son coin et en silence, semblant ignorer son état comme si ces larmes n'étaient pas les siennes ? Asuma n'avait toujours pas trouvé de réponse à cette question, pourtant cela ne l'empêchait pas d'essayer de le réconforter à chaque fois qu'il en avait besoin.

Le Jonin professeur ne savait pas pourquoi il pleurait cette fois et généralement il n'en savait jamais rien, cependant il s'estimait heureux et flatté de savoir que son ancien élève lui faisait assez confiance pour tomber les masques devant lui, même si cela la situation ne s'y prêtait pas et que cela l'attristait.

« Je suis inutile… » Murmura Naruto au moment où Asuma s'y attendait le moins. « Je ne peux même pas protéger mes amis… A quoi je sers ? »

Le Sarutobi sentit son cœur se serrer douloureusement à ces mots. Il savait que pour Naruto, ses amis c'étaient toute sa vie, mais il n'aurait jamais cru qu'il était aussi tourmenté par leurs blessures et son incapacité à les en défendre.

« Ne dit pas ça Naruto. Tu es le meilleur ami et le meilleur équipier que l'on puisse avoir. Mais tu n'es pas tout puissant non plus, tu ne peux pas tout le temps tous les protéger. Tu es humain, pas Dieu. »

« C'est n'est pas vrai… Je ne suis pas humain… » Répondit le plus jeune en portant une main à son ventre, au niveau du sceau qui gardait Kyuubi en lui. « Je n'accuse Kurama de rien, » ajouta-t-il en voyant Asuma ouvrir la bouche « c'est moi… Je suis maudis et à cause de ça, les personnes qui m'entourent frôlent constamment la mort. Je pensais être devenu plus fort que cette malédiction, ou du moins assez fort pour les protéger du mal que je peux leur faire, mais… Mais je m'étais trompé… »

Son ancien professeur n'en revenait pas ! D'où tirait-il cette histoire insensée de malédiction ?! D'où sortait-il de telles inepties ?! Puis il eut un flash… Un collège, un certain Mizuki qui lors de son premier jour avec Naruto, lui avait souhaité « bonne chance avec l'enfant maudit » … Un autre souvenir lui revenu sur une journée banale, où il avait interrompu des garçons qui frappaient Naruto, le traitant de « maudis » … Lui avait-on donc tant répéter ces mots, que le blond lui-même avait fini par y croire ? Asuma ne savait pas quoi faire, ni quoi dire. Comment le sortir de cette illusion malsaine, créée de toute pièce avec une peur et une haine infondée mais bien là ? Shisui aurait su trouver les mots justes lui, mais il n'était plus de ce monde…

Naruto prit son silence et son air perturbé comme une réponse à ses troubles intérieurs : oui il était bien maudit, oui c'était bien de sa faute si les gens autour de lui mourraient ou finissaient toujours blessés et oui il ne pouvait rien faire du tout… Peut-être devait-il mettre fin à ses jours afin d'éviter de faire d'autres victimes ? Non, il ne pouvait pas faire ça à Kurama qui mourrait dans ce cas avec lui. Et puis, Itachi lui avait fait promettre de vivre pour Shisui et pour Hana, qui avait besoin de lui plus que jamais, après sa tentative de suicide à la mort de son ancien meilleur ami. Il ne pouvait donc pas quitter ce monde de cette manière et se laisser tuer revenait au même…

« Alors comme ça, vous avez une nouvelle équipe Asuma-sensei ? Comment sont-ils cette fois ? J'espère pour vous qu'ils sont moins turbulents que nous ! »

Naruto avait fini sa crise de larmes et même si Asuma sentait que le vrai problème était loin d'être réglé, il respecta son choix de passer à autre chose – il ne savait pas quoi dire pour l'aider de toute façon.

« Après vous, ils vont tous me sembler calmes comme des images ! » Rigola-t-il, taquin. « Allez viens, je vais te les présenter. »

Asuma le conduisit dans la clairière où Ino et Shikamaru s'affrontaient en un contre un. Si la jeune fille mettait de l'énergie dans ses attaques, son adversaire parait et esquivait avec paresse, énervant de plus en plus la jeune Yamanaka. Le ninja professeur lui parla alors de Choji, un garçon trop gentil qui ne voulait faire de mal à personne, d'Ino, une jeune fille un peu superficielle mais qui ne s'était pas encore réellement trouvée, et de Shikamaru, un gros paresseux excessivement intelligent. Une équipe aux antipodes de celles qu'il avait eu avec Naruto comme élève. Il se plaignit même gentiment qu'ils manquaient tous de volonté et qu'ils n'étaient pas aussi mâtures – à l'exception de Shikamaru qui avait son cerveau et son âge pour lui – que l'ancienne équipe 10.

Choji, le seul qui avait pu entendre leur conversation, s'offusqua de cette description peu flatteuse de leur équipe, attirant l'attention des deux autres Genins. Ils arrêtèrent l'entrainement et ils les rejoignirent pour écouter les histoires de leur invité du jour. Ce dernier souriait et riait beaucoup, faisant souvent rougir Ino, définitivement sous le charme. Aux yeux des deux plus jeunes du groupe, Naruto était bon vivant, peut-être un peu bête et simplet mais très attachant. Shikamaru lui, voyait par-dessus ce genre qu'il se donnait et quelque part il comprenait pourquoi Asuma répétait sans cesse que le blond était sa plus grande fierté : il semblait plus que fiable, réfléchi, mature et responsable, il mettait les autres en confiance et il avait toutes les qualités d'un dirigeant au cœur gros, honnête et juste. Mais il ne loupa pas pour autant l'air nostalgique et envieux qu'il avait par moment en les regardant, Shikamaru se demandait alors ce qu'il pouvait voir ou imaginer. Naruto piquait sa curiosité beaucoup car il était plein de contradictions : à la fois heureux et triste, fiable et croulant sous un poids invisible, présent et ailleurs, mature et enfantin, souriant aux autres et pleurant à l'intérieur de lui-même…

Naruto faisait connaissance avec les trois Genins, s'étonnant silencieusement des trois ans de plus de Shikamaru et se rappelant de cette époque où il était à leur place, jeune ninja encore innocent de ce qu'il allait devenir. Il était assez triste pour Choji qui allait devoir bientôt faire face à la dure réalité des ninjas, celle de tuer sans hésitations et il espérait pour lui qu'il ne serait pas trop changé par cette future épreuve. Ino le mettait assez mal à l'aise, en rougissant à tout bout de champ et en le fixant sans jamais le lâcher des yeux, et il comprenait aussi l'inquiétude d'Asuma la concernant car il sentait dans sa manière d'être, qu'elle n'imaginait pas ce qui l'attendait en choisissant cette voix. Et puis il y avait le génie avec une attitude désinvolte qui l'amusait beaucoup mais il semblait aussi être le moins naïf du groupe. Asuma venait rapidement de lui expliquer pourquoi Shikamaru était plus âgé que ses deux camarades et Naruto proposa tout naturellement d'entraîner le Nara quand ce dernier le souhaiterait pour ne pas seulement revoir les bases pendant trois ans de plus. Ce dernier haussa les épaules avec indifférence, pendant qu'Ino le fusillait du regard, en proie à la jalousie.

Le plus âgé enchaîna d'ailleurs sur l'équipe 7 dont il l'avait la charge la moitié du temps. La blonde râla au début que sa grande rivale était non seulement en équipe avec Sasuke mais qu'en plus elle avait ce beau blond comme professeur, puis elle s'étonna d'entendre Naruto raconter qu'au final, seul Sai l'écoutait. Les deux Genins et même Asuma furent surpris. Même s'il n'était pas un vrai professeur, il restait un Jonin qui avait bien plus d'expérience qu'un Genin et qui connaissait forcément plus de choses.

« C'est compliqué… Pour Sakura qui ne se fie qu'à la théorie, la pratique que je propose n'est pas à son goût, elle n'a pas confiance ce en que je dis. Quant à Sasuke… Je ne suis pas certain mais j'ai l'impression que c'est moi qui le gêne. Peut-être est-ce parce que j'ai plutôt bien connu Itachi et Shisui… »

« Le frère et le cousin de Sasuke ? » Demanda Choji pour être certain.

« Oui, Shisui et moi nous étions dans la même équipe et Itachi venait régulièrement voir son cousin pour s'entrainer avec lui. Au final, on était plus une équipe de quatre que de trois. C'était très amusant. »

« Et fatiguant surtout. » Soupira Asuma sous le rire joyeux de son ancien élève. « Au fait Naruto, tu as pu aller voir Hana depuis que tu assistes Kakashi ? »

« Non, elle était en mission avant, puis j'ai été débordé avec toutes les missions et l'entrainement. »

« Et bien je l'ai vu pas plus tard qu'hier et elle est en congé. Tu devrais en profiter pour aller manger un bout avec elle. »

Pendant que Naruto acquiesçait à la proposition, Ino se tourna vers Shikamaru qui lut dans ses yeux sa question et la renseigna sur l'identité de la dénommée Hana : il s'agissait de la grande sœur de Kiba Inuzuka, un ancien camarade de classe. Il avait déjà rencontré la jeune femme lors d'une naissance difficile pour l'une des biches apprivoisées du clan et il l'avait également aperçu à parler hier à Asuma. Ino grinça des dents face à cette nouvelle rivale pour l'attention du blond si sexy. Shikamaru leva les yeux au ciel, car il était évident que le ninja aux yeux bleu azur ne semblait pas intéresser par sa cadette aussi blonde que lui et qu'il 'était même gêné – dans le mauvais sens du terme – par sa façon à chercher constamment son contact.

Naruto échappa d'ailleurs à une main tendue vers lui en se levant d'un coup pour leur souhaiter une bonne fin de journée et disparaître, mais pas sans leur avoir promis de revenir pour assister à l'entrainement cette fois ou pour les inviter à manger. Les trois garçons lui rendirent son salut tandis qu'Ino chouinait le départ du seul beau mec du groupe.

oOo

Un certain ninja aux cheveux aussi blonds que le soleil d'été et aux yeux d'un bleu cobalt, était debout face à une porte de bois. Il venait de toquer chez les Inuzuka et il basculait d'un pied à l'autre toutes les minutes. Il avait presque l'impression d'être un petit-ami impatient qui attendait sa bien-aimée et qui craignait de se faire refouler par les parents de l'autre partie. Il connaissait assez Tsume pour savoir qu'elle n'était pas méchante et qu'elle ne mordait pas, mais il eut quand même un mouvement de recul quand la porte s'ouvrit brusquement et avec force. Devant lui se tenait un zombie mal coiffé… Oups pardon, Hana au saut du lit dans toute sa splendeur : son haut de pyjama trop petit pour sa poitrine opulente, ses cheveux pour une fois détachée qui tombaient en cascade dans son dos avec quelques mèches qui cachaient son regard brumeux et colérique.

Naruto lui sourit en lui faisant un petit signe de main, n'osant pas dire un mot. Cela faisait si longtemps qu'il n'était pas passé la voir qu'il craignait sa rancœur à vrai dire, en plus il se pointait comme ça, sans prévenir. Peut-être finalement qu'il aurait dû lui envoyer un mot, une lettre, quelque chose quoi avant de venir la trouver. Il allait sûrement se faire éconduire pour ne pas y avoir pensé plus tôt… Pourtant il avait vraiment envie de passer ce midi et même une partie de l'après-midi avec elle. Essayant de se donner un peu de courage, il regarda de nouveau son ancienne équipière – il ne s'était pas rendu compte qu'il avait fui son regard sous la gêne croissante – pour être ébloui par ses yeux pétillants et son sourire immense et sincèrement heureux. Finalement il aurait dû venir la voir plus tôt ! Asuma avait bien fait de lui conseiller d'aller la voir.

« Salut Hana. Je voulais savoir si ça te dirait de venir manger avec moi ? Bien sûr, je t'invite. » Sourit Naruto, plus léger.

« Evidemment que je suis d'accord. Attends-moi cinq minutes, je reviens ! »

Et la jeune femme referma la porte avec la même force qu'elle l'avait ouverte, mais cette fois de hâte. Il lui fallut exactement quatre minutes et trente-cinq secondes pour prendre une douche à la vitesse de la lumière, s'habiller, attraper ses affaires et ressortir pour se jeter sur son blond d'équipier. Elle le tira ensuite par le bras pour le mener jusqu'à Ichiraku. Naruto avait essayé de protester, il voulait l'emmener dans un vrai restaurant pour leur retrouvaille, mais Hana ne lui avait pas laissé le choix. De toute façon, avait-il pensé par la suite, personne ne le laisserait entré même avec tout l'or du monde.

Ils finirent par arriver au restaurant de ramens et Hana s'installa à la table la plus éloignée de la porte pour pouvoir discuter tranquillement et ne pas causer de soucis au patron : souvent les clients évitaient le magasin quand Naruto y était attablé, alors ils se cachaient un peu pour ne pas se faire repérer et faire fuir les consommateurs. Ils discutèrent tout d'abord des dernières nouvelles : une nouvelle portée chez les chiens dressés des Inuzuka, quelques missions de rang B ou A, les progrès d'Hana en médecine animale, l'équipe de Naruto et Kakashi. Petit à petit, la discussion joyeuse et bruyante – le patron les couvait du regard, il n'avait pas le cœur à les rappeler à l'ordre même s'il voyait plusieurs possibles clients s'éloigner en reconnaissant la voix du blond – dériva sur Kiba, sa promotion à Genin, ses bêtises, puis les leurs.

Asuma en avait vu des vertes et des pas mûres avec eux, car ils en avaient fait des bêtises ! Lors de leur première rencontre, Hana, Naruto et Shisui avaient eu du mal à s'entendre. Après tout ils ne se connaissaient pas trop : Naruto avait des cours particuliers, Hana passait plus de temps avec ses chiens qu'avec les autres filles de la classe et Shisui rentrait toujours rapidement chez lui pour suivre un entrainement supplémentaire. Beaucoup d'autres Genins ou ninjas ne leur avait pas donné longtemps avant que l'équipe soit dissoute par manque de cohésion. Et cela aurait très bien pu arriver si Naruto n'avait pas été celui qu'il était : il leur avait souri et il avait promis de toujours protéger leurs arrières. Ces phrases qui avaient un poids incommensurable pour des ninjas, avaient été prononcées avec légèreté, comme s'ils se connaissaient depuis leur naissance. Cela avait profondément touchés les deux autres Genins et ils étaient rapidement devenus inséparables.

Naruto aimait faire des bêtises, se justifiant en disant que cela permettait d'exploiter ses capacités de ninjas quand Asuma lui remontait les bretelles, et généralement Hana se joignait à lui : à eux deux, ils ne manquaient jamais d'idées ! Puis il y avait Shisui qui disait ne pas avoir le temps pour ses enfantillages, mais qu'ils emmenaient avec eux de force et qui finissait finalement toujours par les couvrir : grâce à lui, ils ne s'étaient jamais fait attraper sur les lieux de leurs crimes, même si leur professeur devinait toujours quand ils étaient responsables d'un nouveau fait divers.

Hana n'était pas particulièrement espiègle et malicieuse : elle aimait bien sûr faire des bêtises, mais de temps en temps. Au contraire de Naruto qui estimait qu'une semaine n'était bonne que si elle avait eu son quota de sottises. Mais la jeune fille s'était très rapidement fait facilement entraînée car son cœur l'y poussait sans cesse : oui, elle était tombée amoureuse de Naruto presqu'au premier regard. C'était le premier garçon digne d'intérêt à ses yeux : il était mignon, il n'abandonnait jamais, il ne perdait jamais le sourire et il s'entraînait tous les jours jusqu'à s'endormir dans l'herbe sous l'épuisement. Lorsqu'ils avaient vu ça, Hana et Shisui, la première fois ils avaient été sincèrement impressionnés : Naruto leur avait dit de partir en premier car il voulait s'entraîner encore un peu, ils avaient finalement fait demi-tour et ils l'avaient observés échouer et se relever à chaque fois, pendant plusieurs heures jusqu'à ce que la nuit tombe. Asuma était venu alors le prendre dans ses bras pour aller le coucher chez lui, tout en raccompagnant les deux espions. Hana avait senti dès lors son cœur lui échapper totalement et Shisui n'avait jamais eu autant de respect pour Naruto qu'à ce moment-là.

L'Inuzuka n'avait jamais avoué ses sentiments, au début par timidité et par peur d'être rejetée, puis parce qu'elle s'était rendu compte que Naruto laissait son regard traîner plus du côté des garçons que des filles, préférant les fesses aux poitrines, les muscles brillants de sueur aux courbes dévoilées. Le blond n'en n'avait jamais parlé et il semblait vouloir que personne ne le sache mais Shisui, qui était devenu son meilleur ami et comme un frère pour Naruto, avait fini par aborder le sujet, faisant rougir d'embarras l'adolescent aux yeux bleus quand l'Uchiwa s'était gentiment moqué de lui et lui murmurant d'arrêter de baver sur Itachi. Hana ne l'avait jamais vu aussi gêné que ce jour-là. Mais après cela, le blond avait compris que cela ne changeait rien pour ses amis et il s'était épanoui sous leurs regards heureux. La kunoichi avait alors tu son amour pour son équipier et elle avait tenté de tomber amoureuse de quelqu'un d'autre, sans réel succès : seul Naruto avait de la valeur à ses yeux. Elle n'avait rien contre Shisui ou Itachi – les deux autres garçons qu'elle connaissait le mieux – mais ils avaient naturellement des facilités, ils n'avaient donc pas besoin de faire autant d'efforts que leur ami blond et c'était justement ce qui l'avait différencié des autres.

Naruto était le premier amour d'Hana et son amour d'enfance et d'adolescence, mais elle avait fait définitivement une croix dessus. Cependant, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir encore énormément de tendresse, une affection amoureuse et non fraternelle comme elle le voudrait, quand elle le regardait. Elle voulait pouvoir lui prendre la main dans la rue, le réconforter quand il était triste ou embrasser ses trois petites cicatrices qui se plissaient quand il souriait. En fait, Naruto la laisserait sûrement faire tout ça sans rien dire, mais il ne prendrait pas ses gestes comme une marque d'amour : il avait toujours vu Hana comme une sœur… Alors elle se retenait au mieux pour ne pas s'enliser un peu plus dans cet amour à sens unique dont elle pensait s'être débarrassé – ne pas le voir pendant quelques mois l'avait bercé d'illusions, mais il avait fallu qu'il refasse son apparition dans sa vie pour que de nouveau son cœur batte au rythme de ses humeurs.

« Quand je les vois, tous heureux… Cela me rappelle l'époque où nous étions tous ensemble… » Murmura Naruto, sa voix devenait de plus en plus basse. « Surtout avec Sasuke… Ils sont très différents, mais je ne vois que les ressemblances… C'est dur… »

« … Moi aussi Shisui et Itachi me manquent Naruto… Je n'arrive pas à croire que l'un est mort et que l'autre pourrait nous tuer à notre prochaine rencontre. » Souffla Hana, réellement perturbée.

Et Naruto encore plus : après la mort de Shisui, il avait petit à petit sombré dans les méandres de sa propre malédiction. Il avait commencé à lister tous ce qu'avait subi ses amis lors de leurs missions alors que lui en ressortait constamment vivant et sans blessures. Toutes les blessures d'Hana étaient devenues le résultat de cette malchance qui le poursuivait, tout comme le suicide de Shisui… Il se vit réellement comme un parasite porteur de malheur et ce moment-là et il tenta de mettre fin à ses jours. Itachi, qui l'avait retrouvé baignant dans son sang en serrant le bandeau de Shisui, avait réussi un temps à repousser ses craintes. Naruto ne l'avait plus lâché d'une semelle et l'Uchiwa l'avait laissé faire, appréciant sans le dire cette compagnie imprévue qui lui avait permis de faire son deuil. Mais un beau matin, le blond avait appris que le seul ami qui lui restait avait massacré tout son clan, ne laissant en vie que son jeune frère… Les rumeurs sur sa malédiction avaient redoublé car personne n'ignorait son amitié avec les deux cousins Uchiwa, et tout le monde avait mis leurs comportements déviants sur son dos. Et il y avait cru lui-aussi, n'arrivant pas à croire à une simple coïncidence…

Hana sentit que son ancien équipier sombrait dans ses pensées noires et malsaines pour son état mental. Elle attrapa donc doucement sa main, la caressant avec son pouce pour l'apaiser et le ramener au restaurant.

« Naruto… Que dirais-tu de refaire un repas la semaine prochaine ? Maintenant que tu t'occupes d'une équipe de Genins, tu ne devrais plus être envoyé aux quatre coins du monde. Alors on pourrait se voir plus souvent. » Voyant qu'il hésitait, Hana décida d'utiliser la phrase magique : « Cela me ferait vraiment plaisir. »

Aussitôt l'ancien ANBU acquiesça, tout sourire :

« D'accord ! Compte sur moi ! »

La jeune femme brune savait qu'il ne résistait pas à cette phrase en particulier et qu'il ferait tout pour « faire plaisir » à ses amis. Quelques fois elle avait pensé à en abuser, mais elle s'était toujours retenu et l'utilisait avec parcimonie. Elle lui sourit en retour alors qu'il se levait pour aller payer : elle espérait sincèrement qu'Hiruzen avait fait le bon choix en l'intégrant à une équipe de Genins et que cela le sortirait enfin de cette malédiction – créée au final par les villageois eux-mêmes – de laquelle il n'essayait même pas de se défaire, l'acceptant douloureusement. Elle déplorait sincèrement la mort de Shisui et pas seulement pour sa disparition : elle regrettait aussi ses paroles qui avaient toujours su réconforter Naruto. C'était peut-être égoïste de sa part, mais elle ne voulait pas perdre un autre équipier !

Finalement son amour n'était toujours pas réciproque et il ne le serait jamais, mais elle souhaitait à Naruto tout le bonheur du monde, comme elle l'avait toujours fait, et si possible dans cette vie et pas dans une autre.

A suivre…

°0o0°

Informations complémentaires :

Naruto a donc 18 ans et Shikamaru en a 15.

Etant donné qu'on n'a jamais l'âge réel de Shisui, je lui ai donné le même âge qu'Itachi, il aurait donc 18 ans s'il n'était pas mort.

Le reste des personnages ont le même âge que dans le manga.

Sai n'est pas un espion de la Racine, c'est juste un adolescent qui a du mal à exprimer ses émotions, mais il en a bel et bien !

Et vous donc compris, Naruto, Hana et Shisui formaient l'ancienne équipe 10 sous les ordres d'Asuma !

Notre de fin :

Je vous avais bien dit qu'il était long non ? Et ce n'est même pas fini ! Eh oui, il reste la deuxième partie qui est aussi longue… Ah moins que ce ne soit encore plus longue que cette première partie ? Surprise ! En tout cas j'espère que vous avez aimé ce que vous avez lu ! J'espère vous retrouver dans la partie 2, à plus !

Je vous retrouve dans une semaine pour la suite :)